Midi Olympique

« On est à la limite du harcèlemen­t »

ARNAUD MIGNARDI - Centre de Brive MIS À PIED PAR SON CLUB AU DÉBUT DU MOIS DE JANVIER, LE TROISQUART­S CENTRE DE BRIVE REVIENT SUR SA SITUATION ACTUELLE, LUI QUI A REPRIS L’ENTRAÎNEME­NT MERCREDI.

- Propos recueillis par Nicolas AUGOT prénom.nom@midi-olympique.fr

Vous étiez mis à pied par votre club. Que s’est-il passé cette semaine ?

Xavier Ric, le directeur général du club, avait annoncé que je serai au club lundi. C’était impossible puisque je n’avais pas reçu la lettre de levée de la mise à pied. Elle est arrivée mardi donc j’étais présent à l’entraîneme­nt mercredi.

Quelle était la motivation de cette mise à pied ?

Il existe un contexte. La motivation première du club est le fait que mon année de contrat optionnell­e a été validée automatiqu­ement le 31 décembre pendant mon arrêt de travail. Dès que je me suis blessé à l’épaule le 11 novembre, j’ai senti les dirigeants embarrassé­s par la situation, par le fait qu’ils ne puissent pas intervenir puisque j’étais blessé. Ils m’ont alors fait une propositio­n. Je devais mettre un terme à ma carrière de joueur avec effet immédiat. J’ai refusé car je me sens encore capable de jouer au rugby. Ils m’ont alors demandé de voir de nouveau, et ce à deux reprises, le chirurgien pour savoir si j’avais besoin d’autant de temps de récupérati­on et de rééducatio­n. Le chirurgien a confirmé mon arrêt de travail. Le club a alors avancé la date de mon passage devant la médecine du travail au 28 décembre pour que je puisse reprendre avant le 31 décembre. Il s’est avéré que la médecine du travail a prolongé mon arrêt.

Vous évoquiez une autre motivation pour justifier votre mise à pied…

Il y a eu une histoire lors de la réception du Racing. J’étais invité, à titre privé, à regarder le match dans une loge d’un partenaire du club. Un monsieur est venu me parler de rugby. On a échangé sans aucun problème. Il est revenu à la charge un peu plus tard, visiblemen­t un peu alcoolisé et il m’a mis deux tapes derrière la tête. Je l’ai repoussé en le prenant par le col et lui ai demandé d’arrêter tout de suite. L’histoire s’est terminée là-dessus. L’affaire était close. Je suis retourné au club toute la semaine pour poursuivre ma rééducatio­n. Personne ne m’a parlé de cette histoire et le samedi j’avais la lettre dans ma boîte qui me signalait ma mise à pied pour faute grave. J’étais abasourdi… Puis j’ai fait le rapprochem­ent. Le club avait contacté ce monsieur pour lui faire mettre par écrit tout ce qui s’était passé et ainsi me licencier. J’ai aussi rencontré ce monsieur par la suite. Il a vu ma détresse et a compris que le club cherchait à l’utiliser. Heureuseme­nt, j’ai rencontré quelqu’un de sensé, avec des valeurs. Il a envoyé un courrier au club pour rectifier sa version et dire que c’était un incident mineur qui était résolu. Il ne veut surtout pas que le club se serve de ça pour me licencier.

Que peut-il se passer dans les prochains jours, les prochaines semaines ?

Je suis un joueur du CAB… Je ne sais pas trop quoi penser ni ce que je peux espérer. Je suis blessé, j’ai été humilié. Heureuseme­nt, j’ai reçu le soutien de ma famille, de mes proches, de nombreux supporters. J’ai passé neuf ans dans ce club que je ne reconnais plus. Je me suis toujours battu pour lui et je n’ai pas envie de finir comme ça. J’ai envie d’aller au bout de mon contrat, pas de partir en cours d’aventure. Je veux faire mes adieux aux supporters comme il se doit. J’ai toujours tout donné, je suis resté lors des deux descentes en Pro D2 alors que j’avais d’autres propositio­ns mais je me sentais aussi fautif donc je voulais permettre au club de remonter. J’y ai laissé un genou, un coude, une épaule, j’ai toujours répondu présent quand le club avait besoin de moi. Ce n’est pas pour que l’histoire se termine comme ça. Je ne pensais pas que ce genre de choses puisse arriver à Brive. Je croyais que c’était un club famille mais ce n’est plus le cas.

Espérez-vous porter encore le maillot du CAB ?

Le club a été très clair. Il ne me fera plus jouer. Les dirigeants me mettent la pression pour que je lâche. On est à la limite du harcèlemen­t. Ils avaient pourtant l’occasion de dénoncer cette année de contrat depuis deux ans. Ils ne l’ont pas fait quand nous étions en Pro D2, ni au mois d’octobre quand j’ai repris l’entraîneme­nt. Désormais, j’ai entendu de la bouche de Xavier Ric ou Jeremy Davidson qu’Arnaud Mignardi ne porterait plus jamais le maillot de Brive. Ils n’ont cessé de me répéter que j’avais joué mon dernier match contre Grenoble, quand je me suis luxé le coude. Que j’avais eu droit à mon ovation ce jour-là.

Où en êtes-vous physiqueme­nt ? Pourriezvo­us jouer bientôt ?

Le club m’a empêché de poursuivre ma rééducatio­n pendant ma mise à pied. Maintenant, j’ai repris l’entraîneme­nt et je pourrai le faire avec contact dès la semaine prochaine. Je suis apte à jouer d’ici une semaine ou quinze jours.

 ?? Photo Icon Sport ?? Arnaud Mignardi, centre emblématiq­ue du CAB, ne reconnaît plus le club dans lequel il a passé neuf ans.
Photo Icon Sport Arnaud Mignardi, centre emblématiq­ue du CAB, ne reconnaît plus le club dans lequel il a passé neuf ans.

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