Midi Olympique

« Le monde s’est transformé et nous avec »

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Une main aux testicules… A priori, ce n’est pas ce qui m’a amené au rugby… Doit-on néanmoins en rire ou en pleurer ? Est-ce une bouffonner­ie ou une pure disgrâce ? Voici quelques années, l’internatio­nal irlandais Spike Milligan racontait dans ses mémoires avoir été frappé en plein match aux testicules et, alors qu’il s’en étonnait, un de ses coéquipier­s lui avait lâché : « Ne les frotte pas, Spike ;

compte les plutôt ». De fait, le rugby a longtemps été émaillé de ces comporteme­nts à la marge, des comporteme­nts que l’on tolérait pourtant tous. J’ai vu des trains ramenant les Lions britanniqu­es dévastés, à leur arrivée en gare. Je me souviens aussi qu’en 1974, alors que le manager d’un palace en Afrique du Sud faisait remarquer au capitaine Willie John McBryde que le prestigieu­x hôtel qui logeait l’équipe était sens dessus-dessous, Willie répondit : « Et alors ? Y a-t-il eu un mort ? » Mais le monde s’est transformé, messieurs dames. Et je crois que nous devrions aujourd’hui garder l’histoire de nos glorieuses transgress­ions dans un sarcophage, comme le réacteur numéro 4 de Tchernobyl. La police, les possibles investisse­urs, les anxieux parents dont les enfants ont des tonnes d’autres options que le rugby sont tous devenus très vigilants sur ce qu’il se passe sur et en dehors du terrain. Ces spectateur­slà ne doivent pas être considérés comme à la marge. Ils incarnent désormais une branche de notre arbre généalogiq­ue et doivent être traités avec les égards qu’ils méritent. Alors, Eddie Jones aurait dû recevoir une amende pour avoir insulté l’arbitre John O’Keefe et Joe Marler méritait une punition. Parce que plus vous transposez les habitudes de notre vieux monde à la société moderne et plus ceux-ci apparaisse­nt comme indéfendab­les. Le monde a changé, mes amis. Et nous avec.

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