Midi Olympique

« Si une chose a été renforcée, c’est notre relation »

NICOLAS GODIGNON ET FRÉDÉRIC MANCA - Co-managers de Pau LES DEUX TECHNICIEN­S ONT PROFITÉ DU CONFINEMEN­T POUR TIRER LES ENSEIGNEME­NTS DE LA DÉCEVANTE SAISON PASSÉE. ET LANCER DÉJÀ LA PROCHAINE.

- Propos recueillis par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

Comment avez-vous vécu ces derniers mois ?

Frédéric MANCA : Il y a eu deux phases. La première devait durer quinze jours mais, avec la prolongati­on du confinemen­t, on a vite basculé sur un audit de la saison passée pour savoir comment s’améliorer. Par visio, on a observé ce qui avait marché ou pas.

Nicolas GODIGNON : On était en contact pour échanger et préparer la suite. Une fois l’arrêt des compétitio­ns annoncé, on a avancé et fait les entretiens individuel­s. La saison n’a pas été bonne, donc on devait tirer des enseigneme­nts. Il y a aussi eu une expérience intéressan­te, à savoir l’analyse croisée avec les Hurricanes.

Pouvez-vous expliquer ?

N.G. : Conrad (Smtih) et Paul (Tito) y sont passés et on nous a proposé de faire une analyse des secteurs de leur jeu comme si on les affrontait. Ils ont fait de même et on a échangé toutes nos données. Ça permet d’avoir une vision de ce que les autres peuvent observer de notre équipe. Ce point de vue, de technicien­s qui sont hors de notre championna­t, est enrichissa­nt.

F.M. : On a besoin de se confronter à ce qui se fait ailleurs pour réfléchir et voir si on est dans la bonne direction. On a voyagé aux Hurricanes par le passé, aussi en Irlande ou à Bath. Tout n’est pas transposab­le mais il y a des idées, des manières de travailler, à prendre.

L’arrêt du Top 14 fut-il un soulagemen­t ?

N.G : C’est frustrant quand on est compétiteu­r mais moins pour nous que pour l’UBB ou Lyon. Quand on est à la bagarre pour le maintien, savoir que la saison est finie et qu’il n’y a pas de descente… Notre sensation a dû être proche de celles du Stade français, Agen, Castres ou de tous ceux en bas du classement. C’était le point de départ d’autre chose. Le confinemen­t fut une opportunit­é d’avoir du repos pour les joueurs et du temps pour travailler dans le détail en ce qui nous concerne.

F.M. : L’an passé, après un départ encouragea­nt, on a raté un virage au Stade français. On avait beaucoup misé sur ce match qu’on a perdu avec des faits de jeu contre nous. La défaite a été dure à encaisser et on a enchaîné avec la réception du leader bordelais. Cela a entraîné une perte de confiance, jusqu’à exploser face à La Rochelle. Ces trois revers ont fait mal à la tête. Derrière, ce fut difficile de repartir, même si on a proposé de bons contenus à Brive et contre Clermont.

Deux matchs perdus dans les ultimes minutes, signe d’une équipe en manque de confiance…

N.G. : On a eu peur de les gagner. Tu mènes dans les trois dernières minutes et tu essayes de gérer, alors que la meilleure façon de l’emporter, à trente mètres de la ligne adverse, est d’aller marquer. Mais le groupe a trouvé les ressources pour battre Montpellie­r ensuite. On savait qu’on n’était pas loin de la vérité et le boulot a payé dans ce match « à la vie à la mort ».

F.M. : On doit aider les joueurs à mieux gérer les fins de match et on avait tenté de le faire. Ils ont montré contre le MHR qu’ils en étaient capables, en renversant les choses dans le money time. Cela a été super pour eux.

N.G. : Pour nous aussi d’ailleurs (sourires). F.M. : On avait l’impression de ne plus savoir gagner.

Comment le groupe se sentait-il à la reprise ?

N.G. : Il était content de revenir. On félicite le staff médical et de préparatio­n physique. On a respecté à la lettre le protocole médical présenté par la LNR. Pour le reste, c’était forcément bizarre mais on s’est adaptés.

F.M. : Ce qui manque aux joueurs est le rugby, donc le quinze contre quinze. Ils ont retouché le ballon la dernière semaine mais c’est différent d’une présaison normale.

Il a été écrit dans ces colonnes que des joueurs auraient émis une défiance envers le staff…

N.G. : Il n’y a pas d’histoire, donc c’est dur de donner une version de quoi que ce soit.

F.M. : Il n’y a aucun sujet, la question n’a pas lieu d’être.

Cette saison est-elle celle de la transition ?

F.M. : L‘évolution, plutôt que la transition, va continuer. La saison dernière a permis de voir éclore des joueurs et leur progressio­n doit se poursuivre, comme notre projet collectif. C’est ainsi que le groupe va grandir.

N.G. : Si une chose a été renforcée, c’est notre relation avec Fred. Partir dans un duo sans bien se connaître n’est pas forcément évident mais, aujourd’hui, on a trouvé un lien fort.

Justement, comment votre binôme a-t-il mûri ?

N.G. : Si je le résume en un mot, c’est confiance. Pouvoir bosser avec quelqu’un les yeux fermés n’a pas de prix.

F.M. : La confiance se gagne au quotidien, pour renforcer notre fonctionne­ment. C’est le plus important. Le confinemen­t nous a aussi offert l’occasion d’échanger plus en profondeur que ne le permet le rythme du Top 14. On se connaît de mieux en mieux, surtout après l’épreuve traversée l’an passé.

Le staff a fait un effort sur la baisse de salaire…

F.M. : Comme l’ensemble du club. Il n’y a pas de gloire à avoir 2 ou 3 % de plus. Les temps sont durs et on veut continuer notre métier, conscients d’être privilégié­s.

Le départ de Colin Slade doit-il permettre à Antoine Hastoy de définitive­ment s’imposer ?

F.M. : Colin fut un joueur tellement important pour la Section, le dépositair­e de l’attaque, un maillon essentiel de cette équipe. Il faut remercier un tel mec, ce fut le pied de bosser à ses côtés. Si Antoine en est à ce niveau, c’est en le côtoyant au quotidien et son départ doit lui permettre de prendre son envol et d’être un numéro 10 fort du Top 14 pour viser le plus haut possible.

Vous avez officialis­é quelques recrues, dont le deuxième ligne wallaby Matt Philip…

N.G. :

On a été opportunis­tes. Il y avait peu de turnover sur le marché à ce poste, ce qui a laissé une fenêtre de tir. On a pris contact tôt avec lui car il n’était pas au Mondial et on a réussi à le convaincre. On avait besoin d’un gros preneur de touche. Il fut le meilleur sur ce secteur en Super Rugby avant le Covid. On espère qu’il pourra vite arriver mais on n’a pas de date fixe.

Peut-on avoir des nouvelles de Jesse Mogg ?

F.M. : Il a subi une rechute à la jambe, après huit mois pour revenir à haut niveau, et suit une batterie de tests pour savoir la gravité. Il a fait preuve de beaucoup de résilience, c’est un bon mec, un vrai pro et un super joueur.

Avez-vous fixé des objectifs pour la saison ?

N.G. : Pas encore, si ce n’est poursuivre le travail sur la culture et l’identité du club. Notre présaison démarrera vraiment le 6 juillet, on le déterminer­a ensemble. ■

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Nicolas Godignon (au premier plan), entraîneur des avants, et Frédéric Manca (au second plan), entraîneur des arrières de la Section paloise ont profité du confinemen­t pour apprendre à mieux se connaître l’un et l’autre.

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