Midi Olympique

UN BLACK TRÈS VERT

ÉLEVÉ AU PLUS PRÈS DE LA TERRE, L’ANCIEN TALONNEUR ET CAPITAINE DES ALL BLACKS ANTON OLIVER EST DEVENU UN VRAI MILITANT ÉCOLOGISTE, AU POINT D’AVOIR INTÉGRÉ UN MASTER EN BIODIVERSI­TÉ AU SEIN DE LA PRESTIGIEU­SE UNIVERSITÉ D’OXFORD, EN ANGLETERRE.

- Par Simon VALZER simon.valzer@midi-olympique.fr

Àle voir mettre la tête dans tous les rucks et finir les rencontres le visage couvert d’hématomes, de coupures et autres stigmates comme ce fut souvent le cas après des chocs contre l’Afrique du Sud ou l’Australie, l’ancien talonneur et capitaine des All Blacks Anton Oliver (59 sélections) ne donnait pas l’impression d’être un intello-écolo… Et pourtant. Même s’il lui fallut une petite période d’adaptation au terme de sa carrière pour compenser le manque du défi physique - en 2015, il a confié à nos confrères du Monde qu’il s’était mis au krav maga (une méthode d’autodéfens­e employée par l’armée israélienn­e) : « J’avais été tellement conditionn­é pour être physique, pour jouer des mêlées, que j’avais presque envie de plaquer des poteaux lorsque je promenais dans la rue ! » - l’ancien talonneur des Blacks et de Toulon avait depuis longtemps songé à reprendre le chemin de l’école, ou plutôt de l’université : « Le rugby est le sport que j’ai fait, mais ce n’est pas lui qui m’a fait. Je ne pense pas être un intellectu­el. Disons que je suis simplement quelqu’un de curieux. Je m’intéresse à pas mal de choses, la peinture impression­niste, la littératur­e, l’opéra. J’aime beaucoup l’histoire, aussi. En fait, j’ai réellement développé cette curiosité au moment de ma blessure au tendon d’Achille, en 2002. À l’époque, j’ai dû stopper le rugby et arrêter de penser à ça pendant plusieurs mois. Ce qui a été négatif pour ma carrière de rugbyman (il fut ainsi privé du Mondial 2003, N.D.L.R.) a été positif pour ma vie personnell­e. »

« PRODUIRE DE L’ÉNERGIE VERTE

N’EST PAS UNE EXCUSE POUR RAVAGER D’AUTRES ÉCOSYSTÈME­S »

Des études, mais pas n’importe lesquelles. Né à Invercargi­ll, ville la plus méridional­e de la Nouvelle-Zélande, Oliver a eu tôt fait de travailler dans des exploitati­ons agricoles : « On vivait au plus près de la nature. On montait à cheval pendant des jours pour conduire les troupeaux, on chassait pour se nourrir. » Autant d’expérience­s qui l’ont marqué, et fait prendre conscience de la beauté et de la fragilité de la nature. En 2001, il s’est porté acquéreur d’un grand terrain dans sa région natale, l’Otago : « C’est après avoir acheté ce terrain que je suis devenu actif politiquem­ent. »

Peu après, il s’est engagé dans une lutte contre la constructi­on d’une immense ferme éolienne qui aurait ravagé sa région : « Produire de l’énergie verte, ce n’est pas une excuse pour ravager d’autres écosystème­s, défigurer tout un panorama juste pour cette « ruée vers l’air » et vers les avantages fiscaux… »

L’homme est à l’image du joueur : dur au mal, et sans concession. Il s’est depuis engagé dans d’autres luttes écologiste­s, comme la sauvegarde du manchot à oeil rouge et la préservati­on des coraux fidjiens.

Voilà pourquoi en 2008, une fois sa carrière profession­nelle achevée avec le RCT - où, de son propre aveu, il ne signa pas un passage mémorable : « Quand j’ai arrêté ma carrière internatio­nale, quand j’ai arrêté de jouer pour mon pays, de chanter mon hymne, une grande part de ma motivation a disparu » - il a intégré la prestigieu­se université anglaise d’Oxford où il intégra un Master en biodiversi­té, environnem­ent et management. Un diplôme qu’il décrocha au terme d’une année mémorable, et au cours de laquelle il a pu boucler sa carrière de rugbyman amateur en participan­t au prestigieu­x « Varsity match » opposant les université­s d’Oxford et de Cambridge : « La première fois que j’ai représenté ma région d’Otago était en 1994, quand le rugby était encore amateur. Après tout ce que j’ai eu la chance de vivre dans ma carrière profession­nelle, je suis revenu ici aux racines du rugby amateur : la boucle est bouclée. » ■

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 ?? Photos DR et Icon Sport ?? L’ancien joueur de Toulon Anton Oliver a intégré un master en biodiversi­té au sein de l’Université d’Oxford.
Photos DR et Icon Sport L’ancien joueur de Toulon Anton Oliver a intégré un master en biodiversi­té au sein de l’Université d’Oxford.
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