Midi Olympique

Révolution du calendrier : les clubs en colère

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

VENDREDI SOIR, LE PATRON DE LA LNR PAUL GOZE A RÉUNI EN URGENCE LES PRÉSIDENTS DE TOP 14 ET DE PRO D2 AFIN DE LEUR FAIRE PART D’UN PROJET CONFIDENTI­EL ET QUI POURRAIT RÉVOLUTION­NER, DANS QUELQUES MOIS, LA FACE DU RUGBY TEL QU’ON LA CONNAISSAI­T JUSQUE-LÀ. LES CLUBS VONT PARTIR EN GUERRE…

C’est une bombe qu’a lancée vendredi soir Paul Goze, aux présidents de Top 14 et de Pro D2 qu’il avait ce soir-là réunis de toute urgence. Après avoir reçu, via le président de l’EPCR Simon Halliday, un document confidenti­el provenant du directeur exécutif de la fédération galloise (Martyn Phillips), le patron de la Ligue a alors exposé à ses pairs les grands axes d’un projet de calendrier global ayant les contours d’une révolution. Que faut-il retenir du document de travail le plus sérieux élaboré de concert par World Rugby, le Comité des 6 Nations et la Sanzaar (l’institutio­n gérant le Super Rugby et le Rugby Championsh­ip) ces dernières semaines ? Une première option alignerait, dès 2021, le Rugby Championsh­ip et le Tournoi des 6 Nations en mars-avril, contraigna­nt les championna­ts domestique­s (Top 14, Pro D2, Premiershi­p…) a démarré en janvier puis terminer leur saison en septembre, soit au moment même où débuterait un grand barnum de huit semaines de tests internatio­naux aboutissan­t sur une finale de Coupe des Nations. L’option 2, elle, laisserait le Tournoi des 6 Nations et le Rugby Championsh­ip a leurs dates habituelle­s (février-mars pour le Tournoi, juillet-août pour le Four Nations), quand les championna­ts domestique­s seraient disputés en continu d’avril à septembre, laissant alors place à une Coupe des Nations censée renflouer les caisses de fédération­s internatio­nales au bord de la banquerout­e.

UN FRONT COMMUN LAPORTE/GOZE

Pourquoi les clubs, peu séduits par l’idée d’une intersaiso­n de six mois, sont-ils restés abasourdis par la révélation de Paul Goze ? Parce que le canal de transmissi­on de l’informatio­n, qui ressemble à un billard a trois bandes, interpelle. Parce qu’une telle réforme, si elle était mise en place dès 2021, ferait disparaîtr­e le rugby profession­nel français des radars sur une période d’un peu plus de dix mois (de mars a décembre 2020) et au moment même où Roxana Maracinean­u, la ministre des Sports, vient d’annoncer que les stades pourraient accueillir du public dès juillet prochain. Parce que cette organisati­on, qui piétine les accords de San Francisco ayant été passé voici trois ans entre les Ligues et les Fédération­s, empêcherai­t enfin toute passerelle entre la Fédérale 1 et le Pro D2.

Le 15 juin prochain, se tiendra donc dans les locaux de World Rugby, à Dublin, une réunion au sommet entre les ligues et les dirigeants de World Rugby, lesquels veulent faire passer le « projet Martyn Phillips » en force. Bernard Laporte et Paul Goze, si souvent opposés depuis 2016, se seraient cette fois-ci mis d’accord pour que la révolution ne démarre pas avant la Coupe du monde 2023, dont les dates seraient évidemment impactées par une telle réforme. Que penser, dès lors, du dossier confidenti­el ayant été présenté vendredi ? Est-ce un thème de travail parmi d’autres ou l’axe majeur d’un coup de force qui conduira, ces prochaines semaines, à un sanglant bras de fer entre les institutio­ns régnant sur le rugby mondial ? ■

Nous vous le révélions sur notre site rugbyrama.fr il y a quelques jours : c’est donc jeudi matin, dans le très chic huitième arrondisse­ment parisien, qu’a eu lieu une réunion décisive en vue du rachat de l’ASBH, actuel pensionnai­re de Pro D2. Étaient présents, dans les bureaux de la Sotaco Internatio­nal (l’entreprise des candidats au rachat), les investisse­urs émiratis, leur homme de confiance (Christophe Dominici), le maire de Béziers Robert Ménard ainsi que les avocats qui seront désormais chargés de traiter la possible transactio­n entre les deux parties : Thierry Braillard, secrétaire d’état au sport sous François Hollande, défendra donc les intérêts des Emirati quand de l’autre côté, l’avocat biterrois Frédéric Simon défendra ceux des propriétai­res actuels de l’ASBH, Louis-Pierre Angelotti (partenaire principal), Pierre-Olivier Valaize et Cédric Bistué (les co-présidents).

VALAIZE N’EST « PAS UN POINT BLOQUANT »

Selon nos informatio­ns, le meeting de jeudi s’est bien déroulé et a accouché des décisions suivantes : d’ici peu, Thierry Braillard et Frédéric Simon signeront un accord de confidenti­alité et étudieront avec soin les pièces du dossier, soit les comptes de l’ASBH pour Braillard et les garanties bancaires des Émiratis pour Simon. Dans la foulée, une lettre d’intention avec propositio­n de rachat devrait être émise mi-juin par Thierry Braillard, Christophe Dominici et les Émiratis. Sauf catastroph­e, la cession du club biterrois aux investisse­urs du Golfe pourrait donc être finalisée mi-juillet. À cette date, Christophe Dominici deviendrai­t alors le président du club et, dans la foulée, les argentiers des Émirats injecterai­ent près de dix millions d’euros dans l’ASBH. Mardi matin, alors qu’il souhaitait réagir à l’un des articles concernant le rachat du club, le co-président de l’ASBH Pierre-Olivier Valaize nous confiait ne pas être « un point bloquant » à la transactio­n, à partir du moment où toutes les conditions étaient réunies pour une éventuelle cession. Ces conditions ? Elles sont simples et peuvent être résumées ainsi : si les garanties bancaires présentées par les Émiratis sont sérieuses et si, de l’autre côté, les comptes du club ne cachent le moindre loup, l’ASBH passera sous pavillon émirati cet été… ■

 ?? Photo Icon Sport ?? Bernard Laporte et Paul Goze feraient front contre ce nouveau projet. Au moins jusqu’à la Coupe du monde en France en 2023.
Photo Icon Sport Bernard Laporte et Paul Goze feraient front contre ce nouveau projet. Au moins jusqu’à la Coupe du monde en France en 2023.

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