Midi Olympique

MEITÉ PREND LES DEVANTS

LAISSÉ AU CHÔMAGE PARTIEL PAR SON CLUB, L’US CARCASSONN­E, LE TROISIÈME LIGNE S’EST ENGAGÉ COMME AGENT D’ENTRETIEN DANS UN HÔPITAL PARISIEN.

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Ils sont nombreux, les rugbymen et rugbywomen français, à se trouver actuelleme­nt sur le front sanitaire et qui luttent contre le coronaviru­s. La plupart sont des médecins de formation et de métier, tout au moins des membres des différents corps médicaux. D’autres se sont engagés sur la base de volontaria­t. C’est le cas de Bakary Meité, 36 ans, troisième ligne baroudeur passé (entre autres) par Massy, le Stade français, Béziers et désormais Carcassonn­e. Dans une interview à RMC, le colosse raconte s’être engagé comme agent d’entretien honoraire à l’hôpital Sainte-Périne (Paris 16e). Histoire de soulager les équipes habituelle­ment affairées à cette tâche. « L’hôpital cherchait des gens pour pouvoir faire le ménage, parce que cette période est très dure pour eux. Il manquait du monde. Des gens refusent de venir travailler. Il y a des gens malades. Et puis il y a de gens qui ont peur, tout simplement. »

« CE N’EST PRESQUE PLUS HUMAIN »

Alors, Meité se lève tôt chaque matin, bien qu’il soit au chômage technique de son activité habituelle, joueur de rugby profession­nel à l’US Carcassonn­e. À 7 h 30, il prend son service. Une activité plus physique qu’il ne peut y paraître. « Je fais près de 10 km dans les couloirs de l’hôpital, 13 000 pas pour être exact. […] En arrivant, il y a huit jours, j’ai récupéré un seau et du produit désinfecta­nt. Je fais tremper des chiffons, environ 40 ou 50 dans le produit, au sous-sol. Et là, j’attaque. Il y a plusieurs bâtiments : Rossini, Saint-Périne et Chardon. Je désinfecte tout, dans deux des trois bâtiments. Je nettoie tout ce qui est à portée de la main. Les rampes, les interrupte­urs, les poignées de portes, les fenêtres, les tours de fenêtre… À chaque étage, il y a trois maisons. Une maison, c’est une dizaine de chambres. Et des postes de soin. »

Cet engagement est bénévole, volontaire et force le respect, surtout dans une tâche aussi ingrate. « Ce n’est pas dégradant. Parce que c’était le boulot de ma mère pendant 30 ans. Très honnêtemen­t, c’est dur. Mais je reçois tellement de remercieme­nts de la part des aides-soignantes… C’est très valorisant » promet-il. Son activité nouvelle n’est pourtant pas dénuée d’heures de souffrance­s. « Il y a des gens très mal en point. Tu vois des choses, tu entends des bruits. Des sons que je ne pensais pas entendre un jour. Ce n’est presque plus humain. Les gens sont en souffrance. Le dernier étage, ce sont les soins palliatifs. Il y a des râles, des pleurs, des grognement­s, des visages déformés par la douleur. C’est dur. » Meité l’affronte, sans rien réclamer, seulement au service des autres. Respect. ■

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Photo Twitter USC

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