« Conjurer le sort »
LISE ARRICASTRE - Pilier de l’équipe de France
Vous jouez à domicile ce dimanche (à Lons, N.D.L.R.), quelle émotion cela vous procure-t-il ?
Oui, je suis béarnaise d’adoption, donc c’est une envie supplémentaire. C’est une pression, mais une bonne pression. C’est une occasion de nous prendre une nouvelle fois au sérieux, montrer une belle vitrine aux Béarnais.
La dernière au Hameau, c’était pour le grand chelem en 2014 face à l’Irlande, quel souvenir conservez-vous ?
(soupir) C’était dingue ! C’était mon premier grand chelem, on se sentait sur le toit du monde. C’était un accomplissement. On a montré que tous ces sacrifices consentis valaient le coup.
Vous parlez de sacrifices. Aujourd’hui le rugby féminin a-t-il progressé ?
Les contrats fédéraux ne permettent pas de s’entraîner plus ou mieux. À mi-temps soit je suis en convocation avec la fédération, soit je suis au travail (elle est assistante administrative N.D.L.R). On s’entraîne en dehors de notre temps de travail, ça plus la vie de famille, les sacrifices sont toujours là. Même si on n’est pas enfermé, loin de là.
Êtes-vous mieux reconnues ?
Oui complètement. Quand j’ai commencé en 2009, on ne nous prenait pas au sérieux. Aujourd’hui, il faut encore gagner pour marquer le public et négocier, aussi déplaisant que cela puisse paraître, avec la Fédération.
Ce dimanche, est-ce une finale d’entrée ?
C’est particulier mais ce n’est ni un avantage ni un inconvénient. Si on n’est pas au rendez-vous, le Tournoi sera plié. Il faudra être au rendez-vous, dès la sortie de l’hôtel. Nous avons préparé beaucoup plus de choses que les années précédentes. On s’est rassemblé en novembre, durant trois semaines en janvier. Nous sommes prêtes.
Vous comptez quatre défaites face aux Anglaises en 2019, votre envie est-elle débordante ?
Totalement, mais je sais qu’elles se méfient de nous. Il faut conjurer le sort. L’an passé nous avions eu pas mal de blessées. Maintenant, advienne que pourra. Il faudra encore plus d’envie.
Vous n’étiez pas de la double confrontation contre l’Angleterre en novembre, comment l’avez-vous vécu ?
Je me suis blessé aux ischio-jambiers au début de la tournée. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été spectatrice. C’est un petit pincement. Le premier match à Clermont, ce n’était pas le XV de France féminin. Une semaine après à Exeter, l’équipe était au rendez-vous, mais les Anglaises ont mieux concrétisé.
Que vous manque-t-il pour battre ces Anglaises ?
Rien, maintenant on a tout. En novembre, on manquait de sérénité. On savait ce qu’il fallait faire et ça a été fait mais qu’en partie. On sait ce qu’elles sont capables de faire.
Avez-vous ciblé certains secteurs ? N’avez-vous pas prévu un plan anti-Scarratt, (la meilleure joueuse au monde) ?
Bien sûr, c’est elle qui dicte le jeu donc oui on a prévu des choses. Mais on ne dévoilera rien (rires).
Pour la première fois, le groupe s’est réuni début janvier. À quel point vous connaissez-vous ?
Le noyau du groupe reste inchangé depuis quelques années. C’est une force supplémentaire de se voir aussi tôt. On a fait une semaine de détails. Nos entraînements sont très intenses, pour que les matchs paraissent moins difficiles. On essaie de faire tourner l’équipe. Les années précédentes nous avions un XV type et lorsque des changements intervenaient, les choses se compliquaient. La clé de notre équipe sera l’adaptation. ■