LE PARI DES PLURIACTIFS
POUR SA DEUXIÈME SAISON EN ÉLITE AMATEURS, LE CLUB SAVOYARD A D’ORES ET DÉJÀ BOUCLÉ SON EFFECTIF,
QUI NE COMPTERA AUCUN JOUEUR « EXCLUSIF » CONTRE CINQ LA SAISON PRÉCÉDENTE. UNE POLITIQUE QUI FAIT SENS DANS LE CONTEXTE DU MOMENT ET N’EMPÊCHE SURTOUT PAS LES AMBITIONS.
C’est probablement assez extraordinaire pour être signalé… Mais alors que la période officielle des mutations fédérales n’est pas encore ouverte, le club de Rumilly (Fédérale 1) a d’ores et déjà annoncé avoir bouclé son recrutement, avec l’arrivée d’un entraîneur des avants (l’ancien pilier professionnel Sylvain Charlet, passé par Albi, Bourg-en-Bresse, Bourgoin, Dax, Pau ou Perpignan) ainsi que de neuf joueurs (Guillaume Larrroque, Rudy Gahetau, Léo Angelier, Nicolas Gabriel, Arthur Lopez, Edgar Bazin, Julien Barbé, Thomas Payet, Lucas Guillermin). Une mise en action ultrarapide qui en a surpris plus d’un, hormis peut-être le dynamique président Frédéric Moine. « Peut-être même que nous sommes allés trop vite, on ne sait pas ! Mais c’est vrai que nous avons essayé de nous positionner rapidement… Hasard ou pas, nous avons eu une réunion avec nos joueurs pour leur expliquer nos orientations en vue de la saison prochaine un vendredi soir, la veille de l’annonce du confinement… Nous avons laissé passer le week-end et commencé à passer nos coups de fil dès le lundi. Au moins, on s’est bien occupé en restant à la maison… »
L’originalité de ce recrutement ? Il réside en réalité en un certain changement de cap, le club désirant en finir avec le recrutement de « professionnels ». « L’an dernier, nous avions cinq joueurs exclusifs, ce qui était peu par rapport aux gros bras de notre poule mais déjà conséquent pour un promu de Fédérale 2, rappelle Frédéric Moine. Mais pour cette saison, plutôt que de chercher à en augmenter le nombre, on n’en aura aucun. Le discours que nous avons tenu à nos joueurs, ainsi qu’à ceux que nous voulions recruter, était que nous voulions un effectif constitué à 100 % de joueurs pluriactifs. »
L’expérience de l’exercice 2019-2020 faisant foi… « Le fait d’avoir quelques joueurs exclusifs n’a pas été facile à gérer, d’autant que ceux-ci n’étaient finalement pas plus investis que les pluriactifs, qui s’en plaignaient un peu, constatant que les autres avaient des avantages tandis qu’eux allaient bosser le lundi. Ils n’allaient pas forcément plus que les autres à la musculation, par exemple… Alors, nous avons décidé d’en rester là. Au moins, tout le monde sera sur un pied d’égalité et la pluriactivité permettra aux joueurs de bénéficier d’un complément de salaire. C’est leur rendre service, il me semble. On parle beaucoup des problèmes de reconversion des professionnels mais quand le rugby va s’arrêter, pour beaucoup de joueurs de Fédérale 1, ce sera aussi très compliqué… »
PAS DE BAISSE DE BUDGET
Et à ceux qui voudraient voir dans ce nouveau cap rien moins qu’une réduction de voilure, dictée par la crise économique liée à la pandémie, Frédéric Moine peut jurer du contraire. « En Fédérale 2, nous étions à 850 000 € de budget. Pour notre première saison en Fédérale 1, nous sommes montés en un été à 1,13 million d’euros et le pari sera pour nous de nous maintenir à 1,15 million. Ce qui serait un petit exploit alors que les budgets de beaucoup de clubs seront fortement impactés mais nous avons eu la chance que nos partenaires (Premium et Gold) nous donnent rapidement des assurances quant à leurs engagements. L’idée sera donc de maintenir notre bonne dynamique, avec le même niveau de budget. »
Quand bien même, pour cela, le RCSR ne pourra que regretter l’absence de derbys qui avaient fait la saveur de la précédente saison, création du National oblige… « Cela nous prive de belles affiches, c’est clair, déplore Frédéric Moine. Bourg-en-Bresse, Bourgoin... Le derby contre Chambéry l’an dernier avait attiré 4 000 spectateurs aux Grangettes et plus de quatre cents repas… Alors oui, forcément, je suis un peu remonté contre ce National. Je comprends la logique mais j’ai surtout le sentiment que l’on a créé cette compétition à la va-vite, à quelques mois de l’élection fédérale, pour faire plaisir à un maximum de clubs et permettre à tout le monde de jouer au plus haut niveau possible. Sauf que la Fédérale 1 en a été dévalorisée. On perd les plus gros clubs et on fait monter, pour les remplacer, des clubs qui étaient troisièmes ou quatrièmes de poule en Fédérale 2… Tout ça ressemble à de la précipitation. Monter sur un coup de téléphone par peur de ne pas y arriver sur le terrain, je ne comprends pas bien la logique… » Pas le genre de la maison en tout cas, rumillienne, vous l’aurez compris… ■