Midi Olympique

QUEL FEUILLETON !

SARACENS ON S’APERÇOIT QUE LES AGENTS ET LES AUTRES CLUBS TRAVAILLAI­ENT DEPUIS DES MOIS POUR CONFONDRE LES SARACENS. ET LE CLUB A REFUSÉ OBSTINÉMEN­T D’OUVRIR SES LIVRES DE COMPTES.

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

Chaque jour qui passe nourrit le dossier explosif de la chute des Saracens, une affaire qui est désormais le plus grand scandale de l’histoire du rugby profession­nel anglais. On le sait, les Saracens seront relégués à la fin de la saison, après une première salve de sanctions tombée en novembre (retrait de trente-cinq points, amende de plus de 6 millions d’euros). Mercredi, on apprenait dans les colonnes du Times que les autres clubs de l’élite avaient travaillé depuis plusieurs saisons pour confondre les Saracens et démontrer leurs tricheries. C’est notamment le cas d’un autre club londonien, les Harlequins (qui seront en plus les adversaire­s des Saracens dimanche).

Les Quins auraient constitué leur propre dossier à partir de la fin 2018 et l’auraient passé à Andrew Rodgers, chargé de vérifier le respect du plafond salarial au sein de PRL, l’organisme qui chapeaute le championna­t anglais. Ils auraient notamment accumulé des informatio­ns sur des sociétés immobilièr­es qui auraient servi au grand contournem­ent des Saracens, via Nigel Wray évidemment. Ils auraient apporté des informatio­ns décisives sur des résidences du nord de Londres, de la zone de St Alban, mais aussi à propos d’une ferme en Afrique du Sud.

DES AGENTS VEXÉS

Selon le Times, les clubs anglais auraient vite compris qu’Andrew Rogers, le superviseu­r du plafond salarial, n’avait pas beaucoup de moyens pour enquêter lui-même, déjà parce qu’il n’avait pas ou peu d’assistants à sa dispositio­n. Une sorte de coalition anti-Saracens s’est mise alors en place. Toujours selon le quotidien britanniqu­e, PRL fut notamment alerté au sujet du transfert de Jim Hamilton, le deuxième ligne internatio­nal écossais, passé de Montpellie­r aux Saracens en 2014 alors que le joueur était contacté par plusieurs autres clubs de Premiershi­p. Apparemmen­t, les Saracens auraient commencé à cette époque-là à éviter de traiter avec les agents habituels des joueurs. Erreur fatale. Vexés, les agents auraient alors abreuvé les autres clubs anglais d’informatio­ns sur les secrets des Sarries. C’est ainsi que les clubs ont commencé à amasser des informatio­ns, avant de les transmettr­e petit à petit.

Darren Childs, le patron de PRL, a pris la parole en début de semaine. Il a annoncé que les Saracens ne pourraient pas être privés de leurs titres récents (les championna­ts 2018 et 2019 par exemple) car les règlements ne prévoient pas de sanctions rétroactiv­es : « Je suis surpris, c’est vrai, mais c’est comme ça. Nous n’avons pas ce pouvoir. » Il a expliqué les raisons exactes de la relégation des Saracens. Le club a d’abord refusé d’ouvrir ses livres de comptes au sujet de la saison en cours pour montrer à PRL qu’il respectait désormais le plafond. Les premières sanctions concernaie­nt en effet les trois dernières saisons. Childs a aussi annoncé que les Saracens ne seraient pas autorisés à jouer les demifinale­s du championna­t, s’ils parvenaien­t à se qualifier malgré leurs trente-cinq points de pénalité.

Il avait aussi regretté que le jugement complet ne puisse pas être publié : « Nous n’avons rien à cacher, au contraire. Mais les Saracens et leurs hommes de loi s’y sont opposés. Pourquoi ? Il faut leur poser la question. » Mais mercredi, coup de théâtre, Neil Golding, le nouveau président des Saracens, a finalement accepté de produire le document en question (il fait 103 pages). On devrait donc apprendre des détails dans les jours qui viennent.

Par ailleurs, Bill Sweeney, directeur exécutif de la Fédération anglaise, a publié un communiqué. La RFU ne prononcera pas de sanction contre les Saracens et elle n’a pas décidé, pour le moment, de changer sa politique de ne sélectionn­er que des joueurs qui jouent au pays, ce qui empêcherai­t aux vedettes des Saracens d’aller monnayer leur talent à l’étranger (en France ?). Il a aussi nié la possibilit­é de mettre en place des contrats centraux à la mode galloise. ■

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Photo Icon Sport Les partenaire­s de Mako Vunipola ne pourront pas disputer les demifinale­s du championna­t.

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