Midi Olympique

« Les critères de taille et poids ne sont pas fiables »

- Propos recueillis par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

La Fédération a-t-elle déjà étudié la possibilit­é de mettre en place des catégories de taille et de poids ?

Beaucoup de nations s’y intéressen­t. Nous avons beaucoup échangé avec l’Australie qui est aussi dans cette réflexion. Nous avons regardé les études faites là-bas mais aussi en Nouvelle-Zélande où ce système est en place dans certaines provinces. Nous avons aussi fait une étude en France, avec l’université de Toulon et nous travaillon­s aussi avec l’université de Clermont et l’ASM sur ce sujet.

Quels sont les résultats ?

Ces études mettent en avant plusieurs choses. Tout d’abord, il ressort que les catégories de taille et de poids ne représente­nt pas la puissance physique. On a des joueurs grands et lourds qui n’expriment pas de vitesse ni de puissance. Ce sont donc des joueurs qui ne sont potentiell­ement pas dangereux. Au contraire, ils pourraient se retrouver en danger dans une catégorie de poids avec beaucoup de joueurs puissants. Les critères taille et poids ne sont donc pas forcément très fiables. Aussi, l’étude de Toulon a fait ressortir que les jeunes qui jouent au rugby ne sont pas dans la moyenne nationale. Il faut arriver à construire des tables de taille et de poids spécifique­s car nous avons 60 % de nos joueurs, selon une étude faite sur les moins de 15 ans de Côte d’Azur, qui seraient considérés comme obèses. Pourtant, ils ne le sont pas mais ils ont une densité bien supérieure à la moyenne nationale. Autre aspect, selon une étude néozélanda­ise, le classement par taille et poids pose un problème pour certains enfants qui ne sont pas au même âge psychologi­que qu’avec ses partenaire­s ou adversaire­s. C’est comme un enfant à qui ont fait sauter une classe, ce n’est pas toujours une réussite.

Quels sont les axes de travail alors du côté de la direction technique nationale ?

Au regard de tout ça, nous travaillon­s avec Clermont sur la maturité du joueur pour proposer de nouvelles mesures à partir de la saison 2021-2022. On trouve des gamins avec des gabarits tout à fait normaux mais qui sont capables de développer une telle puissance qu’ils sont quand même des joueurs dominants. J’en parle facilement puisque cela a été le cas de mon fils Arthur quand il était jeune. Ils sont capables de développer une telle puissance qu’ils peuvent mettre d’autres joueurs en danger malgré un gabarit tout à fait normal. Notre idée est donc de proposer des surclassem­ents ou des sous classement­s qui nous paraissent plus adaptés à des catégories de taille et de poids. La Nouvelle-Zélande doit gérer des physiques hors-norme car les Maoris et les Polynésien­s, qui sont très représenté­s dans leur population, ont des profils athlétique­s très différents des gens d’origines européenne­s. Nous avons quelques gamins hors normes mais nous en avons peu à gérer pour l’instant. Nous allons donc privilégie­r la maturité psychologi­que et physique tout en ayant quelque chose de relativeme­nt simple à mettre en place chez nous.

Qui va décider des surclassem­ents ou des sous classement­s ?

On va donner fournir un protocole à suivre avec plusieurs papiers à remplir pour valider un surclassem­ent ou un sous-classement qui sera aussi étudié avec la commission médicale régionale. Mais le but est de pouvoir offrir cette opportunit­é-là aux clubs, qui vient renforcer un ensemble de mesures déjà prises avec le plaquage à la taille, la fin du passage en force, et l’obligation de faire du jeu à toucher chaque saison. Tout cela doit permettre un développem­ent assez harmonieux des joueurs et des joueuses pour éviter d’avoir un jeu basé sur l’affronteme­nt qui était apparu dans nos écoles de rugby par mimétisme du Top 14. Enfin le personnage clé de ce projet est l’éducateur qui peut s’adapter pour intégrer les nouveaux joueurs qui n’ont pas encore de repères. Par exemple, avec tous les joueurs sur le terrain, il peut décider que le débutant va jouer à toucher au milieu des autres qui jouent à plaquer, en attendant qu’il travaille le plaquage à travers des ateliers spécifique­s. C’est un vrai challenge car il faut que ce soit simple et efficace.

« Notre idée est donc de proposer des surclassem­ents ou des sous classement­s qui nous paraissent plus adaptés à des catégories de taille et de poids. […] Nous allons privilégie­r la maturité psychologi­que et physique tout en ayant quelque chose de relativeme­nt simple à mettre en place chez nous. »

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