Midi Olympique

LES BLEUES EN BLOUSE BLANCHE

PLUSIEURS JOUEUSES DU XV DE FRANCE ONT TROQUÉ LEUR MAILLOT DE RUGBY POUR ENFILER LEUR BLOUSE BLANCHE, AFIN DE VENIR EN AIDE AUX MALADES ET AUX PERSONNES ÂGÉES.

- Par Romain LAFON romain.lafon@midi-olympique.fr

Il y a trois semaines, Agathe Sochat, Camille Boudaud, Emeline Gros, ou encore Gaëlle Hermet s’apprêtaien­t à fouler la pelouse du Scotstoun Stadium de Glasgow pour y défier les Ecossaises. Mais 24 heures avant le coup d’envoi, les Bleues apprenaien­t finalement que la rencontre n’aurait pas lieu. Depuis, le quotidien de ces filles a complèteme­nt été bouleversé. Pas le temps de retourner en club, les internatio­nales ont mis de côté leur maillot de rugby pour ressortir leur blouse blanche d’ergothérap­eute ou d’infirmière. Une transition aussi rapide qu’inévitable pour la Grenoblois­e Emeline Gros. « C’est un retour à la réalité brutal. Nous vivions une aventure extraordin­aire avec le Tournoi et quand on nous a annoncé le report des matchs et que nous devions rentrer chez nous, nous étions toutes dégoûtées. Je n’ai pas eu trop le temps de réaliser puisque dès mon retour de Marcoussis, j’ai commencé à travailler. »

Blouse blanche, gants, et masque sur le visage, aucun détail n’est laissé au hasard dans l’EHPAD de Vizille qui accueille 120 personnes âgées, où travaille la troisième ligne du FCG et de l’équipe de France (24 ans, 6 sélections). « Tout le personnel soignant est beaucoup plus à cheval sur les règles d’hygiène. Le port du masque est devenu obligatoir­e pour toutes les personnes de la structure. Nous nous lavons les mains vingt fois plus que d’habitude. Nous avons dû adapter nos journées. Il n’y a plus aucune visite autorisée depuis deux semaines, alors nous avons dû faire face à une perte de repères des résidents, notamment en fin de journée. On se doit d’être encore plus présents pour eux dans ces moments difficiles. Il faut les occuper, passer du temps avec eux, les rassurer. »

AGATHE SOCHAT

À LA CONFECTION DE MASQUES

Pour Agathe Sochat (24 ans, 18 sélections) aussi, le quotidien a évolué. Ergothérap­eute au CHU de Montpellie­r, la talonneur de l’équipe de France est habituelle­ment à 40 % à l’hôpital. Elle est aujourd’hui à temps plein. « Je travaille habituelle­ment sur le plateau technique pour la rééducatio­n. Mais nous ne recevons plus de patients dans ce service mis à part les urgences. Du coup nos missions évoluent. La semaine dernière par exemple, nous avons confection­né des masques. Ils ne sont pas homologués donc inutilisab­les au sein de l’hôpital mais le personnel soignant peut s’en servir dans leur quotidien, en voiture ou pour faire ses courses, par exemple. » Si la joueuse du MHR n’a pas encore été envoyée dans l’aile de l’établissem­ent dédiée aux patients atteints du coronaviru­s, cela pourrait très bien arriver. « Je n’ai pas encore été dans le service consacré au Covid-19, mais il est possible que cela arrive pour relayer nos collègues. Nous faisons partie des roulements… Nous sommes beaucoup dans l’attente de nouvelles directives. »

Dans ce contexte, le personnel soignant reçoit des centaines de messages de soutien. « Cela fait chaud au coeur, reconnaît Emeline Gros. C’est hallucinan­t de voir autant de personnes derrière nous. Tout le monde est main dans la main. Il y a énormément d’entraide et de solidarité… Ce sont des valeurs qui nous rappellent un peu le rugby. » Des valeurs rugbystiqu­es, loin des terrains pour quelques semaines encore. Mais l’essentiel est ailleurs… ■

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Photo Icon Sport Emeline Gros, l’internatio­nale grenoblois­e, travaille dans un EHPAD au contact d’une population particuliè­rement fragile face au coronaviru­s.

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