Midi Olympique

UNE MÉCANIQUE ENCORE FRAGILE

À ÉDIMBOURG, ON N’A PAS RECONNU LE XV DE FRANCE DU DÉBUT DU TOURNOI, SEREIN ET IMPERTURBA­BLE. QU’EST-CE QUI A CLOCHÉ ? ÉLÉMENTS DE RÉPONSE.

- Par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

On l’avait oublié, au vu de la maturité et de la force de caractère jusqu’à présent affichées par les Bleus nouvelle génération : le XV de France version Tournoi 2020 reste le plus jeune et inexpérime­nté de l’histoire du rugby tricolore. En Ecosse, cette vérité statistiqu­e est subitement revenue à la face des joueurs et de tous leurs supporters.

La bande à Galthié n’a pas su se hisser à la hauteur de l’événement de dimanche : celui d’une demifinale sur la route du Grand Chelem. Les habituels spécialist­es des entames ont rapidement dévoilé leurs faiblesses du jour : en dix minutes, Charles Ollivon et ses partenaire­s avaient manqué une pénalité, commis deux fautes, écopé d’un carton, souffert en mêlée et commis un en-avant sous la première chandelle adverse. Comment interpréte­r cette succession de faits de jeu défavorabl­es ? Et, de manière plus générale, la domination écossaise dans les impacts et la stratégie globale ? Évitons le procès de la suffisance et du déficit d’envie, toujours tentant mais peu crédible vu l’enjeu de la rencontre. En revanche, les Bleus ont probableme­nt pâti de leur changement de statut : depuis le retentissa­nt succès de Cardiff, les chasseurs étaient devenus les chassés. À l’heure d’étrenner leur nouveau costume de favoris, Charles Ollivon et ses partenaire­s ont semblé faillir mentalemen­t après avoir paru si sereins récemment.

LES FAISEURS DE MIRACLES SANS INSPIRATIO­N

La cascade d’en-avant (dix-huit pertes de balle, tout de même) et la succession de fautes (onze au décompte final) témoignent en tout cas d’une certaine fébrilité. Le principal point fort de la France en février est devenu sa grande faiblesse ce dimanche. Privée de son sang-froid et de son précieux sens de la résilience, la jeune sélection est apparue démunie.

Au coeur de cette relative débâcle collective, aggravée par l’arbitrage et une longue infériorit­é numérique, les individual­ités auraient encore pu sauver la patrie à coups d’exploits. Mais même Antoine Dupont, le faiseur de miracles en chef, est exceptionn­ellement apparu à court d’inspiratio­n. Romain Ntamack, lui, avait rapidement quitté les siens et Virimi Vakatawa s’est démené, en vain. Ce dimanche, la belle mécanique s’est enrayée et ses rouages étaient grippés. Tous devraient en retirer une sacrée leçon pour l’avenir. ■

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