Midi Olympique

« Le rugby des années 80 n’avait aucun intérêt »

- Propos recueillis par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

ANIMATEUR RADIO ET COMÉDIEN MARDI, C’EST AU TERME D’UNE ÉMISSION DE RADIO QUI RASSEMBLE PRÈS D’UN MILLION D’AUDITEURS SUR RMC TOUS LES SOIRS QUE VINCENT MOSCATO, L’ANCIEN TALONNEUR DE BÈGLES-BORDEAUX ET DU XV DE FRANCE, NOUS A REÇUS POUR ÉVOQUER LES SUJETS D’ACTUALITÉ DU MOMENT. POUR MIDOL, LE RAPETOU (54 ANS) DONNE DONC UNE SECONDE CHANCE À ISRAEL FOLAU, ESPÈRE QUE DOMINICI N’EST PAS TOMBÉ SUR « LE SEUL SMICARD D’ARABIE SAOUDITE », SALUE FABIEN GALTHIÉ DONT L’ÉQUIPE FAIT

« BANDER » LA FRANCE ET REVIENT, NON SANS ÉMOTION, SUR L’ÉTRANGE PARCOURS D’UN APPRENTI FROMAGER DE GAILLAC AYANT CONQUIS, TRENTE ANS PLUS TARD, UNE PARTIE DE PARIS…

« J’étais le fils du croque-mort... »

La crise sanitaire fut relativeme­nt anxiogène pour certaines personnes. Et vous ? Comment l’avez-vous vécue ?

Je ne bosse pas à la mine de sel, j’aime ma vie et n’ai pas envie que ça s’arrête. Alors j’ai fait un peu attention, oui. Mais je n’ai pas eu peur, si telle est votre question.

Pourquoi ?

Au fil de l’épidémie, j’ai choisi d’écouter Didier Raoult

et les spécialist­es qui étaient les moins angoissant­s. Mon rapport au Covid s’est résumé à ça. Ce n’est pas l’idée que je me fais de la souffrance.

Marseille, N.D.L.R.)

Comment avez-vous vécu le confinemen­t ? Quand reprendrez-vous les spectacles ? Dès lors ?

Reprenons quand il y aura du monde dans les stades et pas avant. Parce qu’on ne va pas nettoyer le ballon avec du gel hydroalcoo­lique chaque fois qu’on le touche, hein ?

Et le rugby sans contact, alors ?

Putain ! Je croirais entendre les marchands de rêve des années 80 : « Il faut moins de mêlées, moins de mauls pénétrant, plus de ci, moins de ça… »

Mais merde, si on avait déposé le brevet des groupés-pénétrants, on serait milliardai­re aujourd’hui ! Il n’y a que ça ! Tous les week-ends !

Mais le rugby sans contact, alors ?

C’est quoi, la prochaine étape ? Le plaquage au filet ? Comme à la chasse aux papillons ? Le rugby sans combat, le rugby d’évitement permanent, ce serait un cauchemar. Je vais vous dire : le rugby sans contact, ce serait comme d’enlever ses dents à un tigre pour en faire un chat d’appartemen­t.

Si vous étiez encore joueur profession­nel, auriez-vous peur de reprendre les entraîneme­nts ? Et ?

Il est bien gentil Sonny Bill ! Mais il est nul en boxe !

Et vous ?

(l’épidémiolo­giste de

Je me suis fait un peu chier, comme tout le monde. Et pour la première fois depuis douze ans, je n’ai pas fait un seul one man show. […] La scène m’a manqué, oui.

En fin d’année, j’imagine. Pour moi, il n’est pas envisageab­le de jouer devant une salle pleine à seulement 30 %. Au théâtre, t’as besoin de sentir les gens. T’as besoin d’interactiv­ité. Sans ça, tu rentres chez toi et tu te pends au lustre.

Le rugby pourrait reprendre à huis clos, d’ici quelques mois. Que cela vous inspire-t-il ?

Je n’en démords pas : le spectacle a besoin d’une ambiance et le rugby, c’est du show. Si tu ne fais pas vibrer les gens, ça ne sert à rien.

Pas du tout, non. Je ne suis pas plus courageux qu’un autre mais ça ne me ferait rien, je pense. Et puis, les mecs ont tous envie de reprendre. Récemment, il y a juste eu quelques types qui ont un peu tiré au flanc dans le foot. Mais la majorité des rugbymen veulent reprendre.

Votre autre passion, c’est la boxe. Auriez-vous aimé que Sonny Bill Williams, comme il en a un temps été question, affronte Mike Tyson sur un ring ?

C’était une super idée pour Sonny Bill Williams. Il aurait pu prendre un chèque de trois millions de dollars et ça aurait probableme­nt fait du bien à sa notoriété : à l’échelle de la planète, Sonny Bill Williams, il n’est connu que dans sa cage d’escalier, soyons francs.

Il fait 1,96 mètre et 100 kilos, on a du mal à l’imaginer se faire fracasser sur un ring contre Tyson…

Mais malheureux ! C’est comme si tu essayais d’arrêter un panzer avec une carabine à air comprimé ! Mike Tyson a beau avoir 50 balais, ça reste Mike Tyson ! Il l’aurait massacré. Quand je jouais à Graulhet, j’ai fait des K.-O. pour 5 000 francs (900 euros) par mois. Alors les millions de dollars que promettait l’organisate­ur du combat, je les aurais pris ! Mais bon… C’est l’avant-combat qui aurait été pénible, je crois… Pour penser à autre chose qu’à la gueule de Tyson, il aurait fallu que je m’enfile quelques barreaux de marijuana…

Vous êtes-vous déjà servi de votre passé de boxeur dans une bagarre de rue ou sur un terrain de rugby ?

