Midi Olympique

La grande menace

TOUT LE RUGBY PRO DEVRA ÊTRE TESTÉ AVANT UNE REPRISE PROGRESSIV­E. DES DÉLAIS QUI POURRAIENT METTRE À MAL LES ESPOIRS DE REPRISE EN AOÛT.

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Lundi denier, les médecins des clubs profession­nels français se sont réunis une première fois autour du docteur Bernard Dusfour, responsabl­e de la commission médicale de la Ligue. Quand les présidents réfléchiss­ent à la reprise par le prisme du « quand », les docs se posent la question du « comment ». À savoir : quel protocole accompagne­ra les joueurs du Top 14 et Pro D2 à leur reprise ? « Pour l’instant, difficile de vous répondre avec précision. Nous travaillon­s sur ces protocoles. On devrait en savoir plus dans les jours à venir », glisse Elliot Rubio, médecin du Stade français. Le sujet présente un avantage par rapport à celui qui occupe les présidents : les « docs » travaillen­t dans un climat de consensus. Lequel douche l’enthousias­me né à la Ligue avec un scénario de phases finales en août.

Si le protocole est à affiner, on connaît les grandes lignes. Quand la pratique sportive sera autorisée, les joueurs devront d’abord en passer par des tests sérologiqu­es. Objectif : déterminer s’ils ont été contaminés. Les joueurs testés négatifs seront autorisés à reprendre. Les autres seront dirigés vers des structures hospitaliè­res pour y subir un électrocar­diogramme, une échographi­e cardiaque et un test à l’effort. Lesquels déterminer­ont leur capacité éventuelle à reprendre rapidement.

Passé ce premier tri, en guise d’entraîneme­nt, il sera seulement question de préparatio­n physique et par petits groupes. « Sans doute à trois, quatre ou cinq joueurs seulement. De manière à ce que, si un joueur est infecté, il ne contamine pas l’ensemble de l’effectif », poursuit Rubio.Tous les joueurs seront d’ailleurs testés régulièrem­ent, afin d’isoler au plus vite les porteurs. Dans le meilleur des cas, celui où les effectifs ne seraient pas contaminés, les groupes seront ensuite élargis, étape après étape. Par dizaines de joueurs, puis par entraîneme­nts séparés entre avants et trois-quarts. Avant d’en venir à des entraîneme­nts en effectif complet.

RUBIO : « IL FAUDRAIT ENVISAGER UN TROISIÈME SCÉNARIO… »

Combien de temps pourrait durer ce processus ? « Difficile à affirmer à ce stade. Finalement, nous savons encore assez peu de choses de ce virus. Mais cela va se compter en semaines. » De quoi mettre à mal les espoirs de voir des équipes totalement prêtes début août, alors que les joueurs et les secteurs sportifs réclament jusqu’à huit semaines pleines de préparatio­n. D’autant que le rugby est un sport où le contact est omniprésen­t. Tout ce qu’il faudrait proscrire. « Nous sommes dans un sport qui engendre un contact physique toutes les deux secondes ou moins, avec des joueurs qui crachent, saignent, transpiren­t, salivent. La compétitio­n, je le redis, ce n’est pas la peine d’en parler pour l’instant », cinglait, le weekend dernier, Franck Azéma. Son ancien docteur abonde en ce sens : « J’ai bien vu les annonces de la Ligue et les deux scénarios de reprise pour pouvoir jouer les phases finales. Je comprends aussi les pressions financière­s qui pèsent sur les clubs. Mais notre point de vue médical nous pousse à envisager très sérieuseme­nt un troisième scénario : celui où on ne rejouerait pas en août et où il faudrait peut-être repousser la reprise de la saison prochaine, prévue en septembre. C’est tout l’objet de nos discussion­s en cours, entre médecins, à la Ligue. » ■

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