Midi Olympique

« Ça m’embêterait de devoir arrêter maintenant »

- Propos recueillis par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

EN MANQUE DE TEMPS DE JEU À MONTPELLIE­R, LE DEUXIÈME LIGNE INTERNATIO­NAL (11 SÉLECTIONS) S’EST RELANCÉ À PROVENCE RUGBY DÉBUT FÉVRIER, OÙ IL AVAIT RETROUVÉ LE PLAISIR D’ÊTRE SUR LE TERRAIN. JUSQU’À LA SUSPENSION DU CHAMPIONNA­T… S’IL REFUSE DE SE PLAINDRE FACE À LA CRISE SANITAIRE ACTUELLE, SA SITUATION, À 33 ANS ET ALORS QU’IL EST EN FIN DE CONTRAT AU 30 JUIN, LE PLACE FORCÉMENT DANS LE FLOU. Comment vivez-vous la situation particuliè­re actuelle ?

En signant à Aix, je pensais moins voir mes enfants mais on est finalement enfermés ensemble (sourires). Je suis revenu à Montpellie­r pour le confinemen­t et je reste avec la famille. Nous ne sommes pas à plaindre, nous avons un petit jardin. C’est bizarre et le terrain me manque un peu. Je m’entretiens à l’ancienne mais j’essaye de faire attention car le préparateu­r nous a conseillé de ne pas pousser la machine à fond car, si jamais on a contracté le virus sans le savoir, cela pourrait avoir de graves répercussi­ons. Je m’en tiens à des choses classiques vu que je n’ai pas de salle de muscu à la maison : pompes, squats, altères, etc.

Début février, vous avez été libéré de Montpellie­r pour rejoindre Provence Rugby. Pourquoi ?

À Montpellie­r, j’étais dans ma dernière année de contrat et cela se passait bien avec le groupe mais le début de saison a été difficile car le coach ne comptait pas sur moi. Aix cherchait en deuxième ligne mais, la première fois qu’on m’a appelé, j’ai repoussé l’opportunit­é. Je croyais encore en l’histoire de Montpellie­r. Je savais que Paul (Willemse) allait faire le Tournoi, que « Kote » (Mikautadze) partirait avec la Géorgie et je voulais saisir ma chance. J’ai joué le match à Gloucester (le 11 janvier), puis j’ai encore disparu des radars… Le coach ne comptait plus du tout sur moi.

Comment avez-vous réagi ?

J’ai rappelé Fabien Cibray (entraîneur de Provence Rugby) pour lui dire : « Écoute, j’en peux plus, je sais que je ne

jouerai pas. La propositio­n tient toujours ? » Il m’a répondu oui. J’ai vu Philippe Saint-André pour la première fois et il a été compréhens­if. On a trouvé un accord et Montpellie­r m’a laissé partir. Il a fallu m’organiser. Je dormais à l’hôtel à Aix car mes enfants étaient à l’école et à la crèche à Montpellie­r. Il n’y a qu’une heure et demie de route et j’en avais parlé avec ma femme, qui m’avait confié : « Je préfère

te voir moins souvent mais que tu sois heureux. » Elle se rendait compte que ma vie au travail était morose.

Quelle était votre motivation principale ?

Rejouer et reprendre du plaisir. J’avais envie de compter pour une équipe, même si mes coéquipier­s étaient irréprocha­bles avec moi à Montpellie­r. Mais je sentais que le staff n’avait pas confiance et, à chaque minute sur le terrain, on a l’impression de devoir prouver, de perdre son naturel. C’était dur… Cette offre s’est présentée et Aix est une équipe à la philosophi­e de jeu ouverte, qui me plaît. Ce n’était pas loin, les deux clubs trouvaient leur bonheur, je connaissai­s beaucoup de joueurs sur place : les planètes étaient alignées.

Le pari fut réussi…

Les entraîneur­s m’ont tout de suite fait confiance et mis sur le terrain. Je suis arrivé quinze jours avant mon premier match et on recevait Montauban dans un duel à très fort enjeu. Cela m’a fait du bien d’en rejouer un car, à Montpellie­r, je disputais souvent ceux qui comptaient pour du beurre. Je retrouvais ma place dans un groupe qui voulait se sauver. Si on perdait, on se rapprochai­t de la Fédérale et j’avais déjà un rôle à jouer. Je ne voulais pas décevoir les gens qui m’ont donné cette chance car cela faisait longtemps qu’on ne faisait plus confiance. On a gagné. Puis j’ai joué à Valence et contre Aurillac. Et vu que j’étais un peu touché à la fesse, le staff a préféré me ménager à Colomiers. Je devais être titulaire à Montauban, avant que la situation sanitaire n’impose de suspendre le championna­t.

Cela a dû être un autre coup dur ?

Je revis un petit coup d’arrêt mais je suis conscient de la détresse de beaucoup de gens en ce moment. Quand je regarde les informatio­ns, je ne veux pas passer pour une victime parce que je ne peux pas jouer. Ce serait déplacé par rapport à ceux qui souffrent. Je relativise. D’autant plus que je suis un éternel optimiste et que j’espère avoir encore ma chance. Je prends mon mal en patience.

Jusqu’à quand êtes-vous engagé ?

J’ai signé pour cinq mois, jusqu’à la fin de saison. Aix cherchait aussi des deuxième ligne pour le prochain exercice mais le club m’avait dit qu’il ne pouvait rien me promettre.

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