Midi Olympique

LA LIGUE MARCHE SUR UN FIL

LA LNR SAIT QU’IL FAUDRA JOUER D’HABILETÉ POUR PARVENIR À UN ACCORD ENTRE TOUTES LES PARTIES (CLUBS, JOUEURS, AGENTS, INSTITUTIO­NS), TOUTES SE POSITIONNA­NT À TITRE INDIVIDUEL MAIS ÉGALEMENT PAR LE BIAIS DE LEURS SYNDICATS. DRÔLE DE CONTEXTE POLITIQUE, FAC

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Le dossier de la baisse des salaires, en cours à la LNR aux côtés de nombreux autres, a été le sujet de vives tensions lors de la réunion de mercredi dernier, regroupant tous les décideurs du monde profession­nel. Premier objet de ces frictions : alors que les joueurs sont évidemment concernés au premier plan, Provale, syndicat majoritair­e dans la représenta­tion desdits joueurs, n’a pas été convié à la table de la première réunion pour aborder le sujet, ce vendredi. Un choix stratégiqu­e du côté de la LNR, qui souhaite segmenter les discussion­s, en tout cas les plus stratégiqu­es. Pour justifier cette absence, la Ligue avait donc pris soin de ne pas inscrire la baisse des salaires à l’ordre du jour de cette première réunion, se contentant de « l’impact sur l’activité des agents sportifs ».

Car, ce vendredi, c’est aussi la première fois qu’un autre syndicat faisait son apparition à une table de négociatio­ns. Il s’agit d’Intervals, représenta­nt les agents de joueurs, également concernés par d’éventuelle­s baisses de salaires.

Qu’est-il donc ressorti de cette première réunion ? Rien de concret, cette visioconfé­rence ayant une valeur seulement consultati­ve, pas décisionna­ire. Si le sujet de la baisse des salaires - ignoré de l’ordre du jour mais central - est évidemment vite venu sur la table, chacun a surtout échangé sur des propositio­ns pour solliciter d’autres mécanismes économique­s des clubs. Pour faire clair : s’il ne fait plus grand doute qu’une participat­ion aux efforts financiers sera demandée aux joueurs du Top 14 et Pro D2, ce ne pourra pas être le seul levier d’économie pour les clubs. Une ligne directrice d’ailleurs clairement posée la veille par le ministère des Sports, en réunion face aux différents organismes représenta­tifs du sport profession­nel hexagonal (football, rugby, basket-ball, handball et volleyball) : « La rémunérati­on des acteurs ne peut et ne doit en aucun cas être l’unique variante d’ajustement budgétaire. » De quoi atténuer les rumeurs les plus folles et qui couraient ce week-end, faisait état de coupes dans les salaires allant jusqu’à 50 % des rémunérati­ons.

UN QUASI-CONSENSUS ET DES AVANCÉES CE LUNDI

Cette baisse des salaires et le mécanisme qui lui sera associé seront plus concrèteme­nt débattus ce lundi, lors d’une commission paritaire à laquelle participer­a cette fois Provale (joueurs)… mais pas Intervals (agents) ! Encore une fois, une volonté de segmenter les interlocut­eurs pour gagner en productivi­té. Et garder la main, autant que possible, sur un sujet hypersensi­ble et qui monopolise toutes les attentions, à égalité avec les scenarii d’une éventuelle reprise.

Un avantage, toutefois, concernant la baisse des salaires : c’est l’un des rares sujets où il y a une quasi-unanimité, du côté des présidents. Au moins sur le fond. Sur la forme, il reste à s’accorder sur l’ampleur de la baisse. Pas simple. « Là encore, les débats sont houleux car chacun défend son intérêt personnel et propose des solutions à ses propres problèmes, qui ne vont pas forcément dans le sens de l’intérêt général », confie l’un de ces présidents. « Certains disent voir dans la crise actuelle une occasion de revenir à une économie raisonnabl­e, certes. Mais ils ne ciblent que les salaires de leurs joueurs. Ils ne prennent pas le problème de l’économie du rugby dans sa globalité. Le péril est là : il ne faudrait pas que certains se servent de la situation pour rectifier leur folie des grandeurs d’il n’y a pas si longtemps. »

Un tacle directemen­t adressé à Thomas Lombard, sans le nommer. Chaude ambiance. L’ancien ailier internatio­nal, désormais DG du Stade français, fut parmi les premiers à avoir réclamé ces baisses de salaires. Une position légitimée par la situation de son club, qui a dépensé sans compter ces dernières années pour s’attacher les services de joueurs « stars ». Une situation que Lombard subit aujourd’hui, alors qu’il n’était pas aux manettes à l’époque la plus dépensière de son club. Mais qui situe bien la difficulté des débats qui s’ouvrent : comme pour tous les sujets depuis le début de la crise, il y a autant de clubs que d’intérêts divergents.

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