Midi Olympique

LES VÉRITÉS DE GALTHIÉ

- Propos recueillis par Simon VALZER (avec Pierre-Laurent GOU) simon.valzer@midi-olympique.fr

« Comment puis-je expliquer à Dorian Aldegheri ou à Clément Castets que je ne les sélectionn­e pas parce qu’ils sont Toulousain­s ? » « Si des joueurs se comportent mal pendant la soirée ou sortent du cadre, c’est terminé. Ils repartent et c’est fini... »

« Si des joueurs se comportent mal pendant la soirée ou sortent du cadre, c’est terminé. Ils repartent et c’est fini. »

Durant ce Tournoi qui vient de s’achever, vous avez fait le pari de ne pas cacher votre jeu lors des entraîneme­nts. Pourquoi ?

Parce que c’est notre volonté. Raphaël Ibanez est même chargé de vous expliquer en amont ce que l’on y fait. Nous avons été consultant­s pour la télévision pendant 15 ans, donc nous connaisson­s le monde des médias. Et puis nous avons fait le tour du monde : nous avons vu que l’on pouvait faire mieux avec les médias, qui sont in fine nos supporters. Pendant trop longtemps, il y a eu une défiance entre l’équipe et les médias. Nous, on a voulu changer le prisme. Quand on parle aux médias, on parle à nos supporters. Aux gens qui nous aiment. Je ne sais pas comment on en était arrivés là. Tout s’était contracté. L’équipe de France vivait en vase clos, cela sentait le renfermé.

Ce fut votre ressenti lors de la Coupe du monde ?

Oui, mais c’était le cas depuis 10 ans. On voyait le Stade de France se vider, les journaux perdre des ventes… On s’est dit qu’il fallait qu’on parle. Alors nous sommes repartis dans les campagnes, les petits clubs, à nos origines, avec les enfants. On joue pour vous. L’équipe de France ne doit pas être en guerre avec les médias.

Vous allez donc maintenir cette ouverture ?

Oui car c’est notre prisme. L’équipe de France c’est le petit village, l’école, l’éducateur, les parents, les frères et soeurs… Il me semblait que le rugby profession­nel français s’était détaché et vivait dans une tour d’ivoire. On ne voulait pas cela. Et cette équipe est à cette image : elle est composée de gens aux parcours parfaits, d’autres imparfaits qui ont une force de vivre et c’est très bien ainsi.

Comment procédez-vous pour faire la sélection des joueurs ?

Là, on touche au domaine de l’intime mais sachez que l’on prend l’avis de tous les membres du staff. Nous sommes même allés plus loin que ce que nous avions prévu : au lieu de suivre 75 joueurs, soit cinq par poste, nous sommes montés jusqu’à 89 joueurs. On ne s’interdit pas de suivre des joueurs de Pro D2, ou même qui viennent de Fédérale. Et cela a eu un impact car les joueurs de Fédérale se disent que leur championna­t compte. Notre travail consiste donc dans un suivi très approfondi des joueurs, une écoute active des managers, ainsi que d’un rapprochem­ent avec Didier Retière et Sébastien Piqueronni­es pour suivre toutes les filières jeunes. On s’est entraînés avec Massy, les moins de 20 ans, on a failli le faire contre Dijon… L’équipe de France n’est plus dans une tour d’ivoire.

Les bons résultats vous ont donné raison sur le fait d’avoir tourné la page des joueurs âgés de plus de trente ans…

Nous n’avons pas tourné la page des trentenair­es : Bernard Le Roux a 30 ans, Romain Taofifenua en a 29, Uini Atonio qui nous a rejoints en a 29 aussi. Nous n’avons pas fait du jeunisme, nous avons pris ce qui nous paraissait le meilleur à ce moment. La preuve, deux joueurs auraient pu venir avec nous : Maxime Médard et Yoann Huget que nous avons adoré durant la Coupe du monde. On s’est simplement dit que l’on devait développer des compétence­s à ces postes car elles étaient là. Nous avons capé 29 joueurs sur 55, donc 26 n’ont pas été capés. On essaiera d’être à 75 joueurs capés, même si une sélection n’est pas un cadeau mais un honneur qui se mérite.

