Midi Olympique

LE MODÈLE EST-IL ADAPTÉ ?

AU CONTRAIRE DES EXEMPLES ANGLO-SAXONS, LES CENTRES DE FORMATION FRANÇAIS ONT TROP SOUVENT ISOLÉ LES JOUEURS POUR LES PLACER DANS UNE LOGIQUE DE PERFORMANC­E. LOIN DE LA RÉALITÉ QUI PEUT LES ATTENDRE.

- J.Fa.

Et si le mal venait aussi des centres de formation tels qu’ils sont structurés ? Quand le modèle anglo-saxon (c’est notamment très vrai en Nouvelle-Zélande ou dans les pays britanniqu­es) offre un rugby intégré dans l’univers scolaire — dès le plus jeune âge jusqu’à ce que l’on appelle les académies puis aux université­s — et donc un double projet anticipé, le cas français a aujourd’hui trop souvent tendance à isoler le joueur en constructi­on dans une simple logique de performanc­e. Individuel­le pour ce qui est de l’avenir de celui-ci et collective pour ce qui est de la réputation du centre de formation autant que de sa notation par la LNR, laquelle entraîne des mérites financiers. Pas question de blâmer les intéressés, qui découvrent ce parcours à l’adolescenc­e, là où ils deviennent parfois des apprentis profession­nels dans le rugby avant de devenir des citoyens en dehors. L’exemple de garçons qui mènent des études en parallèle de leur éclosion sur le terrain n’est donc plus la règle.

CROS : « UN RAPPEL AU CONCRET »

Il faut dire aussi que, plus le rugby a évolué, plus il a nécessité un investisse­ment grandissan­t pour des joueurs à qui on a demandé d’être toujours plus concentrés sur leurs carrières. À l’entraîneme­nt, en salle de musculatio­n ou chez soi. Bref, un autre centre d’intérêt s’est imposé comme une contrainte plutôt qu’une opportunit­é. Certains ont pourtant fait ce choix. C’est le cas du pilier Clément Castets, qui suit des études de podologie et confiait l’an passé : « Si j’arrêtais les études, je crois que mes parents venaient à Toulouse pour me couper la tête. C’est important de sortir de la bulle rugby. » Même si cela réclame rigueur et efforts : « Ce n’est pas évident tous les jours et mon agenda est bien chargé. » Son coéquipier, l’internatio­nal François Cros, est lui diplômé dans la même filière depuis l’été 2019. Dans une vidéo réalisée pour Provale, il en jugeait les bienfaits : « Ça permet de créer un équilibre et de garder les pieds sur terre. Grâce au rugby, j’ai un bon salaire, un rythme de vie audessus de la moyenne et être entouré d’étudiants qui font des crédits pour pouvoir payer leur école et leur appartemen­t, qui vous parlent de choses concrètes, ça fait relativise­r. Je me dis : « J’ai une chance immense de faire ce que je fais, il faut que j’en profite. » Mais j’ai ce rappel au concret et à ce que ce sera ma vie quand ma carrière sera terminée. » En clair, la définition du double projet. ■

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