Midi Olympique

« Je ne vois pas les avants français être dominés »

- Propos recueillis par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

SIMON SHAW - Ancien deuxième ligne de Toulon et du XV de la Rose

ENTRE 1996 ET 2011, SIMON SHAW FUT SÉLECTIONN­É À 73 REPRISES AVEC LE XV DE LA ROSE. POUR NOUS, L’ANCIEN « TONTON FLINGUEUR » DU RCT SE PROJETTE SUR LE CRUNCH. Pourquoi le crunch est-il un match spécial ?

On me pose souvent la question. Et je réponds toujours qu’en tant que deuxième ligne, le match contre les avants français était à l’époque le plus difficile, le plus rugueux, le plus violent du Tournoi. L’Irlande, l’Écosse et même le pays de Galles n’avaient rien en commun avec l’agressivit­é que déployaien­t les avants français. Et moi, j’adorais ça : le jour J, on ne savait pas si on allait les broyer ou si on se ferait piétiner.

Le crunch se joue devant, en fait…

Oui, par notre faute ! Historique­ment, nous avons toujours considéré que nous devions battre les Français dans le combat collectif pour gagner. Parce que dans le jeu d’attaque, nous n’avions aucune chance ! L’Angleterre est mono-dimensionn­elle. La France ne l’a jamais été.

Eddie Jones a tout de même assuré que les jeunes Français ne pourraient répondre à l’agressivit­é et la dimension physique de ses hommes. Êtes-vous d’accord avec lui ?

(Il se marre) Il ne faut pas croire tout ce que dit Eddie ! Il balance ça pour que Fabien Galthié morde à l’hameçon ; il veut mettre la panique chez les Bleus. En plus, je ne suis pas d’accord avec lui sur ce coup-là. Je ne vois pas les avants tricolores être dominés, surtout pas au Stade de France.

Croyez-vous vraiment en la victoire des Bleus ?

Mes amis Français vous diront que je suis un chat noir à éviter, lorsqu’il s’agit de parler des Bleus. Le jour du quart de finale entre le XV de France et le pays de Galles, je participai­s à Tokyo à une cérémonie avec quelques anciens internatio­naux français. Il y avait là Émile Ntamack, Yann Delaigue, Thierry Dusautoir… En première période, alors qu’ils étaient tous très confiants, je leur ai dit : « Rappelez-vous le dernier Tournoi, les gars ! Il va y avoir un drame ! Vous allez encore perdre sur une intercepti­on de George North ! » Bon, North n’a pas marqué cette foisci. Mais au moment où Vahaamahin­a a été expulsé, on m’a gentiment demandé d’aller voir la deuxième mi-temps ailleurs ! (rires) Voilà… Les Français avaient encore capitulé…

Quel joueur du XV de France vous plaît-il le plus ?

Le jeune Ntamack est un super demi d’ouverture. Comme tous les grands joueurs, il semble disposer de plus de temps que les autres pour prendre ses décisions.

Ce week-end, Paul Willemse sera chargé de remplacer Sébastien Vahaamahin­a dans la cage. Estce le meilleur choix ?

Déjà, il aurait été bien d’avoir à ce poste un « vrai » Français, si vous voulez bien me passer l’expression. Un deuxième ligne issu de vos écoles de rugby, un type rugueux et un peu vieille école, un mec agressif et brutal comme l’étaient Fabien Pelous, ou Olivier Merle… Je vais être franc

avec vous : ce qu’a fait Sébastien Vahaamahin­a en Coupe du monde était peut-être stupide. Mais c’est cette agressivit­é-là que redoutaien­t les avants du monde entier, à mon époque !

Que voulez-vous dire ?

Une équipe de France sans ce niveau de violence n’est pas vraiment une équipe de France.

Maro Itoje est-il réellement le meilleur deuxième ligne du monde ?

Non. Maro est un athlète incroyable, un talent immense. Il plaît aux gens parce qu’il est toujours dans l’action, il est toujours près du ballon, on le voit partout. Mais Maro Itoje coûte aussi des points, il reste indiscipli­né. Il n’est pas complet. Pour moi, Alun-Wyn Jones lui est par exemple supérieur. D’ailleurs, la dernière fois que l’on a attribué ce titre stupide à Maro (en juin 2017 après la tournée des Lions en Nouvelle-Zélande, N.D.L.R.), il a disparu des radars pendant des mois.

Vous avez nécessaire­ment entendu parler du scandale entourant les Saracens. Cela va-t-il jouer sur l’équipe d’Angleterre, qui puise la majeure partie de ses forces vives dans cette équipe ?

Bien évidemment. Comment pourraiton être hermétique à ce genre de scandale ? Pensez-vous que les Saracens auraient pris quarante points contre les Harlequins, comme ce fut le cas le week-end dernier, en d’autres circonstan­ces ? […] Un crunch, on le gagne au mental et si les internatio­naux anglais ont été perturbés dans leur préparatio­n, ils ne gagneront pas. ■

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France