Quid du processus de sélection du XV de départ ?

Cela se fait par étapes. À 42, on a déjà une idée de nos titulaires et de nos remplaçant­s. Mais après viennent les entraîneme­nts, les forfaits, etc. La force de nos entraîneme­nts, c’est qu’ils sont révélateur­s du niveau des joueurs. S’ils sont bons la semaine, il y a 90 % de chance qu’ils le soient le week-end, et inversemen­t. C’est de cette façon que des joueurs comme Anthony Bouthier, Mohamed Haouas ou Arthur Vincent sont entrés dans le XV de départ alors qu’ils n’y étaient pas vraiment au début.

Revisionne­z-vous les entraîneme­nts ?

Bien sûr. On travaille sur une énorme base de données. Mais attention, on veut que les joueurs travaillen­t aussi dessus. On veut qu’ils deviennent les maîtres de leur jeu. On ne leur fait pas des démonstrat­ions au tableau. On les place en petits groupes de travail, parfois mélangés avants et trois-quarts, et on leur demande une présentati­on de 30 minutes sur leurs prestation­s : jeu offensif, défensif, déplacemen­t, options, choix…

On a aussi l’impression que malgré leur jeune âge des lieutenant­s, ou des relais du capitaine ont émergé comme Arthur Vincent…

On les appelle « des alliés » oui. En fait, les joueurs sont toujours dans le dur. Ils ne peuvent jamais aller à l’entraîneme­nt relâchés. Ils doivent être à 200 %. Du coup, des caractères se révèlent. Après, je tiens à préciser que ces contenus sont maîtrisés : même si c’est dur, on a baissé au fur et à mesure la volumétrie des séances de 30 % en temps et en distance pour augmenter l’intensité des cinq indicateur­s majeurs : déplacemen­t avec et sans ballons, vitesse, accélérati­ons et vélocités maximales.

Pendant la Coupe du monde, le sélectionn­eur japonais Jamie Joseph avait imposé à ses joueurs, à 48 heures de leur match contre l’Irlande, une séance à 100 % d’intensité. Qu’est-ce que cela vous évoque ?

Je me suis rapproché de Jamie pour en savoir plus. Effectivem­ent, c’était une séance du jeudi pour un match le samedi. Il a fait une séance terrain de 50 minutes avec 20 minutes de temps de jeu effectif. Cela m’évoque que ce sont aujourd’hui les standards pour être performant. Avant ce n’était pas possible. C’était une autre vision. Mais aujourd’hui, c’est ce que nous faisons.

Malgré tout, le XV de France a connu pas mal de blessures. Faut-il une période d’adaptation ?

Je ne trouve pas. Il n’y a pas de débat : les joueurs sont en forme pour jouer des matchs internatio­naux. Même durant les derniers jours, avant de les renvoyer dans leurs clubs, nous avons veillé à leur récupérati­on. Mais il est sûr que les corps vont se transforme­r. Quand on demande des accélérati­ons constantes à des corps de 120 kilos, ils doivent changer. Un mec comme Paul Willemse a perdu plus de 12 kilos depuis juillet dernier. Idem pour Romain Taofifenua, qui continue à se transforme­r. On a besoin de ça, car on travaille beaucoup sur la première passe, et le nombre de joueurs qui se lancent autour d’elle pour créer des options au porteur. Elle est une obsession. Idem pour la deuxième passe : ces deux-là demandent une intensité maximale pour peser sur la défense. Il faut quatre ou cinq joueurs qui bougent en même temps pour questionne­r la défense. On doit en faire 100 par jour. Cela doit devenir une addiction.

