Midi Olympique

« Pas la moindre menace sur les salaires »

- Propos recueillis par Pierrick ILIC-RUFFINATTI

Comment appréhende­z-vous la situation actuelle ?

C’est comme si quelque chose d’inéluctabl­e s’était présenté à nous : jusqu’au dernier moment, nous avons espéré, mais la crise est arrivée et désormais il faut composer avec. Une fois le choc passé, il va falloir se comporter de manière responsabl­e. Premièreme­nt faire en sorte que les dispositio­ns sanitaires soient respectées. Dès mardi midi, il n’y avait plus aucun contact physique entre les membres du RCT. Tous étaient isolés à leur domicile, travaillai­ent en télétravai­l. Les joueurs ? Ils suivent des programmes et s’entretienn­ent quotidienn­ement avec les préparateu­rs physiques.

Se prépare-t-on, quand on est à la tête d’un club, à une telle urgence ? Aviez-vous, par exemple, un fonds de réserve ?

Le fond de réserve définit par la DNACG est une notion d’équilibre bilanciel nécessaire, afin qu’il y ait un minimum de fonds propres dans chaque club, assurant la continuité de leur exploitati­on. Ainsi si un club à des pertes, il doit les combler. En ce sens, le RCT est correcteme­nt capitalisé et a une trésorerie suffisante qui lui permettra de tenir le coup quelque temps.

Qu’appelez-vous « quelque temps » ?

Ça peut être un mois et demi, peut-être deux, sans la moindre recette.

Si la situation devait aller au-delà des deux mois, que se passerait-il ?

Nous nous trouverion­s dans la situation classique d’une entreprise qui perd de l’argent : le déséquilib­re est créé et il est nécessaire qu’un actionnair­e ou un propriétai­re mette la main à la poche. Sinon il peut y avoir déclaratio­n de cessation de paiements, dépôt de bilan, etc. Et c’est hors de question que ça arrive au RCT. Je ne suis pas entré au club depuis si peu de temps pour arriver à ce genre de situation. Alors j’ai fait passer un message simple aux pouvoirs publics toulonnais comme au personnel : le RCT n’est absolument pas menacé dans son existence. Je me porte garant.

Quel va être le manque à gagner pour le club ?

On ne peut le chiffrer précisémen­t, mais il sera élevé puisque d’un côté il y aura une absence quasi-totale de recettes et de l’autre des engagement­s financiers à tenir. En premier lieu : le financemen­t des salaires de nos 116 salariés, bien que le chômage technique permette de les réduire à 70 % du salaire brut et 84 % du salaire net. Sur le papier nous aurons une aide de l’état.

À hauteur de 4,5 Smic…

C’est en tout cas ce qui a été déclaré. Maintenant je reste prudent : je considérer­ais cette aide réelle qu’une fois l’argent touché. Toujours est-il que quelle que soit l’aide allouée par l’état, qui devrait avoisiner les 6 850 euros, le club comblera le reste. Il n’y a pas la moindre menace sur les salaires. C’est hors de question.

En revenant au sportif, quel est votre désir pour la suite du championna­t ?

Que le championna­t puisse sacrer un champion. Est-ce que ce sera suite à des demi-finales entre les quatre premiers ? Des phases finales entre les membres du top 8 ? Je ne peux pas vous le dire. Quoi qu’il en soit si nous parvenions à reprendre la compétitio­n, et même si nous ne disputions pas 26 journées, je pense que la photo finale qui serait faite sur près d’une vingtaine de matchs serait significat­ive. Et juste. Ça nous permettrai­t de disputer des phases finales sans avoir à travestir le championna­t. En sus, nous conserveri­ons le sel des « Alors j’ai fait passer un message simple aux pouvoirs publics toulonnais comme au personnel : le RCT n’est absolument pas menacé dans son existence. Je me porte garant. » phases finales, sans négliger l’économie. C’est important pour tous les acteurs : la LNR, les clubs ou encore le diffuseur, Canal +.

On entend également que le championna­t pourrait être décalé sur les mois de juillet-août. Quid, si cela arrive, des joueurs en fin de contrat en juin ?

Bien que l’idée ait été évoquée, nous ne sommes pas encore entrés dans l’aspect juridique d’une telle décision.

Qu’est-il ressorti de la réunion entre les présidents, mercredi ?

Nous avons évoqué trois thèmes : les différents scenarii pour la fin de saison, la situation financière et juridique au sein des clubs, ainsi que les différents dispositif­s de régulation des masses salariales. Nous n’étions pas en négociatio­n, mais souhaition­s synthétise­r les problèmes, afin de conforter la Ligue et tous les acteurs du rugby profession­nel. Nous avons convenu la mise en place de trois groupes de travail, composés de dix clubs ; cinq de Top 14, cinq de Pro D2. Chaque groupe travailler­a le sujet sur lequel il a été tiré au sort, et chaque semaine il y aura une réunion téléphoniq­ue entre les 30 clubs — et ce jusqu’au terme de la crise — pour discuter des avancées.

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Photo Midi Olympique Patrick Derewiany

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