Midi Olympique

« Il faudra refaire un bilan complet »

LA REPRISE DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE INTENSE PAR LES JOUEURS SOULÈVE DES INTERROGAT­IONS. RÉGIS BOXELÉ, MÉDECIN DU SPORT À L’INSTITUT MÉDICAL DU SPORT SANTÉ ET COPRÉSENTA­TEUR DU JOURNAL DE LA SANTÉ FAIT UN POINT SUR LA PROCÉDURE.

- Par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

Il a filtré des diverses réunions des présidents de club que certains s’interrogen­t et s’inquiètent pour la santé de leurs joueurs lors de la reprise de l’entraîneme­nt. Des questions légitimes puisque le covid-19 n’a pas fini de livrer ses vérités. C’est la première constatati­on de Régis Boxelé, médecin du sport à l’Institut médical

du sport santé à Paris : « Il faut bien avoir à l’esprit que nous en apprenons tous les jours sur le covid-19. À partir de là, il faut se baser sur ce que nous savons déjà. Tout d’abord, audelà de trois semaines d’arrêt de l’activité cardiaque, on constate une baisse des performanc­es physiques. En reprenant la compétitio­n trop tôt, on s’expose à des blessures qui n’auront rien à voir avec le coronaviru­s mais à l’absence d’activité pendant trop longtemps. »

C’est bien le premier problème des clubs profession­nels actuelleme­nt car il est difficile pour les joueurs de s’entretenir en restant chez eux, d’autant plus qu’une activité intensive n’est pas non plus préconisée : « Il ne faut pas que le programme actuel soit trop intense, pour ne pas entraîner une baisse des défenses immunitair­es et donc une augmentati­on du risque d’infection au covid-19. Ce serait aussi problémati­que pour s’en débarrasse­r en cas d’infection. Il ne faut donc pas dépasser les 80 % de l’effort maximal ou 80 % de la fréquence cardiaque maximale. C’est du préventif pour les pros qui peuvent continuer une activité physique pas trop intense. Mais attention, il ne faut pas dépasser une heure par jour, et il est préférable de faire deux séances de trente minutes tout en s’hydratant bien. »

UNE REPRISE SOUS CONDITIONS

Reprendre une activité intense dès la fin du confinemen­t ne paraît pas être la meilleure idée selon Régis

Boxelé : « On sait maintenant que l’on peut avoir des formes complèteme­nt asymptomat­iques, entre guillemets, dormantes, donc ce serait aussi une hérésie de reprendre le sport d’emblée, puisque cela entraînera­it un dépassemen­t des 80 % de la fréquence cardiaque sans être en pleine possession de ses moyens physiques. Et si on est porteur sain, on peut continuer de le donner et contaminer alors ses coéquipier­s. »

La reprise tant attendue par les clubs devra véritablem­ent ressembler à la remise en route qu’ils connaissen­t d’ordinaire au mois de juillet, bien

avant le début des compétitio­ns : « Il faudra refaire un bilan complet, similaire à ceux du début de saison, au niveau cardiaque, au niveau respiratoi­re au moins pour les gens qui ont été touchés, pour voir s’il n’y a pas de séquelle respiratoi­re. Il faut pouvoir savoir si on se retrouve avec le même système cardio-respiratoi­re qu’avant. Si un joueur a connu un épisode totalement asymptomat­ique, il serait étonnant qu’il ait des séquelles, ou qu’il développe des problèmes cardiaques. Mais on parle de quelqu’un qui n’aurait pas eu de toux, de fièvre ou de déficit respiratoi­re pendant cette période. A contrario, quelqu’un qui aura eu une simple fièvre ou même une légère toux, probableme­nt qu’il faudra refaire toute la batterie d’examens et s’appesantir encore plus sur les examens respiratoi­res. »

Il faudra alors que les clubs prévoient quelques jours de travail avec le staff médical avant que les joueurs ne retrouvent le terrain pour des séances intensives. Un principe de précaution qu’il serait impensable de galvauder après le confinemen­t. ■

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