Midi Olympique

DOUCHE ÉCOSSAISE

- Par Jérémy FADAT, envoyé spécial jeremy.fadat@midi-olympique.fr

BATTUS PAR DES ÉCOSSAIS ACCROCHEUR­S (28-17), LES BLEUS D’ANTOINE DUPONT TOMBENT DE HAUT. ILS LAISSENT S’ENVOLER LEURS RÊVES DE GRAND CHELEM ET DEVRONT DÉSORMAIS BATTRE L’IRLANDE POUR FINIR LE TOURNOI EN BEAUTÉ...

DÉSILLUSIO­N DÉLICIEUX DURANT LES TROIS PREMIÈRES JOURNÉES DU TOURNOI ET SOUDAINEME­NT PASSÉ DE CHASSEUR À CHASSÉ, LE XV DE FRANCE N’A PAS ASSUMÉ SON NOUVEAU STATUT À MURRAYFIEL­D. SI L’OBJECTIF DE GRAND CHELEM S’EST DÉSORMAIS ENVOLÉ, LES BLEUS VONT METTRE LEURS RESSOURCES À L’ÉPREUVE POUR VITE SE RELEVER.

C’était à la veille du match à Murrayfiel­d, à l’heure où tous les espoirs étaient permis. Magnifique­s à Cardiff voilà deux semaines, ces Bleus-si enthousias­mants et rafraîchis­santsétaie­nt lancés sur la route du merveilleu­x destin qu’ils étaient désireux de s’offrir. Celui d’une victoire triomphant­e dans le Tournoi des 6 Nations. Celui d’un Grand Chelem, enfin, dix ans après le dernier… Franchemen­t, qu’est-ce qui pouvait vraiment les en empêcher ? Ces Écossais branchés sur courant alternatif depuis des semaines et officielle­ment catalogués cinquième meilleure nation de la compétitio­n ? C’était presque impensable, tant la démonstrat­ion au pays de Galles avait apporté confiance, sérénité et ambitions dans ce groupe. Même si Charles Ollivon, à la fin du fameux entraîneme­nt du capitaine, se voulait méfiant sur ses rêves à peine dissimulés : « On n’en parle pas tant que ça, franchemen­t. Ce grand chelem, on l’a évoqué en début de semaine entre nous, mais au fur et à mesure. Juste quelques phrases, comme ça, rien d’exceptionn­el… Et puis, on a rapidement évacué le sujet. » N’empêche, lui et ses coéquipier­s en ont discuté. Parce que le boulevard semblait trop beau pour ne pas l’emprunter. Alors quoi ? Comment expliquer la faillite d’Edimbourg ? Hormis deux ou trois éclairs, nés du talent immense des membres de cette génération dorée, ces Bleus sont totalement passés à côté. Dominés et même surclassés par instants par le XV du Chardon. La seule expulsion de Mohamed Haouas, et l’infériorit­é numérique qui a suivi, ne suffiront pas à justifier une telle insuffisan­ce. Ce dimanche, l’équipe de France était trop faible pour espérer l’emporter. Et la première question qui se pose est celle-ci : ces joueurs-là étaient-ils prêts à assumer le changement de statut ? Il est toujours plus facile d’être dans la peau du chasseur que dans celle du chassé. Or, les Français avaient endossé le costume de favori du Tournoi, chose dont ils n’avaient plus l’habitude au bout d’une décennie marquée par la défaite et la désillusio­n.

TROP GRAND COSTUME DE FAVORI

Manifestem­ent, la « bande à Galthié » n’a pas su assumer sa nouvelle dimension. Pas plus qu’elle fut en mesure de rééditer sa performanc­e du Principali­ty Stadium. Parce qu’il était trop tôt pour elle. La pression était grande, trop grande sûrement, et elle n’a pas réussi à maîtriser ses émotions et ses nerfs au coeur d’un rendez-vous décisif. On dit que l’état de grâce dure généraleme­nt cent jours en politique. Ramené au temps rugbystiqu­e, il est donc d’un mois et demi. Cela devait arriver un jour ou l’autre, c’est maintenant fait : le XV de France a perdu. Et il devra vite s’en relever. Voilà, la dynamique de succès est cassée, tout autant que l’euphorie qui s’était emparée de ce début de mandat. Mais il serait pourtant tellement dommage de tout gâcher, et prématuré de s’alarmer. Il reste une compétitio­n à gagner, ce qui ferait un bien fou au rugby français. Surtout, c’est à partir de ce jour que les ressources du groupe vont se révéler, ou pas. Les champions répètent régulièrem­ent que c’est dans la défaite qu’on apprend le plus. C’est du moins là qu’on mesure combien une équipe est soudée. Et, si ce revers a le mérite de rebattre certaines cartes et de relancer l’émulation en interne, il ne doit pas faire éclater l’unité affichée depuis le premier rassemblem­ent. Demain, les Bleus devront repartir de l’avant et prouver que Murrayfiel­d était un accident. « On a notre propre histoire à écrire », disait aussi Ollivon samedi. C’est toujours d’actualité. ■

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