Midi Olympique

LA FIN DU BAL ?

- Par Pierre-Laurent GOU pierre-laurent.gou@midi-olympique.fr

MOINS ATTRACTIF QU’AVANT ET BLOQUÉ PAR LA CRISE SANITAIRE, LE TOP 14 ATTIRE AUJOURD’HUI PEU DE STARS ÉTRANGÈRES. MARO ITOJE ET KURTLEY BEALE POURRAIENT ÊTRE LES EXCEPTIONS DU MARCHÉ.

● MARCHÉ DES TRANSFERTS D’HABITUDE EN PLEINE EFFERVESCE­NCE À CETTE ÉPOQUE DE L’ANNÉE, LE RECRUTEMEN­T DES CLUBS DE TOP 14 ET PRO D2 EST PROCHE DU NÉANT. ● BEALE ET ITOJE, TÊTES D’AFFICHE ISOLÉES LES STARS ÉTRANGÈRES NE VONT PAS AFFLUER CETTE ANNÉE, PRÉFÉRANT LE CHAMPIONNA­T JAPONAIS AU MOINS AUSSI LUCRATIF. SEULS KURTLEY BEALE ET MARO ITOJE POURRAIENT REJOINDRE LA FRANCE ● FIN DE CONTRAT, SYNONYME DE CHÔMAGE ? LES JOUEURS QUI SE RETROUVENT SANS ENGAGEMENT EN JUIN DEVRAIENT AVOIR TOUTES LES PEINES DU MONDE À RETROUVER UN CLUB.

C’est morne plaine, encéphalog­ramme plat ! À cette époque de l’année pourtant, habituelle­ment, le marché des transferts fourmille d’annonces, de démentis plus ou moins sincères, de rendez-vous entre présidents et joueurs. Cette année, la crise du Coronaviru­s a déjà tout emporté. Le Racing 92 a bien laissé fuiter cette semaine dans la presse la venue de Kurtley Beale pour les deux prochaines saisons. À 31 ans, le Wallaby aux 92 sélections et trois participat­ions en Coupe du monde (2011-2015-2019) présente un pedigree qui n’a rien à envier à un Ma’a Nonu, un Aaron Cruden ou un Jonathan Sexton. Sauf que l’accord et la signature étaient effectifs depuis de nombreuses semaines. Le deal avait été réalisé bien en amont de la crise. De plus, le joueur d’origine aborigène pourrait bien être la seule star étrangère à rejoindre le Top 14 cette saison. « Le marché des recrues venues du Sud est atone ! Il n’était pas reluisant en raison des mesures drastiques du Salary Cap ou de la réglementa­tion des Jiff, mais le Covid-19 a tout arrêté. Les clubs cherchent surtout à avoir assez de trésorerie pour survivre », glissait en fin de semaine l’agent sportif Laurent Quaglia qui a fait venir en France Semi Radradra ou Eben Etzebeth. Et de révéler une anecdote symbolique du sentiment qui prédomine au sein des clubs de Top 14, même les plus riches. « Le talonneur internatio­nal américain Joe Taufete, qui s’est engagé pour deux ans avec Lyon, devait rejoindre le Lou assez rapidement pour finir la saison. Son club actuel, Worcester, était d’accord. Le deal était ficelé mais les dirigeants lyonnais ont dit stop avec l’arrêt des compétitio­ns. Il n’arrivera que l’année prochaine. »

Cette prudence se retrouve partout en Top 14 mais aussi en Pro D2. « Habituelle­ment, le mois de mars marque l’ouverture de ce marché. Les équipes ambitieuse­s de Pro D2, essayent d’anticiper leur recrutemen­t. Actuelleme­nt, nous sommes au point mort. Tout est en stand-by. Aucun contact, ni prise d’informatio­n », indique Jérôme Lollo, l’un des deux patrons avec Xavier Batiste de Projexa, une agence spécialisé­e dans la représenta­tion des joueurs français.

L’EXCEPTION ITOJE

Pour les joueurs en fin de contrat, l’inquiétude grandit et la perspectiv­e de passer du chômage partiel actuel au chômage tout court le 1er juillet est grande. Pourtant, la liste compte quelques grands noms qui ne sont pas en bout de course : Alexis Palisson (qui vient de signer comme joker au Stade français), Hugo Bonneval, Geoffrey Moïse, Gilian Galan ou Benjamin Fall. Chez les étrangers aussi, les noms sont tout aussi prestigieu­x : le surpuissan­t Ben Tameifuna, l’ex-All Black Liam Messam, l’Ecossais Alex Dunbar ou le double champion du monde Colin Slade. « Il y a de quoi faire une belle équipe ! Certains vont devoir accepter une baisse drastique de leur salaire s’ils veulent retrouver un contrat », constate Quaglia.

Cette absence de marché ou de concurrenc­e, l’Anglais Maro Itoje la subit lui aussi de plein fouet. Le deuxième ligne des Saracens et du XV de la rose entendait s’offrir une pige d’une saison en Top 14, le temps que les Saracens sortent de leur purgatoire, conséquenc­e de leur relégation administra­tive. Après avoir sondé le Racing 92, l’Anglais et ses conseils sont aussi entrés en discussion­s avec Lyon. Un entretien téléphoniq­ue a même eu lieu entre le joueur et le manager du Lou, Pierre Mignoni. Les dirigeants des « Sarries », soucieux de ne pas voir un tel joueur signer chez un de leurs concurrent­s domestique­s, sont d’accord pour payer une partie de son salaire et prêter leur joyau à un club français. Seulement, même des clubs comme le Racing 92 (qui a pourtant accueilli durant trois saisons Dan Carter) ou le Lou, considérés parmi les plus riches de notre championna­t, ne sont plus capables ou n’ont pas la volonté de faire une folie. Si le CV du pensionnai­re du XV de la Rose est étudié avec soin, à ce jour, il n’y a eu aucune offre concrète d’engagement. ■

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