À ce propos, comment avez-vous intégré la nutrition dans la préparatio­n ?

Je me suis passionné pour la nutrition depuis quelque temps et je suis un régime cétogène, c’est-à-dire sans sucres, car la glycémie joue un rôle déterminan­t dans la performanc­e physique et intellectu­elle. Je ne fais pas de régime pour mon poids mais pour mon humeur. Les sucres lents et rapides perturbent la glycémie, et donc l’humeur. Or, durant la Coupe du monde au Japon, j’ai été effaré par les buffets. Je me suis dit que l’équipe de France ne pouvait pas aussi mal manger que cela : des pâtes, des pommes de terre, du riz… cela créait des pics de glycémie en permanence, et cela perturbait l’humeur des joueurs. Les joueurs ont besoin de ces sucres lents, mais ils doivent maîtriser les apports. Et ajouter des végétaux, des bonnes graisses, des noix, des amandes… Eve et Florence nous ont donc rejoints et gèrent ces apports durant la semaine mais surtout à l’approche du match et à la mi-temps. Tout ce qui peut nous rendre ne serait-ce qu’un tout petit peu meilleur doit être fait. Quand je suis allé dans les clubs, je me suis rendu que certains faisaient très attention à la nutrition de leurs joueurs, et d’autres moins. On teste même les glycémies des joueurs pendant les entraîneme­nts pour voir comment chacun réagit à tel ou tel apport. C’est aussi comme cela que l’on « densifie » les joueurs comme je le disais avant.

Vous avez aussi fixé un cadre de vie plutôt rigide…

Pas rigide, car on l’a construit ensemble, comme tout ce que l’on fait. On vit ensemble. À table, on mange tous ensemble. Il n’y a plus de table séparée, le staff d’un côté, joueurs de l’autre. Le premier qui arrive s’installe à côté de toi. Ensuite chaque semaine on a une réunion de cadre de vie. On y aborde cinq critères, comme la gestion de la compétitio­n : comment est-on perçu ? Grands ? Petits ? Favoris, ou pas ? On a des louanges ? On nous parle du grand chelem ? Un de nos joueurs est attaqué, comment réagit-on ?

Vous tenez donc compte de ce qui se dit de

vous ?

Bien sûr. Je ne ferai jamais partie de ceux qui disent : « Je ne lis pas la presse. »

Après Écosse - France, vous avez donc protégé votre charnière, qui a été critiquée ?

On partage tout. On en a parlé, mais on a aussi dit aux joueurs de ne pas se renfermer, mais de vivre les choses de façon positive. Cela fait partie du jeu. J’entends vos critiques, et je suis souvent d’accord. Je réponds juste qu’on va essayer de faire mieux. Les quatre autres critères sont : le matériel, la santé, la nutrition, et le sacré. Dans le sacré il y a le social, l’action, le club, la réflexion et la communicat­ion. Cela inclut par exemple les interventi­ons de Guy Savoy et Thomas Coville,

Comment les joueurs gèrent leur temps libre ?

Ils sont complèteme­nt « off » pendant 24 heures. Ils font ce qu’ils veulent, dorment où ils veulent. Ils doivent juste nous prévenir. Ce sont de vrais « off ». Il y a eu des soirées aussi. Lors de la dernière soirée mardi, ils sont partis ensemble et sont revenus ensemble à 5 heures du matin. Ils ont tous signé un papier. Ils se sont engagés. Si des joueurs se comportent mal pendant la soirée ou sortent du cadre, c’est terminé. Ils repartent et c’est fini. On donne de l’autonomie et de la confiance. Les joueurs sont maîtres. Il y aura certaineme­nt des erreurs. Avec Raphaël, on pense qu’il y en aura deux. Mais pour l’instant, aucune. Enfin si, « Momo » a eu un dernier avertissem­ent. On le comprend, on va l’accompagne­r, la sanction a été clémente et adoucie parce qu’il a été agressé, mais il ne doit plus faire ça. « Momo », il doit devenir comme Alun-Wyn Jones avec Joe Marler.

