Midi Olympique

« Valoriser des déchets qui ne l’étaient pas »

FABRICE METZ - Deuxième ligne de Pau IL EST AUSSI UN CHEF D’ENTREPRISE QUAND IL N’EST PAS SUR LE TERRAIN. PASSIONNÉ PAR LE BOIS APRÈS UNE FORMATION D’ÉBÉNISTE, IL A MISÉ SUR CE MATÉRIAU ET PROPOSER UNE NOUVELLE FILIÈRE DE VALORISATI­ON.

- Propos recueillis par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes devenu chez d’entreprise dans le bois énergie ?

J’ai effectivem­ent une double casquette avec une entreprise de bois énergie. J’ai toujours été en forêt avec mes frères et mes parents pour faire le bois de chauffage de la maison. Mes premiers pas ont eu lieu en forêt, dans vingt centimètre­s de neige en Alsace pendant que mon père faisait le bois de chauffage. J’ai toujours été en forêt. Depuis presque vingt ans, on s’est déclaré comme micro-entreprene­ur pour vendre du bois de chauffage, de la bûche aux particulie­rs. Je suis ensuite parti au centre de formation du Racing. Pendant un an et demi, je n’ai pas beaucoup joué même si j’étais sur les feuilles de matchs. La situation me rongeait jusqu’au jour où je suis tombé sur une étude de marché qui laissait entrevoir que la plaquette forestière et la bio masse en général allaient être un marché porteur dans les prochaines années. J’ai fait des études de menuisier ébéniste car j’ai toujours été passionné par le bois et ça m’a donné l’idée de me lancer là-dedans. J’ai proposé l’idée à mon frère Olivier, s’il voulait que l’on s’associe pour pouvoir investir dans une machine pour pouvoir faire de la plaquette forestière. On a fait évoluer notre microentre­prise en SAS et trouvé une machine d’occasion. Pendant que l’on faisait toutes ces démarches, j’avais été prêté à Oyonnax et j’ai eu un accident sur une mêlée. Je suis sorti sur une civière et ça m’a renforcé dans l’envie de maîtriser mon avenir. Le rugby peut s’arrêter du jour au lendemain donc il faut savoir quoi faire de ses dix doigts. On a donc investi 400 000 euros pour acheter une déchiquete­use à bois pour faire de la prestation de service et ainsi créer de la plaquette forestière. Ça fait quatre ans maintenant.

Expliquez-vous ce qu’est exactement la plaquette forestière ?

La plaquette forestière, ce sont tous les déchets forestiers qui n’étaient jusqu’alors pas vraiment valorisés, car la filière n’existait pas vraiment. Ce sont des bois qui n’étaient pas exploités, des grosses branches, des morceaux tordus de tous les côtés, des bois qui font des gros noeuds. On ne peut pas faire de meubles ni de palettes avec ces bois-là. Ils sont inexploita­bles dans ces filières-là. On récupère donc ces déchets qui ne servaient à rien. On les broie et on fait de la plaquette forestière, c’est-àdire des copeaux de bois qui servent à alimenter des chaufferie­s industriel­les ou des chaufferie­s collective­s pour chauffer des habitation­s. Aujourd’hui, de plus en plus de chaufferie­s se montent par rapport à ça car c’est une matière première qui est assez abondante dans beaucoup de régions de France.

Quels sont tous les avantages de ce procédé ?

Il existe plusieurs avantages. Les grosses chaudières industriel­les, avec cette matière-là, créent de la chaleur et donc de la vapeur d’eau. Cette vapeur d’eau peut être utilisée dans des procédés industriel­s mais elle peut aussi servir pour faire de l’électricit­é en montant un alternateu­r sur une turbine. Ce sont les chaufferie­s dites de cogénérati­on, qui permettent de produire de la vapeur d’eau pour produire de l’électricit­é tout en s’en servant dans le processus industriel. La même énergie a deux utilités. C’est donc très écologique.

Et pour la forêt, estce que cela change quelque chose ?

Il faut entretenir la biomasse. C’est-à-dire qu’il faut entretenir la forêt pour en tirer le meilleur et permettre qu’elle se régénère. Le bois est une ressource qui repousse derrière donc si on fait ça convenable­ment, il y aura toujours de la matière pour nous chauffer et obtenir de l’électricit­é plus ou moins verte. Cette matière que nous prélevons pourrissai­t en forêt. Je veux bien faire comprendre que l’on ne ramasse pas tout. On en laisse une partie pour la bio diversité et continuer de créer de la matière organique qui est nécessaire pour que la forêt continue de se nourrir et de se développer.

Cet engagement écologique était-elle une priorité dans votre démarche ?

Tout ce que l’on fait à la planète n’est pas forcément bon. Il suffit de regarder autour de soi. Quand on regarde d’autres pays, comme l’Allemagne et les pays scandinave­s qui ont mis beaucoup de choses en place pour préserver la planète, je me dis que l’on devrait prendre exemple sur eux car nous sommes encore loin de ce qu’ils font. On a tous envie de protéger ce qui nous est cher, c’est-à-dire la planète et éviter tout ce qui se passe avec le réchauffem­ent climatique. Depuis tout temps, l’homme a utilisé le bois pour se chauffer et cuisiner donc pourquoi arrêter d’utiliser le bois pour faire des choses que l’on faisait ainsi depuis des milliers d’années. C’est pour ça que je crois qu’il est important d’utiliser 100 % des ressources d’un arbre : ses racines, son tronc, ses branches. Il n’y a ainsi plus de déchet et cela permet de préserver la planète. Il faut bien comprendre que le bois que l’on utilise est inexploita­ble par les autres filières.

Depuis le début de votre activité il y a quatre ans, sentez-vous que les choses évoluent dans le bon sens ?

Je constate que les appels à projets sont de plus en plus nombreux. Il y a des chaufferie­s qui se montent petit à petit. C’est un marché qui se développe. Aujourd’hui, en énergie renouvelab­le, vous pouvez utiliser l’éolien, le solaire, l’hydroélect­rique et je pense que la biomasse, notamment la plaquette forestière, peut devenir quelque chose d’important pour fabriquer de l’électricit­é verte, tout comme la méthanisat­ion avec des déchets bio-organiques.

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