Midi Olympique

SOUS LES JUPES DES HUILES

CETTE SEMAINE, NOUS AVONS UNE NOUVELLE FOIS APPELÉ QUELQUES PRÉSIDENTS DE CLUBS AFIN QU’ILS NOUS LIVRENT LES DESSOUS D’UNE RÉUNION AYANT RÉUNI LES HUILES DU RUGBY PRO, MERCREDI SOIR. DE TOUTE ÉVIDENCE, CELLE-CI NE MANQUA PAS DE SEL…

- marc. duzan midi-olympique.fr Par Marc DUZAN

Vous n’êtes pas censé ignorer que depuis juillet dernier, Canal + détient, et ce, pour huit millions d’euros en moyenne par saison jusqu’en 2027, les droits de retransmis­sion du Pro D2. Malgré tout, des négociatio­ns avaient été envisagées entre la chaîne cryptée et Eurosport afin que celle-ci rachète les « sous-droits » de la compétitio­n, un investisse­ment qui lui permettrai­t à la reprise de diffuser une (grande) partie de la compétitio­n. « Où en est-on sur ce sujet ? » a donc lancé mercredi soir le président du Biarritz olympique Jean-Baptiste Aldigé. Et, lors de la réunion hebdomadai­re des trente présidents du rugby pro, le plus jeune des patrons de clubs (35 ans) s’est vu répondre par Emmanuel Eschalier, le DG de la Ligue : « Entre Canal + et Eurosport, les négociatio­ns avaient bien avancé mais la crise du Covid a tout stoppé. Pour tout le monde, il est pourtant urgent qu’elles reprennent et aboutissen­t enfin. » Comprenez par la qu’avant d’établir le calendrier d’une saison censée débuter le week-end du 4 septembre, Paul Goze et son bras droit ont avant tout besoin de connaître les desiderata du ou des diffuseurs, le cas échéant. « On devrait être fixé mi-juin », aurait conclu mercredi soir le « Cardinal » Eschalier, avant de laisser la réunion des présidents voguer vers d’autres sujets. Mais Eurosport est-elle vraiment intéressée par le Pro D2 ? Cela reste a voir et, à ce jour, il semblerait même que la propriété du groupe américain Discovery aient d’autres priorités, la future « Pro D3 » lancée par la FFR étant visiblemen­t l’une d’entre elles.

La suite ? On vous épargnera ici le laïus relatif aux quelques rugbymen pros testés positifs la semaine dernière au Covid-19, un sujet dont on s’est déjà largement fait l’écho dans notre édition de vendredi. Les Coupes d’Europe ? Si, pour la saison prochaine, le format regroupant vingt-quatre équipes en Champions Cup devrait être rapidement validé par le board de l’EPCR, les dates des phases finales de la saison 2019-2020, suspendue pour les raisons que l’on connaît tous, sont toujours inconnues. Au président Rochelais Vincent Merling, qui demanda mercredi soir aux caciques de la LNR s’ils en savaient davantage à ce sujet, Paul Goze répondit que les quarts, demies et finales de la Champions Cup et de la Challenge Cup, pour lesquels le Racing, Clermont, Toulouse, Toulon, Castres et Bordeaux-Bègles sont encore en course, pourraient être disputés entre le 19 septembre et le 17 octobre 2020, une fenêtre laissant la liberté au XV de France de jouer l’ultime match du Tournoi des 6 Nations, face à l’Irlande, au terme de ce même mois.

GOZE : « C’EST NON, NENNI, NIET, NEIN ! »

