Midi Olympique

COURSE À OBSTACLES

ALORS QUE PLUSIEURS FÉDÉRATION­S OU LIGUES ONT DÉJÀ ENTERRÉ L’IDÉE D’UNE REPRISE DE LA SAISON EN COURS, LE RUGBY FRANÇAIS CONTINUE DE PLANCHER SUR UN SCÉNARIO PERMETTANT DE SAUVER L’EXERCICE 2019-2020.

- Par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

Les heures, les jours passent et les fans de sport vont de désillusio­n en désillusio­n. Les annonces de report, quand cela est possible, ou alors d’annulation pure et simple, s’enchaînent. La Fédération française de rugby s’est elle aussi résolue à clôturer la saison en cours chez les amateurs. Chez les profession­nels, c’est une course contre un drôle de temps qui n’a toujours pas livré son verdict, alors que la pandémie fait toujours plus de morts en France. Et le fameux pic de l’épidémie n’est toujours pas survenu pour les experts, qui craignent que le nombre de victimes n’explose d’ici l’été. La Ligue n’a pas encore décidé de baisser définitive­ment le rideau et travaille toujours à poursuivre la saison actuelle. Il faut sauver le rugby pro !

Ne pas condamner trop tôt la saison 2019-2020 est louable mais une reprise de la compétitio­n estelle seulement possible ? Plus le temps passe, plus cette hypothèse prend du plomb dans l’aile. Il est d’ores et déjà acquis que les joueurs, confinés à domicile avec quelques exercices physiques relevant de l’entretien pour une durée qui devrait être au minimum de quatre semaines si le confinemen­t était levé le 15 avril, auront besoin d’une préparatio­n digne de ce nom avant d’envisager un retour à la compétitio­n sans risque. « Au-delà de trois semaines d’arrêt de l’activité cardiaque, on constate une baisse des performanc­es physiques. En reprenant la compétitio­n trop tôt, on s’expose à des blessures qui n’auront rien à voir avec le coronaviru­s mais à l’absence d’activité pendant trop longtemps », prévenait Régis Boxelé, médecin du sport à l’Institut Médical du Sport Santé à Paris dès lundi dernier dans les colonnes de Midi Olympique. Il insistait aussi sur la nécessité d’effectuer une batterie de tests au niveau cardiaque et respiratoi­re avant d’envisager un retour à l’entraîneme­nt. Cela va nécessiter une logistique extrêmemen­t lourde en termes de temps et sur le plan financier. Il faut donc le prendre en compte avant d’estimer une éventuelle date de reprise.

À l’heure actuelle, il est aussi impossible de connaître le jour de la fin du confinemen­t qui, pour l’instant, court jusqu’à la mi-avril. Aussi, il est maintenant connu que cela ne signifie pas un retour à la normale. La fin du confinemen­t « ne se fera sans doute pas en une fois, partout et pour tout le monde » prévenait ce mercredi le premier ministre Edouard Philippe. Les regroupeme­nts d’un trop grand nombre de personnes devraient encore être proscrits pour éviter un retour en force de l’épidémie. Ce qui repousse encore la perspectiv­e de revoir du monde dans les stades.

Face à une équation à multiples inconnues, les présidents doivent donc prendre en compte que la reprise du Top 14 pour cette saison ne pourrait vraisembla­blement pas sauver les recettes de billetteri­e. Pour terminer cette saison, il faudrait que tout le monde accepte de jouer à huis clos un championna­t à la formule devenue alambiquée et dont le verdict n’aura que peu, pour ne pas dire pas, de valeur.

NE PAS ROMPRE LA RELATION DE CONFIANCE

En sacrifiant la conviviali­té chère au rugby et sans espoir de se couvrir d’argent ni de gloire, retrouver les terrains pourrait alors être guidé par la volonté de respecter les engagement­s pris auprès du diffuseur. Les présidents des clubs ont pu être échaudés par le souhait de Canal + de suspendre ses paiements des droits TV à la Ligue 1 en raison de l’arrêt du championna­t. Une hypothèse qui ne tiendrait pas, selon nos informatio­ns (lire ci-contre), en raison de la fidélité de la LNR envers le diffuseur historique, qui compte bien lui rendre en assurant le versement de ses droits.

Malgré l’arrivée dans la danse de nombreux concurrent­s, ceux-ci n’ont jamais réussi à mettre la main sur les droits du Top 14. Cela a permis de construire une relation de confiance que Canal + ne souhaite pas rompre, même si la fin de cette saison 2019-2020 ne devait jamais voir le jour. Tout laisse donc à penser que la reprise relève aujourd’hui d’un parcours du combattant, puisqu’elle ne se fera pas sans passer outre de nombreux obstacles. ■

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