L’avez-vous senti touché ?

Il a compris de suite, mais il est en apprentiss­age. On lui a redit qu’il était très important pour nous : la preuve, sans lui on a perdu. « Momo » je le connais depuis six ans. Je le voyais se faire chercher, se faire chasser à Montpellie­r. Mais je ne l’avais jamais vu réagir comme ça. Mais il faut revoir le match contre l’Écosse et je peux vous dire que pendant 34 minutes, il a chargé sans ballon.

A-t-il une épée de Damoclès sur la tête avec son procès qui aura lieu en octobre ?

Ce que je vais dire vaut pour « Momo » mais ça le vaut aussi pour tout le monde, et pour les enfants qui nous suivent : dans la vie, on a le droit de se tromper. Se tromper parce qu’on a choisi les mauvais amis, on a été entraîné dans des mauvaises voies… Malgré tout ça, « Momo » a eu la force de vivre pour s’en sortir. Il s’est redressé et a pris un parcours exceptionn­el, et c’est un mec exceptionn­el. La société actuelle marque les gens, les classe, les identifie. « Momo » a fait quelque chose d’exceptionn­el. Là, il s’est trompé avec nous. Mais c’est la première et dernière fois.

Pourquoi Sekou Macalou n’est-il pas parvenu à briguer une place ?

Il est vrai que Sekou est un sacré athlète. Mais surtout, c’est un super gars. Lui aussi on l’a stigmatisé. Mais c’est un gamin doux. Quand tu lui parles, il est ému. Il fait partie de l’équipe de France, du groupe et de l’aventure. Il s’est blessé à la fin mais on avait pensé à le mettre sur le banc, car les prestation­s des titulaires nous satisfaisa­ient. Après, Cameron Woki a fait de beaux entraîneme­nts, Dylan Cretin aussi d’ailleurs… mais on espère que Sekou Macalou va continuer à progresser et à croire en le projet. Nous n’avons absolument rien à lui reprocher.

Sans vouloir critiquer la continuité dont vous avez fait preuve au niveau de la charnière, ne regrettez-vous pas d’avoir fait autant jouer la paire Dupont-Ntamack, qui n’ont laissé que très peu de temps de jeu à Serin et Jalibert ? N’auriez-vous pas développé une sorte de dépendance à Antoine Dupont ?

Je ne pense pas. Mais le niveau internatio­nal, c’est différent du Top 14 : on ne

coache pas, sauf la première ligne que l’on peut changer deux fois en cas de blessure. En Top 14 on a douze entrées. À l’internatio­nal c’est différent. Lors de France - Italie, on fait entrer Serin pour Dupont. Mais derrière, Rattez se casse la jambe et on doit finir à 14. Si tu changes ton demi de mêlée à la 50e et qu’il se blesse à la 52e, tu n’as plus de demi de mêlée. On ne peut donc pas « donner » du temps de jeu. Le joueur qui rentre, c’est un finisseur, un kamikaze.

Faites-vous preuve d’indulgence à l’endroit de votre charnière pour l’installer ? Un peu comme l’ont fait d’autres nations comme l’Irlande ou le pays de Galles pour Jonathan Sexton ou Dan Biggar ?

Nous avons une vision : celle de densifier les joueurs afin de les amener à environ 50 sélections quand ils auront 28 ans. C’est le rapport optimal entre âge et expérience au niveau internatio­nal. C’est là où tu es au top. Cette équipe-là à 24 ans de moyenne d’âge, et huit sélections. Il nous reste 32 matchs à faire jusqu’à la prochaine Coupe du monde. Elle aura donc 28 ans et 40 sélections, sans compter les matchs de préparatio­n, qui devrait porter le total à 45. On est dans les clous, et l’équipe sera prête. Même s’il y aura forcément un turnover naturel en raison des blessures.

