UNE COLONNE QUI EXCELLE
LONGTEMPS EN DIFFICULTÉ À CES POSTES HAUTEMENT SENSIBLES, LE XV DE FRANCE SEMBLE POUR LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS UNE ÉTERNITÉ DOTÉ DE JOUEURS DE GRAND TALENT POUR CONSTITUER SON ÉPINE DORSALE. UN GAGE DE SOLIDITÉ POUR L’AVENIR À CONDITION, DÉSORMAIS, QUE CEUX-CI PARVIENNENT À JOUER ENSEMBLE.
Il s’agit d’un drôle de constat, que l’on peut résumer en quelques chiffres. Première au classement des 6 Nations au bout de deux journées, la France peut à la fois se targuer de présenter la meilleure attaque (59 points dont 6 essais inscrits) et la deuxième plus mauvaise défense (39 points dont cinq essais encaissés). Cela paradoxalement alors que les Bleus ont bâti leur victoire référence contre l’Angleterre sur une débauche d’énergie énorme en défense, le sujet de l’attaque semblant beaucoup moins maîtrisé. Pourquoi ? Parce qu’à la réalité, le paramètre que l’équipe de France semble le mieux contrôler collectivement (la défense) est actuellement pollué par des erreurs individuelles (notamment dans les couloirs, où les attitudes des ailiers vont être sévèrement remises en cause par Shaun Edwards), tandis que celui où elle semble le plus en rodage (l’attaque) donne des motifs de satisfaction, via des exploits personnels qui doivent beaucoup à une densité de talents assez exceptionnelle, dans toutes les lignes…
UNE RICHESSE INÉDITE
AUX POSTES DE LA CHARNIÈRE
Cette profusion ? Elle est probablement la meilleure nouvelle que le XV de France ait reçue depuis longtemps, d’autant qu’elle concerne principalement les postes si sensibles de la colonne vertébrale 2-8-9-1015, essentielle au plus haut niveau. Ainsi au talonnage, les belles performances de Julien Marchand ont pratiquement fait oublier l’absence de Camille Chat, titulaire désigné, qui devrait toutefois retrouver son fauteuil de titulaire au pays de Galles, tandis que Peato Mauvaka n’a pas démérité lors de ses entrées en jeu. Un constat que l’on peut élargir au poste de numéro 8, où Gregory Alldritt enchaîne les performances, au point d’être crédit par le très sérieux Telegraph du titre honorifique de « meilleur joueur du Tournoi » après deux journées. Toutefois, la corne d’abondance du XV de France s’avère surtout intarissable aux postes de la charnière. Habitué à pouvoir compter sur des demis de mêlée de (très) haut niveau, le XV de France ne déroge pas à sa bonne habitude. Avec Antoine Dupont, Baptiste Serin et Baptiste Couilloud, les Bleus sont parés.Tout comme ils le sont désormais au poste d’ouvreur où Romain Ntamack, bien installé comme titulaire en raison de son antériorité au plus haut niveau, peut compter sur une concurrence farouche pour le tirer vers le haut, matérialisé par les talentueux Matthieu Jalibert et Louis Carbonel. L’unique (petite) réserve se situe quant à elle au poste d’arrière, même si Anthony Bouthier a fait mieux qu’exister lors de ses deux premières sélections et que le talent de Thomas Ramos mérite sûrlement mieux que le traitement de (dé)faveur auqul il est actuellement soumis.
AUTOUR DES HOMMES, UN SYSTÈME À BÂTIR
La conclusion ? Elle est que le XV de France semble avoir enfin déniché de bons joueurs à tous les postes clés. Des individualités autour desquelles il s’agit désormais de greffer un cadre pour qu’elles puissent d’exprimer au mieux, à commencer par une conquête digne de ce nom (avec un axe droit à reconstruire, mais qui semble avoir trouvé avec Haouas et Willemse deux joueurs appelés à signer un long bail), une défense au large plus homogène (où les ailiers se doivent d’intégrer définitivement les préceptes de la rush defense) et enfin une animation offensive plus complète, où il ne s’agirait plus seulement de faire peser le danger dans le couloir situé grosso modo entre Antoine Dupont et Romain Ntamack. En clair, si les hommes sont indéniablement là, il reste encore à Fabien Galthié et son staff à réussir le plus difficile : les faire évoluer ensemble. Dès la semaine prochaine au pays de Galles ? Chiche… ■