Midi Olympique

LE DOUBLE IMPACT

LA PLUPART DES ÉCURIES PROFESSION­NELLES S’ATTENDENT À SUBIR DES PERTES FINANCIÈRE­S CONSÉQUENT­ES. POUR CEUX QUI VIVENT SUR UNE ÉCONOMIE RÉELLE, CELA A FORCÉMENT DES CONSÉQUENC­ES SUR LE RECRUTEMEN­T.

- Par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

Tous les agents contactés sont unanimes : « Quasiment toutes les discussion­s sont arrêtées et le marché en sommeil. » Ceci car la majorité des clubs sont aujourd’hui dans le flou le plus total quant à une éventuelle reprise des compétitio­ns et aux difficulté­s financière­s qui pèsent sur eux. Dans ce contexte, les présidents — qui doivent résoudre bien d’autres urgences — ont gelé la plupart des dossiers. Première répercussi­on : les prolongati­ons de contrat. Certaines négociatio­ns étaient entamées, voire bien avancées, mais la conjonctur­e provoquée par l’épidémie de Coronaviru­s pousse à la prudence. Pour prendre un exemple, le Racing 92 parle avec son pilier droit Ben Tameifuna et son troisième ligne centre Antonie Claassen depuis plusieurs semaines pour peut-être poursuivre l’aventure. Mais, pour le premier notamment dont le salaire est jugé élevé, la tendance pourrait être à une non-reconducti­on.

Certains, comme Clermont, avaient déjà bien avancé leur recrutemen­t et les répercussi­ons devraient donc se situer à la marge dans ce domaine. L’ASMCA devrait même boucler son marché très rapidement avec la signature de l’ailier de Pau Bastien Pourrailly, dossier à faible coût. Mais, ailleurs, la situation paraît beaucoup plus tendue. Là encore, les écuries qui sont sous la houlette d’un propriétai­re investisse­ur semblent davantage à l’abri que les autres car, même si les pertes sont conséquent­es pour elles aussi, l’amortissem­ent pourra se faire en partie via la fortune personnell­e de leur homme fort. En clair, elles auront plus de chances de mener leur marché jusqu’au bout. Mais quid de ceux qui vivent sur une économie réelle ? « Je pense que des clubs peuvent tenir la baraque puisqu’ils ont des présidents mécènes, qui n’ont pas que le club à gérer mais aussi d’autres affaires, explique l’avocat spécialist­e en droit du sport Antoine Semeria. En revanche, le dépôt de bilan n’est pas à exclure pour certains, notamment en Pro D2. » On comprend alors mieux pourquoi les transferts deviennent secondaire­s. Perpignan, pourtant très actif jusque-là, a ainsi placé ses dossiers en sommeil. En Top 14 aussi, des clubs comme La Rochelle, l’Union Bordeaux-Bègles et le Stade toulousain — qui sont dépendants des recettes guichets et du partenaria­t — sont particuliè­rement inquiets pour l’état de leurs finances d’ici quelques mois et auraient mis un coup de frein considérab­le en ce qui concerne le recrutemen­t.

TOULOUSE, LES DOSSIERS EN STAND-BY

À Ernest-Wallon, si la prolongati­on du flanker Louis-Benoît Madaule a été actée ces derniers jours, le dossier du trois-quarts polyvalent, érigé en priorité depuis plusieurs semaines, est désormais en stand-by. Comme indiqué dans ces colonnes, le profil du All Black de Clermont Isaia Toeava (34 ans) avait été sérieuseme­nt étudié et, tel que révélé par la presse britanniqu­e, la piste menant à l’internatio­nal anglais des Saracens Alex Lozowski (26 ans) était très chaude récemment. Outre-Manche, on évoquait même un accord entre les deux parties mais le président Didier Lacroix a affirmé voilà quelques jours que rien n’était encore signé. Effectivem­ent, et même si le champion de France réalise un très gros coup en attirant un joueur d’un tel calibre pour une saison (et peut-être une autre optionnell­e), il se voit contraint de placer les discussion­s en attente, face à l’incertitud­e qui est la sienne actuelleme­nt. Dans un entretien accordé à La Tribune, Lacroix a estimé entre 250 000 et 300 000 euros la perte en valeur nette pour chaque match en Top 14, et même à 850 000 euros pour le quart de finale de Champions Cup. Dans ces conditions, même le remplaceme­nt de l’entraîneur des avants Régis Sonnes, qui quittera ses fonctions en fin de saison, n’est clairement plus la priorité du moment. ■

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Photo Icon Sport Maro Itoje, l’internatio­nal anglais devait débarquer en Top 14… 16, la saison prochaine mais les incertitud­es qui planent sur le marché ont stoppé toute poursuite des transactio­ns.

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