In fine, le point central de la dernière réunion des présidents fut lié au Plan Marshall que pourrait déployer le gouverneme­nt afin de venir en aide aux clubs profession­nels si le huis clos partiel (la Ministre des Sports Roxana Maracinean­u a annoncé vendredi que les stades pourraient accueillir des spectateur­s a jauge partielle dès la fin juillet) était décrété pour la reprise des championna­ts, une option qui nuirait de façon irrémédiab­le a la trésorerie de certains pensionnai­res du Top 14 et du Pro D2. À ce propos, il est important de souligner que si l’État français octroiera le chômage partiel aux sportifs profession­nels jusqu’au 30 septembre, les contours d’un tel cadre de travail seront impossible à respecter pour les clubs, qui n’auront d’autres choix que de passer a des semaines de travail dites « normales » dès le mois d’août afin de préparer les matchs amicaux. Dans ce cas, qu’est-ce qui pourrait sauver les clubs du krach économique ? Au bout du bout, la solution pourrait venir de l’exonératio­n des charges patronales, une mesure qui, si elle était validée par le gouverneme­nt, permettrai­t d’économiser aux clubs plusieurs dizaines de millions d’euros lors des versements de salaires leurs employés. « Cela doit être notre cheval de bataille », aurait alors lâché à ses pairs Éric De Cromières, le président de Clermont, lorsqu’il fut question de cet aspect-là des négociatio­ns entre les émissaires de la Ligue et le Ministère des Sports.

Passé le point le plus technique de la réunion des présidents, la visioconfé­rence aurait alors rebondi sur un thème qu’avait abordé dans nos colonnes Pascal Forni, le plus puissant des agents français : afin de limiter les « drames sociaux » et aider les chômeurs (ils seront cette année plus d’une centaine) à trouver un employeur dans les semaines à venir, le fils de l’ancien président de l’Assemblée Nationale avait estimé qu’il serait pertinent que les chômeurs soient affranchis de la masse salariale, un artefact permettant aux hypothétiq­ues employeurs d’avoir une marge de manoeuvre plus importante afin d’enrôler des sans-emplois. Du « winwin », alors ? « Je ne sais pas d’où sort cette idée mais ma réponse est claire, a expliqué Paul Goze mercredi soir. C’est irréalisab­le et nous l’avons déjà fait savoir en commission paritaire ! C’est « non », « niet », « nenni », « no », « nein » ! En quelle langue faut-il le dire pour que tout le monde comprenne ? »

CVC, LA RUMEUR INSENSÉE

Au crépuscule de la réunion des présidents et alors que l’on interrogea­it plusieurs d’entre eux afin de connaître les grandes lignes du meeting, nous revint par deux fois une rumeur des plus étranges, concernant la Ligue Nationale de Rugby : Paul Goze et Emmanuel Eschalier, comme semblent le croire certains présidents du monde pro, ont-ils oui ou non rencontré CVC, le fonds d’investisse­ment rachetant morceau par morceau le rugby mondial depuis un an ? Si ce bruit de couloir tient pour l’instant de la chimère, on se dit aussi, en réfléchiss­ant bien, que l’arrivée de CVC dans le Top 14 (le fonds d’investisse­ment détient déjà une partie du Tournoi des 6 Nations, de la Ligue celte et du Premiershi­p anglais) résoudrait bon nombre des soucis financiers promis à la LNR a la sortie de la crise économique la plus grave depuis 1929. Pardon ? La LNR n’est pas une société commercial­e comme la Ligue celte ou le 6 Nations ? Il est donc impossible d’en devenir l’actionnair­e ? C’est un fait. Mais les statuts d’une associatio­n peuvent aussi être modifiés, en cas de force majeure. Quant a savoir si l’époque actuelle aurait lieu de décréter ladite « force majeure », on ne serait pas loin de le penser. Reste qu’à ce jour, l’ombre de CVC, qui plane au-dessus du Top 14 comme un aigle au-dessus d’une portée de lapereaux, n’est encore qu’un fantasme… ■

 ?? Photo M. O. - D. P. ?? Le sujet des négociatio­ns pour les « sous-droits » TV du Pro D2 entre Canal + et Eurosport a été abordé par le président du Biarritz olympique Jean-Baptiste Aldigé lors de la réunion de mercredi soir entre les présidents.
Photo M. O. - D. P. Le sujet des négociatio­ns pour les « sous-droits » TV du Pro D2 entre Canal + et Eurosport a été abordé par le président du Biarritz olympique Jean-Baptiste Aldigé lors de la réunion de mercredi soir entre les présidents.

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