Il m’est arrivé, une fois ou deux, de me protéger dans des endroits un peu chauds, à Paris… Quand t’as une gauche et une droite, ça peut aller très vite dans la vie courante, les mecs ne la voient pas arriver. Ils la prennent en plein tarin. Mais ce n’est pas une fierté, hein. Et puis…

Quoi ?

Nos rues sont moins dangereuse­s qu’elles ne l’ont été. Un rugbyman de 20 piges de notre monde s’est probableme­nt moins souvent battu qu’une gamine de 12 ans au Moyen-Âge.

Le rugby s’est beaucoup apaisé, au fil des ans. Cela vous peine-t-il ?

Non, c’est normal. Les mecs sont des profession­nels et savent qu’il ne faut plus se battre, sur le terrain. Tant mieux parce qu’avec les physiques modernes, il y aurait des morts s’ils commençaie­nt à se mettre des droites…

Les rugbymen pros vous impression­nent-ils ?

Oui. Je vois des deuxième ligne en Top 14 ou Pro D2 qui pourraient bouffer un cochon et ses petits en dix minutes. […] Vous savez, beaucoup d’anciennes gloires pensent qu’ils avaient plus de courage que les mecs d’aujourd’hui. C’est absolument faux. Moi, j’ai fait un sport où il y avait, de temps en temps, des échauffour­ées. Mais pas plus que dans le foot des années 80, il ne faut pas se raconter des salades !

Le rugby, était-ce mieux avant ?

Le rugby des années 80 n’avait aucun intérêt. C’était de la passe à dix. J’ai participé à des matchs que ma soeur aurait pu jouer. Ça allait à deux à l’heure, c’était nul à chier.

Récemment, les contacts entre le sulfureux Israel Folau et Montpellie­r ont fait beaucoup parler. Pensez-vous, comme Mohed Altrad par exemple, que Folau méritait une deuxième chance ? Pourquoi ?

Bien sûr. Ce type, on ne va pas le condamner à mort ! Des mecs qui ont dit « sale pédé ! » dans le rugby, il y en a eu des milliers. Lui, il a morflé pour les autres.

Et ?

Qu’il morfle, c’est bien : on ne peut pas stigmatise­r la différence comme il l’a fait. Mais il n’a tué personne, non plus. Faut arrêter, maintenant…

Mais il n’a pas l’air décidé à « arrêter », justement…

Bon… S’il est con comme une malle avec sa religion et qu’il casse les couilles à tout le monde, on le virera pour de bon. Mais par nature, je suis pour laisser une deuxième chance aux gens qui se trompent.

Restons dans l’Hérault. Christophe Dominici, l’ancien ailier du Stade français et du XV de France, représente les intérêts d’investisse­urs des Émirats dans le possible rachat de Béziers. Quel regard portez-vous sur ce projet ?

Il ne manquerait plus que Domi soit tombé sur le seul mec d’Arabie Saoudite qui touche le RMI ! T’imagines le manque de bol, toi ? (rires) Non, plus sérieuseme­nt, le projet semble plutôt chouette. Béziers, ce n’est pas rien. Et Christophe Dominici, c’est une personnali­té dont on a besoin dans le rugby : il est différent, créatif, un peu dingo. C’est un artiste, Domi.

Vous êtes proche de Serge Simon, l’actuel vice-président de la FFR. Malgré son évidente intelligen­ce, il semble souffrir d’un manque de popularité dans le monde du rugby. Comment l’expliquez-vous ?

C’est difficile à expliquer… Serge, il est aimé par certains et détesté par d’autres… Mais quand tu as le pouvoir, tu ne fais jamais l’unanimité. […] En 2016, lui et Bernard (Laporte) ont fait une campagne magnifique contre des Pelous, Blanco qui comptaient des centaines de sélections, avaient une aura auprès du public mais ont explosé. Parce qu’en face, il y avait des mecs qui savaient ce qu’ils voulaient. Vous savez, on peut tout dire de Serge sauf qu’il n’est pas déterminé.

Vous parle-t-on souvent des Rapetous, ce groupe que vous formiez avec Serge Simon et Philippe Gimbert à l’époque du titre bordelo-béglais de 1992 ?

Très souvent, oui. […] Les gamins nous adoraient parce que nos crânes rasés, ça ne se faisait pas du tout à l’époque. Mais dans le sérail, on n’avait pas la cote : on s’était fait virer de l’équipe de France et les gens du rugby nous montraient du doigt.

À l’époque, il fallait rentrer dans le moule, avoir un profil de « gentil garçon ». En fait, il fallait fermer sa gueule et être employé de mairie. Nous, on dénotait dans ce monde-là.

Max Guazzini nous racontait récemment qu’à l’époque où vous jouiez au Stade français, vous faisiez l’aller-retour entre Bordeaux et Paris toutes les semaines. Est-il vrai que la chambre d’hôtel que votre prési

« Sonny Bill contre Tyson ? C’est comme si tu essayais d’arrêter un panzer avec une carabine a air comprimé ! Il l’aurait massacré. »

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