Midi Olympique

APRÈS LE COUP DE MASSUE

LES BORDELAIS ONT REPRIS LA SAISON AVEC FORCÉMENT, LE POIDS DU CRUEL PRINTEMPS 2020. ON PEUT PENSER QUE CHRISTOPHE URIOS A SU TROUVER LES MOTS POUR SURMONTER CE COUP DU SORT ET FAIRE PERDURER L’EUPHORIE DE LA SAISON PASSÉE.

- Par Jérôme PRÉVÔT jerome.prevot@midi-olympique.fr

Il est forcément difficile pour les Bordelais de se soustraire à ce sentiment d’injustice. Celui d’une équipe, première avec huit points d’avance et qui voit son élan coupé pour une raison totalement imprévisib­le. Un coup de massue terrible et qu’un titre de champion sur tapis vert n’aurait pas soigné. Ce titre 2020, les Bordelais ne se sont pas non plus battus pour le réclamer. Laurent Marti l’a admis : « Que voulez-vous que je vous dise ? Le rugby, ce n’est pas comme le foot, il y a une phase finale. Personne ne peut dire que nous aurions été champions. Si le titre s’était joué sur la saison régulière, je pense que nous n’aurions pas été rattrapés, mais avec une demie et une finale, nous aurions pu très bien être battus. » En plus l’intersaiso­n fut animée par deux informatio­ns inattendue­s, la retraite internatio­nale de Jefferson Poirot et la retraite tout court de Blair Connor. Une page s’est tournée, il n’y a plus de survivants de la montée de 2011 dans l’effectif.

Nous avons donc assisté à la reprise des Girondins, contre mauvaise fortune bon coeur, saucissonn­ée en plusieurs phases. Trois phases de trois semaines en fait. Lundi commençait la seconde phase, consacrée au rugby proprement dit, après une première consacrée à la condition physique. Sous un soleil de plomb les mots du talonneur Clément Maynadier résumaient le cruel destin de son groupe : « Écoutez, personne n’en parle. C’est derrière nous, c’est fini, mais je pense quand même qu’on s’en sert pour repartir de plus belle. »

UN DISCOURS RÉPÉRÉ ET MILLIMÉTRÉ

Lors de sa conférence de rentrée Christophe Urios avait su trouver les mots : « Oui, il nous faut accepter de reprendre les apprentiss­ages, comme après une blessure. Il faut accepter l’idée de se sentir moins bon et moins bien que quand nous avons arrêté. » Ce jour-là, la prestation du manager de l’UBB fut particuliè­rement impression­nante, conforme en tout cas à l’idée qu’on se fait du personnage, organisé, sans goût de l’improvisat­ion sinon pour quelques saillies verbales de-ci de-là. Mais son discours était répété et millimétré, soutenu par des images, des slogans et des citations projetées sur un écran, notamment de Steve Jobs, fondateur d’Apple. Un parallèle aussi avec la fabricatio­n du vin. Et puis cette idée que l’UBB serait désormais attendue différemme­nt par tous les caïds du Top 14 et ce sentiment sous jacent que l’euphorie de la saison passée aura du mal à se renouveler.

Étonnammen­t, le coach avait aussi expliqué le 3 juillet que le travail n’était pas la clé ultime d’une saison performant­e : « Oui, car tout le monde travaille. » Pour Christophe Urios, le groupe doit trouver un supplément d’âme dans le vécu commun de certaines expérience­s, d’où l’idée des fameuses sessions « Bacchus », olympiades entre petits groupes de joueurs. Une expérience étonnante selon les témoins.

Lundi, le « boss » commentait l’enthousias­me de ses hommes à retoucher le ballon, mais aussi les impératifs de la gestion des organismes. « Il faut gérer l’impatience. Il faut y aller mollo, nous n’avons pas fait de contact depuis le 12 mars. Nous ne sommes pas encore prêts pour les contacts et les coups. Nous sommes encore fragiles, chaque fois qu’on se fait marcher sur un orteil, on croit qu’on va se faire amputer. C’est tout l’équilibre à trouver entre cette envie et cette fraîcheur. » Urios expliqua aussi que l’arrêt brutal de la compétitio­n l’avait privé d’un ressenti essentiel. Celui du comporteme­nt de ses hommes lors des phases finales, le moment de vérité de la vie d’un rugbyman de haut niveau : « Avril-mai, c’est le moment où certains émergent et d’autres s’enterrent. On ne saura pas qui avait tel ou tel profil. Même si j’ai ma petite idée… » Même si certaines informatio­ns lui manquent, il a évoqué des fondations solides qui serviront forcément à ce rebond face à l’adversité. « Par rapport à la saison dernière, le groupe qui a repris était plus homogène. Les internatio­naux étaient là, les recrues aussi, sauf Ben Lam. Peu de blessés, sinon Paiva en phase de reprise. » ■

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Photo Twitter UBB Ben Botica et les Bordelais, stoppés en plein élan la saison dernière, ont repris le chemin de l’entraîneme­nt avec ambition et déterminat­ion.

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