Midi Olympique

BORTOLUCCI EN FAMILLE

ANCIEN TALONNEUR D’AUCH ET DE COLOMIERS, SÉBASTIEN BORTOLUCCI A TOUJOURS TRAVAILLÉ AU SEIN DE L’EXPLOITATI­ON FAMILIALE AVANT DE SE LANCER DANS LA PRODUCTION D’AIL APRÈS SA RETRAITE SPORTIVE EN JUIN 2012.

- Par Nicolas AUGOT nicolas.augot@midi-olympique.fr

Sébastien Bortolucci n’a pas beaucoup de temps devant lui en ce mardi matin. Il s’apprête à prendre le relais de son frère : « Nous sommes en train de semer le tournesol. » Et le travail ne manque pas puisque l’exploitati­on familiale que l’ancien talonneur partage donc avec son frère Yann, ancien joueur de Fleurance, son père Jean et son oncle Alain, ne compte pas moins de 500 hectares sur la commune d’Escorneboe­uf dans le Gers, juste à côté de Gimont. « Mon grandpère italien est arrivé en France en 1952. Il s’est d’abord installé à Juilles, un autre petit village à côté de Gimont où il était métayer. Les Italiens avaient été installés ici pour défricher le départemen­t. Il est parti de zéro avant de parvenir à acheter 70 hectares de terres à Escorneboe­uf. Depuis l’exploitati­on s’est agrandie petit à petit. »

Sébastien Bortolucci a toujours travaillé dans les champs, même lorsqu’il a découvert le Top 16 puis le Top 14 avec Auch, même pendant les années en Pro D2 avec deux titres de champion de France à la clé, mais aussi un Bouclier européen. Arrivé au FCAG en 2002 en provenance de Gimont, club dont est aussi issu Pierre Bourgarit, ce talonneur dynamique et généreux, a joué pendant onze ans au haut niveau sans jamais délaisser l’entreprise familiale. « À Auch, ce n’était pas vraiment une curiosité puisque tous les joueurs étaient pluriactif­s. Il fallait être sur le terrain d’entraîneme­nt à 17 h 30 donc ça me laissait du temps pour travailler dans les champs. »

HUIT HECTARES DE PRODUCTION D’AIL BLANC

Après trente petites minutes de route pour rejoindre le stade du Moulias, devenu Jacques-Fouroux, il enfilait alors les crampons après avoir commencé sa journée de travail à 7 h 30. Un rythme qu’il a conservé pendant ses deux années à Colomiers : « C’était la condition pour y aller. Je devais conserver mon travail à côté. Les dirigeants columérins avaient accepté et en échange je passais toute la journée de mercredi à l’entraîneme­nt. » La vie était alors sans repos avec les matchs le week-end mais Sébastien n’était pas le premier de la famille à faire quelques sacrifices pour sa passion du rugby. « Mon père travaillai­t aussi à l’exploitati­on alors qu’il a joué pendant dix ans à Auch et Fleurance mais aussi à Bagnères-de-Bigorre. On doit aimer ça (rires) Mais, c’est vrai que lorsque j’ai arrêté le rugby, je n’en pouvais plus. Ça ne s’arrêtait jamais. » La fatigue, et l’envie de voir ses enfants grandir, lui fait raccrocher les crampons à 30 ans. « Mon frère a arrêté un an après moi en raison d’une hernie discale. Mon coéquipier à Auch,Yohan Marty travaillai­t à la Chambre d’agricultur­e et nous avions parlé de la production d’ail. Cela demandait beaucoup de travail donc nous n’avions pas le temps auparavant. Après le rugby, avec mon frère, nous avons décidé de nous lancer là-dedans. » Aujourd’hui, huit hectares sont consacrés à la production d’ail blanc dont la récolte, prévue en juin, approche à grand pas. « La production d’ail se situe essentiell­ement autour de Beaumont-de-Lomagne mais nous sommes à la limite à Escorneboe­uf. Maintenant, nous avons besoin d’une dizaine de jeunes pour brosser l’ail pendant l’été. C’est un sacré boulot et cela demande plus de main-d’oeuvre que les céréales, c’est certain. » Mais l’envie de faire prospérer l’affaire familiale est bien plus forte. ■

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