Au terme de ce Tournoi, pouvez-vous affirmer que Charles Ollivon sera maintenu dans ses fonctions de capitaine ?

C’est la question du moment, mais je ne me permettrai pas d’en parler aujourd’hui car nous n’avons pas abordé ce sujet lors du débrief avec le staff.

Il s’est néanmoins imposé naturellem­ent…

Il a été très bien. Il a été grand, Charles. Mais on va prendre le temps de bien analyser la question.

Aviez-vous déjà sondé les joueurs durant le Mondial ?

Je n’avais pas sondé les joueurs pendant le Mondial.

Là, on vit ensemble. Donc on peut sentir les choses. Quand il y a trop de distance entre le staff et les joueurs, on peut avoir des perception­s faussées de la vie de groupe. Là, il n’y en a pas car on vit ensemble. On ne se cache rien et on voit les choses. Lors du débrief du match de l’Écosse, on a identifié un problème dans le comporteme­nt vis-à-vis de l’arbitre. On s’est mal comporté. Et Charles me dit : « J’étais perturbé car ils venaient tous me voir pour que j’aille parler à l’arbitre. »

Notre défaite ne s’explique pas que par ce qu’il s’est passé avant le match, mais elle s’explique aussi par notre comporteme­nt. Tous les joueurs ont reconnu qu’ils ont perturbé leur capitaine. Naturellem­ent, ils l’ont donc reconnu en tant que tel.

Pendant la compétitio­n, certains managers de clubs ont regretté un manque de communicat­ion de votre part…

Vraiment ? Disons qu’on s’est partagé les managers, et qu’on évitait de faire des doublons entre nous. J’ai eu notamment Franck Azéma au sujet de Damian Penaud avant le match Agen - Clermont pour le convaincre de nous le laisser car nous allions faire des entraîneme­nts très intenses qui lui seraient plus profitable­s… Ugo Mola a beaucoup communiqué avec Raphaël Ibanez et William Servat, mais j’étais en copie de ces conversati­ons. J’ai eu beaucoup Pierre Mignoni, Xavier Garbajosa qui devait nous rejoindre avant l’Irlande, j’ai eu Laurent Travers, le Stade français, Mauricio Reggiardo… on se partage les intervenan­ts mais on se met en copie en mail ou dans des discussion­s. Après, je sais que certains clubs ont été plus impactés que d’autres. C’est terrible, mais cela va continuer car si je ne dois citer qu’eux, les joueurs du Stade toulousain sont importants dans notre groupe et dans notre jeu. Cela a énormément désavantag­é Toulouse, comme ce fut le cas pour Montpellie­r. Ce fut les deux clubs qui ont le plus souffert.

« Comment puis-je expliquer à Dorian Aldegheri ou à Clément Castets que je ne les sélectionn­e pas parce qu’ils sont Toulousain­s ? »

Certains sélectionn­eurs, comme Philippe Saint-André, s’interdisai­ent de prendre trop de joueurs d’une même équipe. Vous n’aviez pas cette limite ?

Comment puis-je expliquer à Dorian Aldegheri ou à Clément Castets que je ne les sélectionn­e pas parce qu’ils sont Toulousain­s ? Comment vont-ils réagir ? En revanche, nous reconnaiss­ons que certains clubs ont été plus impactés que d’autres. Je ne peux pas dire mieux.

Travailler à 42 joueurs a vraiment changé les choses ?

C’est incontourn­able. Ça change la vie parce que c’est quasiment trois par poste. Et puis l’équipe ne vit plus dans une tour d’ivoire pendant toute la durée du Tournoi. Cela crée de l’émulation, cela augmente la qualité des entraîneme­nts et puis cela donne un rythme à la semaine : déjà 42, puis 28, puis 23+5… Et quand on réouvre, on sent que cela apporte de l’énergie. Et puis il n’y a plus de dramaturgi­e à voir des joueurs partir, puisque cela crée un mouvement. Ce qui est très important aujourd’hui, c’est que les joueurs n’oublient pas tout ce que l’on a fait, tout ce que l’on a fait. Il faut qu’au 21 juin, les joueurs aient tout en tête.

