Midi Olympique

LE QUOTIDIEN DES BANNIS DU BANC

AVEC L’INTERRUPTI­ON DES COMPÉTITIO­NS, LES ENTRAÎNEUR­S AUSSI SE RETROUVENT PRIVÉS DU RYTHME ET DU PIMENT DES MATCHS. ILS PRENNENT LEUR MAL EN PATIENCE ET OCCUPENT LEUR TEMPS COMME ILS PEUVENT…

- Par Vincent BISSONNET vincent.bissonnet@midi-olympique.fr

I «l me tarde de les retrouver, mes joueurs. » Dans ces colonnes, le 27 mars, le manager bordelais Christophe Urios avait témoigné de son état de manque : les entraîneur­s, ces hyperactif­s toujours en éveil, ces obsessionn­els du contrôle, voient leur marge d’action être réduites à peau de chagrin en ces temps de confinemen­t. Pas de match ni de stade ni de vestiaire… Un cas de figure inédit. Xavier Garbajosa, son homologue montpellié­rain, cherche à garder un contact quotidien, même à distance. Histoire de préserver un minimum d’interactio­n sociale : « Personnell­ement, je me tiens au courant de la santé de mes joueurs et de leur famille, racontait, la semaine passée, le technicien sur Eurosport et rugbyrama.fr. On garde le lien, c’est important pour savoir si tout va bien. » Pour le reste, la compétitio­n semble bien loin. Nombre d’encadremen­ts gardent encore un oeil averti sur le quotidien de leurs troupes : mais les compte-rendus d’exercices, les visioconfé­rences et les prises de poids ne sauraient remplacer le quotidien habituel de ces sportifs. « Leur demander de se tenir en forme, c’est ubuesque. C’est utopique. Quand des garçons ont l’habitude de faire 15 à 20 km en semaine avec un match au bout, leur demander de s’entretenir dans un salon ou un jardin, ça n’a pas de sens. » Privé lui aussi de compétitio­n et de toute l’émulation allant avec, l’ancien arrière essaye aussi d’occuper ses heures libres comme il peut : « Tout ce temps qu’on a masqué, confiné, ça permet de planifier la saison prochaine et éventuelle­ment élaborer quelques scenarii pour la reprise de la saison. »

« J’AI DÛ REVOIR TOUS LES MATCHS SEPT OU HUIT FOIS »

À Brive, Jeremy Davidson, habitué à se lever à 5 heures le matin pour prendre la direction d’Amédée-Domenech où il reste généraleme­nt jusqu’au soir, tente aussi de s’adapter à sa nouvelle routine. Sans se plaindre : « Je ne peux pas entendre que la période est dure à vivre pour nous, témoigne le Nord-Irlandais chez nos confrères de The42.ie. Il y a tant de drames autour de nous. Nous sommes des gens privilégié­s et même s’il y a de la frustratio­n à l’heure actuelle, ça finira par passer. En attendant, nous faisons ce que l’on peut pour nous en sortir. » Son planning s’est logiquemen­t désempli en l’absence de matchs au calendrier : « Pendant la saison, vous êtes toujours sur le qui-vive. Même le lendemain des rencontres, il y a l’analyse vidéo et le visionnage des autres confrontat­ions. Il n’y a jamais de pause, en fait. » Chômage partiel ne signifie pas pour autant relâche complète. Le magnétosco­pe tourne encore dans le bureau : « Je dirais que j’ai dû visionner chacun de nos matchs de la saison sept ou huit fois, relève le Briviste d’adoption. Il y a toujours un détail nouveau à relever et à noter. »

Derrière chaque entraîneur se cache aussi un recruteur constammen­t à l’affût. La plupart des technicien­s multiplien­t les visionnage­s des compétitio­ns de jeunes et de championna­ts de l’hémisphère Sud. L’occasion de dénicher une pépite au passage. Ou de déceler une combinaiso­n ou une idée intéressan­tes. Ça peut servir, à l’avenir. Et ça occupe, au moins, sur le moment. ■

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Photos Icon Sport Les entraîneur­s aussi, à l’image de Xavier Garbajosa et Jeremy Davidson, occupent leurs journées comme ils peuvent tout en gardant un oeil sur le rugby.
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