« À quoi ça rime ? »
Écoutez, moi je trouve ça drôle. Ça fait partie du jeu des provocations entre joueurs de première ligne, entre avants. Parfois, on se plaint de l’aseptisation du sport. Heureusement qu’il reste des moments comme ça. C’est comme les boxeurs qui se branchent avant les combats. Quand quelqu’un a voyagé toute sa vie en première ligne, comment veux-tu qu’il soit en harmonie avec un membre de la commission de discipline, calé dans son fauteuil Chbesterfield au premier étage d’un pub. Marler est un gars qui me plaît. Il est dans la provocation. Il me fait penser à Serge Simon. Je veux bien qu’on fasse attention. Mais franchement, ces sanctions, à quoi ça rime ? Dix semaines, quinze semaines. Faut arrêter ! Dans quel boulot, on va te priver de dix semaines d’activité ? Attention, s’il y avait eu violence, je ne dis pas. La sévérité aurait été nécessaire. Mais là, cette affaire, c’est du théâtre. Et ça fait bosser tout le monde, la télé, les journalistes. C’est ce genre de joueur qui entretient le film de notre rugby, par ce mélange d’humour et de rudesse. Pour moi, c’est un esprit de finesse et de rigolade, au milieu du combat. Je me souviens aussi de ce qu’a fait Joe Marler vis-à-vis de Haouas en lui offrant son maillot après France-Angleterre.
À mon époque, les provocations étaient plus tribales, c’est sûr. Était-ce mieux ou pire ? Je ne sais pas. Mais dans le cas de Marler, il faut relativiser tout ça. Ce qui se passe sur le terrain, c’est un truc entre combattants, entre poilus.