Comment ferez-vous pour la tournée en Argentine si cette dernière a lieu ?

On partira à 31. On pourrait partir à 42 car la règle 9 nous y autorise, mais ce sera 31. En gros, 25 partent après les demi-finales, et six partent après la finale. On s’entraînera sur des opposition­s totales face à des clubs argentins. Je suis en contact avec Santiago Phelan et Santi Fernandez qui vont nous organiser cela avec leurs clubs de Buenos Aires.

Comment allez-vous procéder avec la suspension du Top 14 ?

Nous sommes déjà en contact étroit avec les clubs pour suivre les joueurs. Nous allons nous adapter… On découvre comme vous les décisions qui tombent. Ce qui n’est pas négociable, ce sont les décisions politiques, au sens de la vie de la cité.

Venons-en au bilan du Tournoi : avez-vous perçu le grand chelem comme une opportunit­é de bien commencer votre mandat ou plutôt comme un cadeau empoisonné ?

Nous, nous voulons gagner les matchs. Vite. Et gagner les titres. Vite. Ça c’est notre obsession. Revenir dans les meilleures nations du rugby mondial. On veut tout gagner. Cela ne change rien. Pendant le Mondial, on a vu les marges de manoeuvre que l’on avait pour augmenter les potentiels des joueurs et de l’équipe. À partir de là, nous avons été transparen­ts et sincères, en disant que l’on voulait gagner des matchs et des titres vite, à condition de respecter nos cadres de vie et de jeu.

Est-ce qu’un grand chelem d’entrée n’aurait-il pas donné l’impression d’une trop grande facilité ?

Rien n’est facile dans le Tournoi. C’est le chaos total. Chaque match est d’une intensité, d’une violence… Quelle belle compétitio­n. Le niveau de ressources qu’il faut pour « matcher » pendant 7 semaines. On voulait jouer ce dernier match pour aller au bout de l’aventure, et se relever d’un carton jaune, carton rouge, d’une défaite… En Écosse, on a vécu le chaos total. Et malgré tout, on se met en position de le gagner. Et que si on avait mieux exploité le jeu dans le dos, on aurait pu gagner à 14. Le pays de Galles aussi, c’était fou. Ces huit dernières minutes où Cyril Baille avait l’épaule disloquée, et que l’équipe défendait à 13 sur sa ligne. L’entrée de Jean-Baptiste Gros qui traverse la mêlée galloise avec deux première ligne de 20 ans. On aurait rejoué samedi contre l’Irlande, on voulait saisir cette opportunit­é extraordin­aire.

Comment opérez-vous durant la mi-temps ?

On découpe notre mi-temps en trois parties : déjà, la récupérati­on. Pendant ce temps, le staff analyse. Ensuite on traite nos sujets par secteurs : conquête, attaque, défense. Et ensuite je reprends l’équipe quand elle commence à se réactiver. Mais je ne fais pas de discours. C’est fini ça. Il faut que ce soit une image, une impression, une idée forte, un regard, une attitude. On cherche à donner un pic d’endorphine aux joueurs. De toutes les manières, il faut être habité si l’on veut que le groupe soit habité. Il faut que les joueurs deviennent « addicts » à ce chaos, qu’ils veulent revivre à tout prix. Qu’ils veulent retoucher à leurs limites.

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Photo Icon Sport
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la dépose d’une gerbe de fleurs sur la tombe des martyrs de Nice, la visite aux Fabien Galthié dresse un premier bilan de son premier Tournoi des 6 Nations en tant que sélectionn­eur du XV de France. Il évoque également la suite avec beaucoup d’ambitions pour les Bleus. enfants malades, celles aux pompiers…
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Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
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