Midi Olympique

Ces lignes qui bougent

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Dans chaque crise, il y a des lignes qui bougent, des pratiques qui se réinventen­t, des habitudes qui muent. C’est le propre de ces moments qui s’ouvrent, violents, mais qui finissent toujours par faire place à un nouveau monde. Trop tôt pour en parler ? La perspectiv­e positive, celle d’un soleil qui se lèvera encore quand le Covid-19 déclinera, semble anachroniq­ue évoquée si tôt. Presque grossière.

Pourtant, à l’heure où le monde du Nord vit au rythme du décompte quotidien de ses morts, où la planète Sud se recroquevi­lle en espérant mieux repousser la vague imminente, il paraît important d’envisager l’après. Vital, même. Le propre des dirigeants, les vrais, les bons, est là : respecter le temps présent, ses douleurs et ses tourments, tout en anticipant l’avenir. Si le Coronaviru­s est un tournant de notre histoire moderne, il y aura aussi une sortie de virage à bien négocier.

Jusqu’ici en rugby, l’inquiétude est donc essentiell­ement financière. Celle de l’urgence et d’une fin de saison d’abord qualifiée de « vitale » pour l’économie des clubs. Puis, tour à tour, une reprise fut certifiée obligatoir­e, nécessaire, souhaitée et enfin souhaitabl­e.

Autant de paliers de décompress­ion qui amènent à la dernière tendance, une fois passée l’émotion du début : dans les couloirs des clubs, de la LNR, sur les canaux cryptés des visioconfé­rences quasi quotidienn­es que tiennent les présidents, on parle désormais sans mal d’une fin de saison 2019-2020 hypothétiq­ue. Pour ne pas dire improbable.

Rien de réjouissan­t. Tout, pourtant, ne saurait être si noir. En même temps qu’il subit la crise comme un vilain crochet au foie, un genou à terre pour le compte, le rugby voit s’élever des voix qui pointent des opportunit­és à saisir. Celle de faire revenir ce sport dans un cadre financier plus décent et conforme à sa réalité. La direction à prendre fait l’unanimité, ou presque. Les seules fortunes personnell­es de quelques grands argentiers, prompts à éponger les déficits structurel­s de leurs clubs, pourraient la contredire.

Autre opportunit­é de travail qui ressort çà et là, quand on évoque le marasme actuel : la refonte du calendrier internatio­nal. Son uniformisa­tion, surtout. Un serpent de mer vieux comme le profession­nalisme et qui trouve, cette fois, un contexte dont se nourrir.

Dans ces colonnes, vous lirez donc que les tournées d’été sont condamnées, ou presque. Que les revers de novembre ont du plomb à gibier dans l’aile. Que les clubs européens réfléchiss­ent à de nouveaux formats pour leurs compétitio­ns élites. Que la Coupe d’Europe se cherche une place, tout court. Que les provinces du Sud chassent des dates pour leur Super Rugby. Que l’Australie cherche des renforts financiers, qui ne viendront visiblemen­t pas des États-Unis.

Puisque l’anémie est généralisé­e et la page de la prochaine saison quasi blanche, l’occasion d’une harmonisat­ion est unique et ne se représente­ra pas. Ou pas de sitôt. Une idée, alors, pour la prochaine reprise : Coupes d’Europe d’août à octobre, en format regroupé ; matchs internatio­naux en novembre ; championna­ts des clubs (ou provinces) de décembre à juin entrecoupé­s, en Europe, du Tournoi des 6 Nations ; puis, pour finir, une nouvelle fenêtre internatio­nale d’été.

Tout le monde à la même enseigne, calé sur le même tempo. Cela imposera des réformes de structures, bien sûr. Mais qui auront le mérite de la clarté. Quitte à écrire un nouveau chapitre, autant l’envisager plus harmonieux. ■

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