Midi Olympique

FACE À SON HISTOIRE

APRÈS QUATORZE SAISONS PASSÉES À DÉFENDRE LE MAILLOT PARISIEN, SERGIO PARISSE CROISERA POUR LA PREMIÈRE FOIS DE SA CARRIÈRE LE FER AVEC LE STADE FRANÇAIS. ENTRE L’AMOUR QU’IL PORTE POUR CE CLUB ET L’ENVIE DE CONTINUER SON EXCELLENTE SAISON À TOULON, LE NU

- Par Pierrick ILIC-RUFFINATTI

Dimanche, peu avant que ne sonne pour la cinquième fois de l’aprèsmidi le clocher de la Cathédrale Notre-Dame-de-la-Seds, Toulonnais et Parisiens sortiront de leur cage pour clôturer la 17e journée de Top 14. Les uns voudront se rapprocher du podium, quand les autres tenteront de faire un pas désespéré vers le maintien. Pourtant, bien loin de toutes ces considérat­ions arithmétiq­ues, un joueur devrait avoir le coeur tiraillé. Lequel ? Il a joué quatorze saisons sous le maillot de la capitale, avec lequel il a remporté deux Brennus avant de le quitter à l’intersaiso­n 2019. Vous l’avez ? C’est évidemment Sergio Parisse qui - après avoir traversé le périph’ à la surprise générale - croisera pour la première fois de sa vie le fer avec le Stade français. Son Stade français. « J’ai joué avec la Squadra contre la France, mais contre Paris ce sera une première… Ça va être bizarre, forcément, mais je ne m’y prépare pas de manière particuliè­re. C’est important pour moi de faire un bon match, comme contre La Rochelle ou Brive. » Pardon, Sergio ? Comment un homme réputé si romantique pourrait être aussi pragmatiqu­e au moment de recroiser la plus belle histoire d’amour de sa carrière ? « Jouer face au maillot que j’ai porté pendant quatorze saisons ce sera un symbole pour moi, c’est vrai. Surtout que j’aime ce club plus que n’importe qui. Mais ça reste un match de rugby, et au coup d’envoi chacun voudra donner le meilleur pour ses couleurs. Enfin le meilleur… si on peut gagner de 30 points et que le Stade français se maintienne, je signe de suite. »

« LE STADE FRANÇAIS, MON CLUB DE COEUR »

Attaché à son « club de coeur » mais profession­nel, Sergio Parisse refuse d’évoquer le désaccord qu’on lui prête avec l’ancien staff parisien, emmené par Heyneke Meyer, qui aurait précipité son départ : « On me parle souvent de revanche, et patati, mais ce sont des mots qui n’existent pas chez moi. Je n’ai pas envie de revenir sur cette histoire, je n’ai rien à y gagner. Moi, j’aime ce club et je regardais ce qui me paraissait bon ou non. Bien au-delà de mes intérêts personnels. Or, quand tu vois que la direction prise par le club n’est pas celle que tu penses la meilleure, soit tu le dis et tu es mis de côté, soit tu te tais et tu continues. Et malgré le grand amour que j’ai pour le Stade français, qui restera à jamais mon club de coeur, je ne pouvais pas continuer. »

D’un inattendu crochet, il a donc pris la direction de Toulon. « Je suis fier d’être ici et je veux donner le meilleur chaque week-end. Ça ne fait que cinq mois que je suis à Toulon, mais j’ai retrouvé le plaisir de me lever chaque matin, de jouer et d’enchaîner, ce qui me fait du bien au moral ; et quand la tête va bien, ça se voit sur le terrain. » La tête va bien et pendant 80 minutes, le passé restera le passé. Comprenez qu’avant que Luc Ramos ne siffle trois fois pour mettre un terme à la rencontre, Parisse se donnera donc corps et âme pour le maillot frappé du muguet. Ensuite ? Sergio le Grand prendra certaineme­nt quelques secondes pour se rappeler que s’il aime à défendre l’armure rouge et noir depuis cinq mois, son coeur bat et battra toujours en rose et bleu. Et ce bien au-delà de sa carrière de rugbyman, que celle-ci se termine en juin (ce premier affronteme­nt deviendrai­t alors également l’unique face au Stade français) ou la saison prochaine, Parisse jurant n’avoir pour l’instant pris aucune décision concernant son avenir… Retrouvez dans le magazine Midi Olympique qui sortira lundi 2 mars l’interview complète de Sergio Parisse. Le deuxième joueur le plus capé de l’histoire du rugby mondial évoque sa fin de carrière internatio­nale (qui devrait intervenir après Italie — Angleterre), l’évolution du rugby, sa façon de traverser les années sans pour autant baisser de niveau ou encore la réflexion qui entoure sa potentiell­e retraite.

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