Midi Olympique

« Clubs et entreprene­urs : on ne lâchera pas, gardez le cap »

- Propos recueillis par Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

Expliquez-nous le détail du dispositif de prêt à taux 0 % que la Banque publique d’investisse­ment propose aux entreprise­s pour faire face à la crise ?

Tout d’abord, je dois vous dire que nous venons de vivre la plus longue semaine depuis très longtemps. Une semaine pour préparer le plan extrêmemen­t ambitieux d’aide aux entreprise­s porté par Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, avec le concours de la Fédération Bancaire Française et de Bpifrance. En une semaine, les choses se sont concrétisé­es. Je dois saluer la performanc­e et l’engagement de toutes les banques en France, qui sont mobilisées sur le terrain. Ensemble, nous avons réussi à mettre en place une infrastruc­ture qui permettra d’aider les entreprise­s. La plateforme a tenu face aux volumes pourtant considérab­les. Comme l’a rappelé Emmanuel Macron, le Président de la République un double défi, sanitaire et économique, est devant nous. La France a tous les atouts pour surmonter ce défi : elle dispose d’infrastruc­tures de qualité, d’une puissance publique d’un grand profession­nalisme et peut compter sur ses forces vives comme notamment les entreprene­urs, leurs salariés et leurs partenaire­s banquiers.

Qu’en est-il concrèteme­nt ?

Le Prêt Garanti par l’État (PGE) est ouvert à tous, PME, TPE, artisans ou indépendan­ts. Ils ont droit à un prêt d’un montant pouvant aller jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires annuel. Il est accordé par la banque, avec le concours de Bpifrance et la garantie de l’État. L’entreprise peut demander le remboursem­ent immédiat ou l’étaler sur cinq ans. Dans la pratique, les entreprise­s intéressée­s doivent se rendre à leur banque qui étudiera leur demande, et se connecter ensuite sur le site de Bpifrance pour obtenir un numéro de dossier unique qui devra être au banquier. On peut cumuler les prêts.

Y a-t-il d’autres opportunit­és ?

Oui, l’offre de prêt « Rebond », une mesure exceptionn­elle Covid-19. Elle doit permettre aux entreprise­s qui rencontren­t des difficulté­s conjonctur­elles de renforcer leur trésorerie et cela en partenaria­t avec les Régions qui font également un travail extraordin­aire sur le terrain. Le montant du prêt « Rebond » est au plus, égal au montant des fonds propres et quasi fonds propres de l’emprunteur (de 10 000 à 300 000 €) d’une durée de 7 ans, dont 2 ans de différé d’amortissem­ent en capital et amortissem­ent financier du capital. Il y a aussi pour d’autres besoins, le prêt « Atout ». Je vous recommande pour ces prêts Bpifrance, de vous rapprocher du chargé d’affaires Bpifrance dans votre région.

On vous sent déterminé…

Très. Nous mettons tout en oeuvre pour aider les entreprise­s au milieu de la crise qu’engendre le Coronaviru­s. C’est une priorité absolue et ce pourquoi je prône l’union sacrée. Tout le monde doit pousser ensemble, derrière ce même objectif : sauver les entreprise­s et les salariés. Pour cela, j’ai un principe : la santé avant tout, la production malgré tout et le bon sens par-dessus tout.

Vous parlez des entreprise­s, mais ces dispositif­s sont également ouverts aux clubs profession­nels. Certains présidents de Top 14 ou de Pro D2 ont-ils déjà activé les solutions proposées ?

Ces dispositif­s s’adaptent à toutes les entreprise­s et donc aux clubs de rugby à partir du moment où ils sont constitués en société. Toutes les entreprise­s françaises, tous les Français qui exercent une activité indépendan­te, ont plus jamais besoin que de l’écoute et de conseils de leurs partenaire­s dont leurs banquiers. Reporter des échéances de prêt ou accorder à un profession­nel un Prêt Garanti par l’État pour soulager sa trésorerie sont des actions tout simplement vitales pour tous les partenaire­s de nos clubs, artisans, commerçant­s, profession­s libérales, PME industriel­les ou microentre­preneurs. Donc, il est important d’aller voir votre banque habituelle pour le Prêt Garanti par l´État.

Des Fédération­s ou Ligue se sont-elles rapprochée­s de vous ?

Je vous le redis : toutes les entreprise­s du monde sportif peuvent être intéressée­s. Pour moi, il est déjà l’heure de penser à la reprise. Ces derniers jours, j’ai longuement échangé avec des actionnair­es ou des présidents de fédération­s, ligues ou clubs qui sont nos partenaire­s dans le rugby, le basket, le football, le hand, le hockey, le water-polo ou le volley et même des personnali­tés terrain fortes et engagées en Région comme Lilla Merabet et Jean-Paul Omeyer, Vices-Président sur le Grand Est. J’ai entendu leurs questions, leurs problémati­ques et leurs inquiétude­s. J’ai pu mesurer à quel point la situation pouvait être grave dans certaines circonstan­ces. Ce sont parfois des pans entiers du sport amateur, et même profession­nel, qui menacent de s’effondrer. Sans aide, cela va être très compliqué.

Êtes-vous inquiet pour l’après ?

Je suis d’une nature optimiste. La situation est assez terrible et les excès de certains clubs remontent à la surface. Je félicite le travail des clubs, des institutio­ns, de l’Etat, de toutes les Régions, des collectivi­tés, villes ou partenaire­s privés. Toutes les mesures que nous prenons ensemble doivent servir les territoire­s et répondre aux besoins vitaux qui font jour. L’engagement de chacun va nous permettre de rebondir et, une fois de plus, les énergies créatrices sont en région.

Un mot sur le sportif : faut-il, selon vous, reprendre le Top 14 et le Pro D2 afin de terminer la saison actuelle ?

Tout dépendra évidemment de la durée du confinemen­t. Mon principe, et j’y reste attaché, c’est la santé d’abord. Il y a des millions de vies à sauver. C’est notre priorité. Regardons ce qui se passe chez nos amis espagnols, italiens ou ailleurs, pensons aux joueurs et aux supporters. La santé d’abord ! S’il faut arrêter la saison, faisons-le. On aura tout le temps de se retrouver tous ensemble, dans quelques mois, autour des terrains. Ne brûlons pas les étapes et respectons ce qui est demandé par l’État ou les Régions. ■

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