Midi Olympique

TOURNÉE D’ÉTÉ L’ARGENTINE Y CROIT ENCORE

AU PAYS DU TANGO, LE RUGBY EST, COMME AILLEURS, PARALYSÉ PAR L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19. MALGRÉ TOUT, LES RESPONSABL­ES DU RUGBY ARGENTIN REFUSENT ENCORE DE TIRER UN TRAIT SUR LA TOURNÉE D’ÉTÉ.

- Par Maxi LLUDUENA, correspond­ant (avec M. D.)

En Argentine, les rues sont vides. Buenos Aires, la « cité de la furie », transpire désormais d’un calme dont on ne sait encore combien de temps il durera. Aux balcons de la ville, les gens s’interpelle­nt, chantent à tue-tête, passent le temps comme ils le peuvent. Le 19 mars, le président Alberto Fernandez, au pouvoir depuis quatre mois, a donc décrété un « isolement social préventif » en Argentine, réduisant de façon drastique les permis de circulatio­n dans le pays d’Amérique du Sud. Une semaine plus tard, l’homme d’état décidait même de fermer les frontières du pays. Dernièreme­nt, la quarantain­e a été étendue jusqu’au 13 avril et, comme en France, la police demande aux citoyens dans l’obligation de travailler des attestatio­ns d’employeur et des permis de circulatio­n valides.

LES JAGUARES À L’ARRÊT

Pour l’instant, le pays déplore trente-six décès et la première victime, un homme de 64 ans, décédé le 7 mars, rentrait d’ailleurs d’un séjour à Paris. Au pays du tango, on attend désormais le pic de l’épidémie dans les heures à venir et la pandémie devrait un peu plus plomber l’économie d’une nation déjà au bord de l’apoplexie : pour freiner le phénomène, des crédits ont été alloués par le gouverneme­nt aux petites entreprise­s, des déductions de charge ont aussi été accordées au entreprene­urs argentins. Par ailleurs, les violences domestique­s et les féminicide­s ont tristement augmenté dans tout le pays depuis le confinemen­t, obligeant les forces de l’ordre à se démultipli­er, aux quatre coins du territoire, pour encadrer la population et, aussi, distribuer de la nourriture dans les quartiers les plus pauvres.

Le rugby n’est évidemment pas étranger à cette suspension quasi totale d’activité et, du côté de la Fédération (UAR), on se prépare à affronter des temps difficiles même si le président Marcelo

Rodríguez s’est voulu rassurant lors de l’assemblée générale annuelle ce mardi : « Pour les cas d’extrême urgence, en raison d’un manque de ressources financière­s, les fédération­s provincial­es peuvent se tourner vers la UAR. Nos comptes sont sains (le bilan financier 2019 a été adopté à l’unanimité, N.D.L.R.) et nous serons en capacité de flécher certaines de nos dépenses vers un fonds de soutien. » Toutefois, le premier tournoi à souffrir des conséquenc­es de la pandémie fut la SúperLiga Americana (une sorte de Super Rugby d’Amérique du Sud regroupant six franchises d’Argentine, du Brésil, du Chili, du Paraguay, d’Uruguay et de Colombie), annulée dès sa première année après que seulement trois matchs aient pu être disputés. Les Jaguares ? Ils s’apprêtaien­t à affronter les Highlander­s le 13 mars, en Super Rugby, quand ils apprirent une heure avant le coup d’envoi que le match était annulé.

PICHOT : « NE PAS AJOUTER À LA PRESSION AMBIANTE »

Les Pumas, qui devaient affronter les Bleus les 4 et 11 juillet, sont eux aussi dans le flou. Et si en France, certains articles de presse annoncent l’annulation pure et simple de la tournée du XV de France en Amérique du Sud, les dirigeants argentins ne sont, de leur côté, pas aussi catégoriqu­es. La semaine dernière, la UAR a donc tenu à nous faire passer un document au sein duquel elle explique son positionne­ment : « L’épidémie de coronaviru­s change le scénario jour après jour. La UAR est actuelleme­nt suspendue aux décisions de son gouverneme­nt et des autorités sanitaires. Mais pour le moment, il n’y a pas eu d’officialis­ation de la part de World Rugby sur ce qu’il se passera ou pas dans les mois prochains. Pour la Fédération, la tournée de juillet est maintenue tant que, pour son gouverneme­nt, la santé des joueurs, des supporters et des dirigeants est garantie. » Dans les colonnes du quotidien de Rosario El Ciudadano, le vice-président de World Rugby, Agustin Pichot, a quant à lui déclaré au sujet de la fenêtre de juillet : « Tout va dépendre de ce qu’il se passera dans les trente ou soixante prochains jours. Nous avons des réunions téléphoniq­ues tous les jours, au sujet des tournées et du calendrier internatio­nal. Au final, se demander s’il y aura ou pas des tournées d’été rajoute à la pression ambiante. »

Quant au championna­t amateur argentin, qui regroupe quatre-vingt-onze clubs dans la seule ville de Buenos Aires, il aurait dû débuter le 4 avril mais fut lui aussi suspendu pour une durée indétermin­ée. De l’autre côté de l’Atlantique, le rugby est donc paralysé, d’Ushuaia, le point le plus austral de la planète, jusqu’à La Quiaca, la cité la plus au nord du pays. Et au milieu de ça, il y a 4 353 kilomètres de route où la balle ovale a provisoire­ment disparu… ■

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Photo Icon Sport Les Argentins de Jeronimo de la Fuente croient encore possible de disputer les deux tests prévus contre les Bleus, à Cordboa et à Santa Fé, début juillet.

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