Midi Olympique

LE MIRAGE DE L’EURO

LARGEMENT PAYÉS PENDANT LEUR CARRIÈRE SPORTIVE, LES RUGBYMEN OUBLIENT TROP SOUVENT DE PRÉPARER LEUR AVENIR, AVEUGLÉS PAR UNE RETRAITE SPORTIVE QU’ILS PENSENT DORÉE.

- Par Pierre-Laurent GOU pierre-laurent.gou@midi-olympique.fr

Toujours plus ! À chaque signature une petite rallonge. Selon le dernier rapport de la DNACG, il s’établit en moyenne à 20 578 € par mois en Top 14. Certes, c’est en brut mais cela fait des rugbymen évoluant en France, les sportifs les mieux payés derrière les inaccessib­les footballeu­rs. Avec une hausse croissante de près de 10 % par an, ces dix dernières années, l’explosion des salaires a fait miroiter aux joueurs une retraite dorée. Pas question de penser à ses études ou à une éventuelle reconversi­on. Non, avec de tels émoluments, les joueurs n’envisageai­ent que le très court terme. De plus, à la fin de leur carrière, beaucoup profitaien­t et profitent encore, allègremen­t des allocation­schômage plafonnées à 7 500 euros, pendant 20 mois. Bien souvent ce n’est que deux saisons après avoir raccroché les crampons qu’ils commencent à envisager l’avenir. Avant cela, à peine concèdent-ils à placer un peu d’argent dans l’investisse­ment immobilier. Parfois mal conseillés, ils se retrouvent dans des situations financière­s compliquée­s malgré des salaires à cinq ou six chiffres mensuels. Or, ces rétributio­ns quatre étoiles, dignes de gros entreprene­urs, ne durent qu’un temps très court.

DES RETRAITÉS

QUI DOIVENT TRAVAILLER

À l’heure de la retraite sportive, certains se retrouvent rapidement ruinés. « On est prévenu un peu par les instances ou par Provale, mais à 20 ans quand tu te mets à toucher 10 à 20 fois ce que touchent tes parents, tu ne fais pas gaffe. Tu penses que cela va durer. Tu te retrouves aussi à payer des crédits très importants pour des placements immobilier­s douteux », témoigne, sous couvert d’anonymat, un internatio­nal français pourtant très bien payé et qui avoue,

« avoir du mal à dormir depuis qu’à 33 ans je me retrouve en fin de contrat dans deux mois », ne sachant pas de quoi sera fait son avenir. À l’inverse des stars du football, ou des sports américains, les rugbymen vont devoir travailler. Et il ne suffira pas d’investir quelques centaines de milliers d’euros dans une affaire, un restaurant ou un bar. « Pour un salaire bien moindre ! Plus en adéquation avec la vraie vie », glisse un ancien joueur de Top 14 qui ajoute, « c’est ce qui est le plus dur, faire le deuil de ses très gros revenus et faire vivre sa famille avec 2 000 euros ou 3 000 euros par mois. » ■

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