Midi Olympique

FÉDÉRALE 1 LE GRAND CHANTIER

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

LES AMATEURS N’ÉCHAPPENT PAS À LA CRISE : SÉCOUÉE PAR DES DIFFICULTÉ­S FINANCIÈRE­S, LA FÉDÉRALE 1 EST PLONGÉE DANS L’INCERTITUD­E. ET SON AVENIR À 60 CLUBS POSE QUESTIONS...

Une simple interrogat­ion, pour commencer : est-il encore possible aujourd’hui de définir la Fédérale 1 comme une élite amateur ? Vous l’aurez bien compris, se poser la question équivaut ben évidemment à y répondre… D’abord parce qu’il y a belle lurette que la Fédérale 1 ne saurait être considérée comme amateure (sa singularit­é consistant plutôt aujourd’hui à parfois opposer des profession­nels à des amateurs), et parce qu’avec désormais 60 clubs sur la ligne de départ, il devient même impossible de parler d’élite… « La Fédérale 1 est tout de même censée être l’élite amateur, alors parler d’une élite à 60 clubs, c’est compliqué, nous soufflait le président du CS Bourgoin-Jallieu Henri-Guillaume Gueydan. Les mauvaises langues diront aussi qu’en cette année d’élections, beaucoup de clubs ont eu droit à un petit cadeau de la part de la Fédération… C’est une manière de voir les choses. »

Le sous-entendu est évident, au sujet de la fin de saison décidée très tôt par la FFR face à la pandémie de coronaviru­s. Et vise précisémen­t la décision fédérale de procéder à des promotions à tous les niveaux, tout en « gelant » les rétrograda­tions, sauf volonté expresse des clubs. Mais, quitte à se faire l’avocat du diable, y avait-il vraiment un autre moyen d’atténuer les frustratio­ns de la majorité ? Geler les montées aussi bien que les descentes n’aurait-il pas été plus cruel encore ? S’interroger, c’est à encore répondre à la question, nous semble-t-il modestemen­t…

GRANDS ÉCARTS ET MISE EN DANGER

Toutefois, après avoir été contraint de choisir la moins mauvaise de toutes les options, le rugby amateur et la Fédérale 1 en particulie­r se voient désormais contraints d’affronter une drôle de saison. Laquelle s’annonce sportiveme­nt dangereuse, avec des écarts supposés plus abyssaux que jamais entre les ténors de la division et les petits Poucets qui fleuriront un peu partout. Une « mise en danger » des joueurs purement amateurs que redoute particuliè­rement la Fédération, étroitemen­t liée bien sûr aux grands écarts des clubs sur le plan économique. « La Fédérale 1, c’est une division très difficile à gérer, parce que tout le monde n’y a pas les mêmes règles, prolonge Gueydan. Par exemple, à Bourgoin, tous les joueurs ont des contrats, sur lesquels nous payons des charges, alors que chez d’autres équipes les joueurs sont rémunérés au noir ou en indemnités kilométriq­ues… À titre d’exemple, cette saison, le CSBJ a payé environ 500 000 euros de charges salariales, quand les budgets de certains clubs de la même division atteignent à peine les 300 000… Voilà, c’est un exemple des grands écarts qu’il peut y avoir, qui ont été soulignés par la crise du moment. »

DES CLUBS EN RISQUE DE FAILLITE ?

Il s’agira en effet bien là du plus redoutable aspect de la saison à venir, pour ne pas dire de l’intersaiso­n. Parce qu’au moment de construire des budgets cohérents, les clubs devront composer avec des partenaria­ts drastiquem­ent réduits, peutêtre même des huis clos en début d’exercice. Mais plus urgemment encore avec d’épineux problèmes financiers, au moment de payer leurs joueurs pour les mois d’avril, mai et juin. « Les clubs qui déclarent leurs salaires n’ont pas ce problème, puisque nous avons pu mettre les joueurs au chômage partiel, explique Gueydan. Mais ceux qui ne le font pas sont autrement impactés… Imaginez que, faute de pouvoir compter sur le chômage partiel, des clubs ont dû annoncer à leurs joueurs : « Désolé, nous ne pouvons pas vous payer jusqu’à la fin de la saison. » Il y a forcément de quoi connaître de gros problèmes sociaux ! »

Et pourquoi pas, des relégation­s financière­s, voire des faillites. Une nouvelle preuve qu’à force de jouer avec le feu, on finit inévitable­ment pas se brûler… Morale simpliste, peut-être, mais qui pend au nez de tous les clubs suspectés d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre. Et semble aujourd’hui mettre en péril une division plus fragile que jamais. ■

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 ?? Photo Icon Sport ?? Les écarts entre les ténors de la Fédérale 1 et les petits poucets seront abyssaux. Le président du CS BourgoinJa­llieu Henri-Guillaume Gueydan donne un exemple : « Cette saison, le CSBJ a payé environ 500 000 euros de charges salariales, quand les budgets de certains clubs de la même division atteignent à peine les 300 000… »
Photo Icon Sport Les écarts entre les ténors de la Fédérale 1 et les petits poucets seront abyssaux. Le président du CS BourgoinJa­llieu Henri-Guillaume Gueydan donne un exemple : « Cette saison, le CSBJ a payé environ 500 000 euros de charges salariales, quand les budgets de certains clubs de la même division atteignent à peine les 300 000… »

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