Rugby confiné, libéré, vacciné
On sera tous d’accord : rugby et distanciation sociale, c’est fort compliqué. Pas de contact à moins de deux mètres pour, justement, un sport de contact, dont le symbole est la mêlée, potentiellement contaminante. De même le plaquage, les rucks. Même le ballon, nettoyé avec une serviette par les talonneurs lors des touches, devrait être passé au gel hydroalcoolique ; le demi de mêlée, jouer avec des gants. Baste, il ne nous resterait que le cadrage-débord. On est mal, les gars, on est mal ! Ce moment est aussi un révélateur de nos personnalités. Introspection quasi obligée. Les âges aussi sont actualisés de manière insistante. Pour les plus anciens, craintes de la contamination et surtout de la réanimation ! Pour les plus jeunes, désir des libertés perdues à retrouver au plus vite. La scolarité pour les enfants et la bande, actuellement uniquement virtuelle, pour les ados. Il nous reste la lecture et merci au « Midol » des souvenirs.
Les « bastonnades » célèbres, les interview avec un arbitre si sympa que l’on supportera, un jour béni, ses décisions même irritantes. JeanPierre Rives qui est la représentation parfaite de l’amitié et on attend la suite. Merci, camarades postiers, de ne pas trop décaler les arrivées car déjà que l’on a du mal avec ce nouveau temps qui passe, votre participation au confort psychique passe par votre travail. Comme les soignants géniaux (merci M. le docteur-arbitre), le maintien de vos services participe à la lutte contre le virus.
La question qui, sans cesse, nous préoccupe, liée au déconfinement, c’est reprise or not reprise des compétitions. Cuit, pour le Tournoi. Il se déroulait au coeur même de la mise en place de cette « damned » pandémie. En plus, son intérêt spécifique, c’est sa durée de vie : on joue et on oublie pour le retrouver l’année suivante. Vous souvenez-vous du Tournoi 1978, 1977 ? Donc celui-là sera englouti dans le prochain. Plus complexe est le championnat. Mais on peut aussi se souvenir qu’en 1968, Lourdes fut sacré malgré le match nul avec le RCT d’André Herrero. Sur le Bouclier, il faudra attendre 1987 pour que Toulon s’inscrive après les vainqueurs de 1931 ! Voilà donc une temporalité différente.
Sans doute, si reprise il y a (bien hypothétique, du fait, d’abord des précautions médicales lues sur le journal, pour la reprise des entraînements et sur le fait que ne pourraient jouer que des immunisés, testés), on pourrait imaginer des phases finales jouées par toutes les équipes, à huis clos mais diffusées gratuitement par Canal. Mais quand ? Ou alors, Bordeaux est sacré et son nom gravé sur le « bout de bois », les supporters le fêteront plus tard. Pour la tournée, bien difficile aussi, à glisser au milieu de ce calendrier invisible pour l’instant. En même temps (propos de présidents), le nôtre propose un championnat mondial des clubs. On s’inscrit bien là dans la question économique mais comment auront survécu les différentes fédérations et surtout les économies nationales ? Les Coupes d’Europe enfin, c’est peut-être le plus simple avec demi-finales et finales dans la foulée comme un cadeau de Noël ?
Mais la santé d’abord et la clef de la libération et des retrouvailles de notre rugby, c’est le vaccin pour tous : joueurs, arbitres, éducateurs et nous, les spectateurs. Le jour où l’on se foutra des masques, que l’on s’enlacera lors d’un essai et qu’on se retrouvera sans excès autour d’un demi, alors le rugby ne sera plus confiné mais libéré et vacciné.