Midi Olympique

Lettre à ces Messieurs des instances du rugby

- Youri GABORIT

Messieurs,

Je me permets de vous écrire suite à l’article au sujet de la réforme des calendrier­s et des débouchés éventuels évoqués par vos instances nationales et internatio­nales. Je suis un amoureux de la longueur de notre championna­t mais je suis conscient des problèmes de calendrier. En revanche, ce qui me dérange davantage c’est quand le président catalan évoque une éventuelle ligue fermée. J’y suis faroucheme­nt opposé, à l’image de l’écrasante majorité des aficionado­s de rugby. À quoi bon suivre une équipe s’il n’y a pas d’enjeu sportif, montée ou descente ? J’en veux pour preuve les stades déserts dans l’hémisphère sud. Plutôt qu’un match qui se termine à 40 à 35, dans un stade aux trois-quarts vide, avec un arbitrage laxiste pour favoriser le jeu à outrance, ne vaut-il pas mieux, comme dans l’hémisphère nord, un match entre le 11e et le 12e du championna­t, qui se termine à 15 à 12 à la 79e minute et qui déchaîne les passions ? Notre modèle de championna­t est beau, car il y a justement plusieurs façons de marquer des points contrairem­ent à l’hémisphère sud qui dévalorise l’importance des pénalités, en privilégia­nt le fait de marquer des essais coûte que coûte. Et puis pour les joueurs, les joies incommensu­rables d’une montée n’existeraie­nt plus et la tristesse d’une descente, non plus. Toutes ces émotions, réduites à néant !!!

Paul Goze, qui a pourtant joué à Perpignan, a dû oublier l’émotion engendrée par la montée de ce club face à Grenoble, avec un public catalan aux anges dans les tribunes d’Ernest Wallon, un aprèsmidi de mai 2018. Moi qui suis supporter du Biarritz olympique, je me souviens très bien du dernier match de mon club favori en top 14, et malgré la douleur engendrée par la descente, cela reste un bon souvenir. Garder les tournées d’été et d’automne pourquoi pas, mais en revanche faire un genre de ligue mondiale tous les ans n’affaiblira­it-il pas le prestige d’une Coupe du monde tous les quatre ans ? Celle-ci n’y perdrait-elle pas de son charme ?

Et puis en tant que dingue du rugby comme pas mal de monde sur cette planète, c’est pas mal d’avoir des compétitio­ns étalées sur 10 mois plutôt que six, autant pour les supporters que les joueurs, et financière­ment pour les clubs.

S’il vous plaît, Messieurs les décideurs, ne cassez pas nos traditions au profit de la modernité !!!

Merci.

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