Mignardi : « On est à la limite du harcèlement »
CONDUITS PAR UN STAFF DÉJÀ BIEN RÔDÉ, LES BLEUS ONT EFFECTUÉ UN ENTRAÎNEMENT INTENSE ET DE QUALITÉ MERCREDI À NICE. DE BON AUGURE AVANT LE CHOC CONTRE L’ANGLETERRE À SAINT-DENIS.
Un peu plus de sept mois après son dernier passage, le XV de France a retrouvé le stade des Arboras de Nice. À l’endroit même où, l’été dernier, il s’était retrouvé sous la canicule azuréenne pour s’acclimater à la chaleur étouffante du Japon. Mercredi, c’est par des températures nettement plus fraîches que l’on a retrouvé nos Bleus, dont les visages avaient par ailleurs bien changé : nouveau staff, nouveaux joueurs, la nouvelle équipe de France écrit, depuis lundi matin, la première page de sa jeune histoire avec, dans un coin de sa tête, la venue des vice-champions du monde anglais dans une dizaine de jours au Stade de France. Un choc majuscule pour lequel le staff est à pied d’oeuvre depuis plusieurs mois. Après s’être « entraînés à entraîner » avec Massy, une sélection de jeunes du Sud-Est puis les moins de 20 ans tricolores, les membres du staff de l’équipe de France ont, de toute évidence, rôdé leur fonctionnement : mercredi matin pour une séance ouverte au public, les quelque 300 personnes présentes ont assisté à un entraînement de qualité, rythmé, intense et conduit de main de maître par un staff fourni mais parfaitement coordonné malgré l’absence de son sélectionneur Fabien Galthié, retenu à Londres avec son capitaine Charles Ollivon pour le lancement officiel du Tournoi. Le quadrillage dessiné sur le terrain entre les deux lignes des quarante mètres (en carrés de 2,5 mètres de côté) rappelait d’ailleurs que le sélectionneur n’était pas bien loin…
LIBÉRATIONS DE BALLE ET SORTIES DE CAMP
C’est le préparateur physique Thibault Giroud qui lança les hostilités avec une mise en activité d’emblée intense : un atelier de cinq contre cinq effectué dans le couloir des 15 mètres, et dans lequel l’équipe attaquante était d’entrée mise sous pression par la défense, ou contrainte de reculer avant de lancer le jeu. Le genre d’atelier idéal pour stimuler mentalement et physiquement les joueurs, ainsi que les préparer à affronter une défense ultra-agressive comme celle de l’Angleterre…
Une fois échauffés, les Bleus se sont réunis au centre du terrain. Ils étaient divisés en deux équipes : un groupe en bleu* et un groupe en blanc** qui, s’ils se voulaient relativement mixtes, avaient toutefois des faux airs de titulaires potentiels opposés aux remplaçants et donnaient aussi quelques indications : l’utilisation de Palu en deuxième ligne, les présences de Fischer et Taofifenua dans le pack bleu, ainsi que la confiance accordée au petit nouveau Anthony Bouthier, qui débuta à l’arrière. À 10 h 43, un premier coup de sifflet retentissait, scindant le groupe en deux : les blancs avec William Servat et Karim Ghezal pour travailler la lutte au sol et les libérations de balle sous l’oeil de Shaun Edwards resté sous les poteaux. De l’autre côté du terrain, les bleus travaillaient les lancements de jeu après mêlée pour sortir de leur camp sous la houlette de Laurent Labit. Au bout de cinq minutes, une nouvelle sonnerie retentissait pour annoncer le début du coeur de séance : l’opposition. Raisonnée, mais intense comme vous allez le voir…
SÉQUENCES MINUTÉES
Son principe était des plus simples : après une mêlée disputée au centre du terrain, le jeu était ouvert pendant cinq minutes, sans arrêt. À chaque fois que l’attaque commettait une faute de main, qu’elle ne parvenait pas à avancer ou à libérer rapidement la balle, le staff rendait le ballon à l’adversaire qui contre-attaquait aussitôt. Pas de touche, peu de mêlées et peu de jeu au pied pendant cinq minutes non-stop, pour pousser les organismes dans leurs derniers retranchements. Pendant ce temps, les 12 remplaçants restants (six bleus et six blancs) effectuaient un travail spécifique dans l’en-but avec Ghezal. Sur le terrain, les courses étaient tranchantes, les plaquages appuyés mais raisonnés, à environ 80 % d’une intensité maximale. Après chaque séquence, les joueurs avaient une minute pour souffler et s’hydrater. Au total, les joueurs du XV de France ont effectué deux blocs de quatre séquences de cinq minutes (soit 40 minutes de jeu effectif, avec des remplacements) ainsi qu’une nouvelle rotation sur les ateliers lutte au sol/sortie de camp. Au cours de ces longues séquences, le public niçois a pu s’enthousiasmer sur les percées de Thomas, Fickou, Fischer, Jalibert ou Dupont ainsi que sur les charges de Macalou, Poirot, Bamba ou Alldritt, qui se sont tous montrés à leur avantage. Le groupe France a enfin terminé par deux ateliers spécifiques : un premier conduit par le spécialiste de la défense Shaun Edwards et qui consista en un travail d’arrachage, de contest au sol et de replacement défensif. Le second dirigé par Ghezal et Labit concernant les sorties de camps après touche. Le jeu au sol et les sorties de camp : deux secteurs répétés et qui seront capitaux face à une équipe aussi dense et pénible que le XV de la Rose, que les Tricolores affronteront le week-end prochain à Saint-Denis. ■
*XV de départ bleu : Bouthier - Thomas, Vakatawa, Fickou; Penaud - (o) Ntamack, (m) Dupont - Fischer, Alldritt, Cros - Taofifenua, Le Roux - Haouas, Chat, Baille. **XV de départ blanc : Ramos - Rattez, Vincent, Hériteau, Ngandebe - (o) Jalibert, (m) Serin - Cretin, Tolofua, Woki - Willemse, Palu Bamba, Marchand, Poirot.