« C’est l’opportunité pour nous d’être créatifs »

LAURENT PRUD’HOMME - Directeur général de Discovery France* * Propriétaire d’Eurosport, diffuseur de la Pro D2

Quelle est votre position en qualité de diffuseur de la Pro D2 suite à la suspension du championnat ?

La priorité absolue, c’est la santé et la sécurité de nos collaborateurs. Nous travaillons à mettre en place de nouvelles méthodes de travail pour que chacun puisse travailler en sûreté tout en assurant la continuité de l’antenne. La force de Discovery et donc d’Eurosport, c’est que notre groupe est présent dans tous les pays du monde et de bénéficie de l’expérience de ce qui s’est passé dans d’autres pays comme la Chine ou l’Italie. Je suis en contact permanent avec mon homologue en Italie par exemple. Et je profite de son expérience.

Mais comment avez-vous accueilli la décision de la LNR de suspendre les championnats ?

Non seulement cette décision nous la comprenons mais surtout nous la respectons. Dans ces moments de crise sanitaire inédite, notre responsabilité de diffuseur est de faire confiance à nos détenteurs de droits. Notre rôle n’est surtout pas de les influencer ou d’essayer d’intervenir. Nous sommes en relations permanentes avec la LNR mais pas une seule fois nous nous serions permis de mettre une quelconque pression. Dans ce type de situation, chacun doit savoir rester à sa place.

Justement, que pourront voir à l’antenne d’Eurosport les passionnés de rugby ?

Nous ne pouvons plus demander à nos collaborateurs de venir enregistrer des émissions en plateau. À nous de nous adapter. C’est l’opportunité pour nous d’être créatifs. Je compte sur la rédaction d’Eurosport et lui fais entièrement confiance pour réinventer un modèle. Nous réfléchissons notamment avec Christian Califano (présentateur des Tontons flankers, N.D.L.R.) sur une évolution de nos formats. Vous savez, nous venons de signer un record d’audience jamais réalisée depuis 2014. C’est parce que notre ligne éditoriale a évolué depuis le rachat d’Eurosport par Discovery. Cette évolution tient au fait que nous avons pris conscience que le « live », toujours très important, n’est pas suffisant. Eurosport n’est donc pas dépendant du « live ». Nous savons raconter des histoires et c’est ce que nous allons faire. Nous avons beaucoup de programmes autour de nos piliers de programmation, dont le rugby fait partie. Et nous allons travailler làdessus en étroite collaboration avec nos abonnés, via nos réseaux sociaux.

Quel est l’impact économique pour Eurosport ?

Bien sûr qu’il y aura un impact économique à l’issue de cette crise, mais notre responsabilité, c’est d’abord de penser à la santé de nos collaborateurs. Ensuite, c’est d’assurer la continuité de l’antenne et la confiance de nos abonnés. Nous y travaillons dur.

Envisagez-vous demander un dédommagement à la LNR pour cette suspension de la Pro D2 ?

Jamais cette hypothèse n’a été envisagé de notre côté.

Si toutefois le championnat de Pro D2 pouvait reprendre et aller à son terme bien au-delà des dates prévues, quelle serait la position d’Eurosport ?

Nous ferons tout pour accompagner la LNR et ce magnifique championnat qu’est la Pro D2. Nous nous adapterons et l’antenne d’Eurosport reprendra son cours.