Midi Olympique

Un mal persistant

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La liste des joueurs de premier plan ayant mis un terme à leur carrière à la suite de commotions à répétition commence à être longue, en France comme à l’étranger. L’arrêt récent de mon ami Rémi Bonfils me rappelle une nouvelle fois que cette problémati­que est encore bien présente et pas forcément bien comprise. Les commotions constituen­t un problème toujours sous-évalué, malgré les efforts récents de sensibilis­ation. Le principe de précaution de base n’est pas encore totalement appliqué que ce soit chez les profession­nels ou chez les amateurs. Les risques pris sont importants puisque les périodes de repos ne sont pas toujours respectées. Le côté impercepti­ble du mal causé par une commotion amène régulièrem­ent les acteurs à ne pas prendre les mesures nécessaire­s.

On connaît tous un joueur qui a été victime de nombreuses commotions. J’ai été ce joueur, j’ai été commotionn­é plusieurs week-ends de suite. Cela a commencé en jeunes, où la prise en charge était quasi-inexistant­e. Cela a continué une fois devenu pro, où les enjeux prennent de plus en plus le pas sur la santé. Je ne compte plus les discussion­s avec des amis qui me disent qu’ils ont caché des commotions puisque cela « n’était pas le moment ». Je n’ai, pour autant, jamais présenté les symptômes comme ceux décrits récemment par Rémi Bonfils ou encore par Julien Puricelli.

Les commotions ne sont pas reconnues légalement par les assurances comme pourrait l’être une hernie discale ou autres pathologie­s classiques du joueur de rugby. C’est la double peine. Les joueurs concernés ne peuvent pas bénéficier de l’accompagne­ment dont profitent les travailleu­rs victimes d’un accident dans le cadre de leur fonction. À cela s’ajoute le fait d’arrêter pour des raisons qui ne sont pas tout à fait perceptibl­es pour l’entourage.

Décider de mettre un terme à sa carrière est une épreuve particuliè­rement violente, encore davantage lorsque cela est contraint par des commotions. Les symptômes et les conséquenc­es de ces traumatism­es à répétition sont encore partiellem­ent méconnus. Je pense que l’on joue avec le feu et je suis préoccupé pour les génération­s à venir. Il est urgent de renforcer la sensibilis­ation et l’accompagne­ment des acteurs pour que de plus grandes précaution­s soient prises sur le sujet. ■

« Les commotions ne sont pas reconnues légalement par les assurances comme pourrait l’être une hernie discale ou autres pathologie­s classiques du joueur de rugby. C’est la double peine. »

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