Midi Olympique

Trop de matchs ? Jamais !

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Dupont, Chat, Ntamack, Vakatawa, Hamdaoui, Hériteau, Etrillard, Cretin, Baille, Rattez, Fischer, Hounkpatin, Retière… On pourrait presque aligner un XV de départ des joueurs sélectionn­és puis blessés depuis le début du Tournoi. Certains s’amusent à propos des séances à « hautes intensités » mises en place dans le cadre de l’entraîneme­nt du XV de France, je préfère me pencher sur les saisons interminab­les de nos internatio­naux. Les périodes de blessures impactent directemen­t la capacité que peut avoir une équipe de se constituer une expérience commune et donc des automatism­es.

Le constat est, à mon sens, assez simple : les internatio­naux français sont trop sollicités par les clubs. Nous nous sommes tous réjouis de l’énergie nouvelleme­nt déployée par ce XV de France version 2020, je me demande si cela va pouvoir durer… Je sais que les clubs sont les principaux employeurs des joueurs et qu’à ce titre, il est logique que les services qui en découlent soient majoritair­ement réalisés en club. Malheureus­ement, il en résulte que le XV de France ne dispose pas des joueurs les plus en forme pour exceller au niveau internatio­nal.

Le format du Top 14 impacte la charge physique et psychologi­que que représente une saison entière pour un joueur internatio­nal. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un véritable marathon : 29 matchs pour les finalistes-barragiste­s de Top 14, 9 matchs de Coupe d’Europe pour les finalistes, sans oublier les inévitable­s matchs amicaux et évidemment les matchs internatio­naux. La comparaiso­n avec les joueurs des autres équipes nationales fait mal, les internatio­naux français jouent en moyenne un mois de plus que leurs homologues étrangers. Au niveau internatio­nal, la charge physique d’un mois de match et d’entraîneme­nt est énorme ! J’ai récemment croisé certains de mes excoéquipi­ers, encore en activité en Top 14, et tous sans exception considèren­t les périodes de blessures comme étant les seules vraies périodes de repos, voire de travail ! Un joueur qui enchaîne les matchs n’a pas le temps de travailler entre deux matchs, du moins pas aussi qualitativ­ement qu’en phase de préparatio­n « pure ». Les joueurs internatio­naux irlandais et les Gallois ne sont pas soumis aux mêmes contrainte­s. Ils ont beaucoup moins de joueurs et les meilleurs d’entre eux sont concentrés dans les meilleures équipes. Ces derniers ne jouent que rarement en Guinness Pro 14, ils concentren­t leurs efforts sur la Coupe d’Europe et les matchs internatio­naux qui régissent leur calendrier. Ils disposent ainsi de plus de phases de récupérati­ons et de préparatio­n que nos internatio­naux soumis eux aux contrainte­s du Top 14. Les Anglais, eux, se rapprochen­t un peu de notre système même si leur format de championna­t à 12 clubs et une seule relégation les préservent de partager l’ensemble de nos maux. Tant que l’on continuera d’essorer nos meilleurs joueurs et qu’aucun accord ne sera pris pour un intérêt commun clubséquip­e nationale, je crains sérieuseme­nt que l’on peine à voir le XV de France évoluer à son meilleur niveau. ■

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