« Pas la moindre menace sur les salaires »
Comment appréhendez-vous la situation actuelle ?
C’est comme si quelque chose d’inéluctable s’était présenté à nous : jusqu’au dernier moment, nous avons espéré, mais la crise est arrivée et désormais il faut composer avec. Une fois le choc passé, il va falloir se comporter de manière responsable. Premièrement faire en sorte que les dispositions sanitaires soient respectées. Dès mardi midi, il n’y avait plus aucun contact physique entre les membres du RCT. Tous étaient isolés à leur domicile, travaillaient en télétravail. Les joueurs ? Ils suivent des programmes et s’entretiennent quotidiennement avec les préparateurs physiques.
Se prépare-t-on, quand on est à la tête d’un club, à une telle urgence ? Aviez-vous, par exemple, un fonds de réserve ?
Le fond de réserve définit par la DNACG est une notion d’équilibre bilanciel nécessaire, afin qu’il y ait un minimum de fonds propres dans chaque club, assurant la continuité de leur exploitation. Ainsi si un club à des pertes, il doit les combler. En ce sens, le RCT est correctement capitalisé et a une trésorerie suffisante qui lui permettra de tenir le coup quelque temps.
Qu’appelez-vous « quelque temps » ?
Ça peut être un mois et demi, peut-être deux, sans la moindre recette.
Si la situation devait aller au-delà des deux mois, que se passerait-il ?
Nous nous trouverions dans la situation classique d’une entreprise qui perd de l’argent : le déséquilibre est créé et il est nécessaire qu’un actionnaire ou un propriétaire mette la main à la poche. Sinon il peut y avoir déclaration de cessation de paiements, dépôt de bilan, etc. Et c’est hors de question que ça arrive au RCT. Je ne suis pas entré au club depuis si peu de temps pour arriver à ce genre de situation. Alors j’ai fait passer un message simple aux pouvoirs publics toulonnais comme au personnel : le RCT n’est absolument pas menacé dans son existence. Je me porte garant.
Quel va être le manque à gagner pour le club ?
On ne peut le chiffrer précisément, mais il sera élevé puisque d’un côté il y aura une absence quasi-totale de recettes et de l’autre des engagements financiers à tenir. En premier lieu : le financement des salaires de nos 116 salariés, bien que le chômage technique permette de les réduire à 70 % du salaire brut et 84 % du salaire net. Sur le papier nous aurons une aide de l’état.
À hauteur de 4,5 Smic…
C’est en tout cas ce qui a été déclaré. Maintenant je reste prudent : je considérerais cette aide réelle qu’une fois l’argent touché. Toujours est-il que quelle que soit l’aide allouée par l’état, qui devrait avoisiner les 6 850 euros, le club comblera le reste. Il n’y a pas la moindre menace sur les salaires. C’est hors de question.
En revenant au sportif, quel est votre désir pour la suite du championnat ?
Que le championnat puisse sacrer un champion. Est-ce que ce sera suite à des demi-finales entre les quatre premiers ? Des phases finales entre les membres du top 8 ? Je ne peux pas vous le dire. Quoi qu’il en soit si nous parvenions à reprendre la compétition, et même si nous ne disputions pas 26 journées, je pense que la photo finale qui serait faite sur près d’une vingtaine de matchs serait significative. Et juste. Ça nous permettrait de disputer des phases finales sans avoir à travestir le championnat. En sus, nous conserverions le sel des « Alors j’ai fait passer un message simple aux pouvoirs publics toulonnais comme au personnel : le RCT n’est absolument pas menacé dans son existence. Je me porte garant. » phases finales, sans négliger l’économie. C’est important pour tous les acteurs : la LNR, les clubs ou encore le diffuseur, Canal +.
On entend également que le championnat pourrait être décalé sur les mois de juillet-août. Quid, si cela arrive, des joueurs en fin de contrat en juin ?
Bien que l’idée ait été évoquée, nous ne sommes pas encore entrés dans l’aspect juridique d’une telle décision.
Qu’est-il ressorti de la réunion entre les présidents, mercredi ?
Nous avons évoqué trois thèmes : les différents scenarii pour la fin de saison, la situation financière et juridique au sein des clubs, ainsi que les différents dispositifs de régulation des masses salariales. Nous n’étions pas en négociation, mais souhaitions synthétiser les problèmes, afin de conforter la Ligue et tous les acteurs du rugby professionnel. Nous avons convenu la mise en place de trois groupes de travail, composés de dix clubs ; cinq de Top 14, cinq de Pro D2. Chaque groupe travaillera le sujet sur lequel il a été tiré au sort, et chaque semaine il y aura une réunion téléphonique entre les 30 clubs — et ce jusqu’au terme de la crise — pour discuter des avancées.