AU NOM DES FAIBLES
L’ARGENTIN, VICE-PRÉSIDENT DE BILL BEAUMONT, EST OFFICIELLEMENT CANDIDAT À LA SUCCESSION DU DIRIGEANT BRITANNIQUE. VOICI LES GRANDES LIGNES DE SON PROGRAMME...
Agustin Pichot, 45 ans, est le vice-président de Bill Beaumont à World Rugby depuis quatre ans. Il est désormais officiellement candidat à la succession de l’Anglais, lequel fera route aux côtés de Bernard Laporte. En rupture totale avec l’actuel patron de World Rugby, en froid avec la mouvance celte qu’il estime omnipotente sur la planète ovale, le Petit Napoléon fera donc route seul et plaidera la cause de ceux qu’il estime comme les grands oubliés du monde du rugby. « Je suis là pour faire grandir et développer mon sport, pas pour protéger les six nations les plus fortes, nous expliquait-il au
Japon, en octobre dernier. Mon combat de dirigeant, il a commencé avec l’Argentine après le Mondial 2007 : nous n’apparaissions dans aucun calendrier de World Rugby, tout le monde se foutait de nous. Après que l’on ait intégré les Four Nations, j’ai constaté que le problème était le même pour les Etats-Unis, le Canada ou l’Uruguay : alors, j’ai créé l’America Rugby Championship. Je me suis toujours battu pour les plus faibles. »
Pour Agustin Pichot, la gouvernance actuelle ne partage pas suffisamment le pouvoir et les bénéfices des Coupes du monde. Pour l’ancien capitaine des Pumas, le rugby est encore trop traditionaliste, trop replié sur lui-même, trop « old school », dirait-on dans un horrible anglicisme. Fait-il du populisme ? Est-il démago ? « Je
n’ai pas besoin du rugby pour vivre, nous disait-il récemment. De l’argent, j’en ai. La célébrité, je l’ai eue. Si je fais tout ça, c’est juste parce que j’aime mon sport plus que tout au monde. »
DE « L’AMOUR POUR TOUTES LES FÉDÉRATIONS »
Sur la planète rugby, ses opposants disent de Pichot qu’il est un « utopiste », un « rêveur », voire un « dangereux ». Est-il assez soutenu pour inquiéter Beaumont et Laporte ? Là est la question, tant la coalition franco-anglaise semble avoir aujourd’hui séduit les plus grandes nations de ce jeu, la Nouvelle-Zélande exceptée, le directeur de la NZRU (Steve Tew) étant très proche du dirigeant argentin. Dans son programme intitulé « Togetherness » (« unité », lire ci-contre), l’ancien demi de mêlée du Stade français plaide pour un monde ovale « plus juste », « un même amour pour toutes les fédérations » et des « bénéfices commerciaux mieux répartis » ; il s’en prend aussi au nombrilisme de la « bureaucratie » et, pour gagner de nouveaux territoires, propose que les plus grands joueurs de rugby embrassent dès demain le rôle d’ambassadeurs et parcourent la planète pour prêcher la bonne parole. Le discours est séduisant. Est-il réaliste ? C’est un autre débat.