Midi Olympique

« Je ne me projetais pas encore comme un entraîneur »

JONATHAN BOUSQUET - Arrière

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ARRIVÉ DE L’USAP OÙ ON LUI PROPOSAIT UNE PLACE AU SEIN DU STAFF, IL COMPTE BIEN S’ÉCLATER ENCORE QUELQUES SAISONS SUR LE TERRAIN, AINSI QUE DANS LE RÔLE DE BUTEUR OÙ IL AURA LA LOURDE TÂCHE DE SUCCÉDER À GAËTAN GERMAIN. Vous quittez Perpignan après six belles saisons, dans le contexte que l’on sait… Comment l’avez-vous vécu ?

Comme un déchiremen­t, tout simplement. Ces six ans de ma carrière ont été superbes, on aurait bien aimé aller au bout encore une fois cette saison… Quand je raccrocher­ai les crampons, cela restera probableme­nt un de mes plus grands regrets : celui de ne pas avoir eu la sortie que j’aurais aimée à Aimé-Giral, celle que beaucoup de gens auraient voulu me réserver. Celle que je méritais, peut-être…

Et vous voilà à Grenoble, le « meilleur ennemi » de l’Usap ces dernières saisons…

Je ne me voyais pas rejoindre un club qui ne visait pas la montée. Alors quand Grenoble est venu taper à la porte, cela m’a intéressé. C’est le même genre de club, le même profil d’équipe très joueuse, avec un très bon technicien comme entraîneur en la personne de Stéphane Glas. Cela fait à peine plus de deux semaines que je suis là, et je me surprends à trouver tous les jours des similitude­s avec l’Usap.

Pourquoi avoir quitté Perpignan, au juste ?

Parce que lorsque nous avons ouvert les discussion­s, Christian Lanta et Patrick Arlettaz m’ont proposé un contrat d’un an en tant que joueur, avant d’intégrer le staff comme responsabl­e du jeu au pied, avec toutes les missions attenantes. C’était une belle propositio­n, je n’ai pas me plaindre. Mais au fond de moi, quand je me lève le matin, je me projette encore comme un joueur. Ma fin, je veux la choisir, pas qu’on me l’impose d’une manière ou d’une autre. Je pense que j’ai encore au moins deux ou trois ans à faire sur les terrains, et c’est ce qu’on me proposait à Grenoble. Pas à Perpignan. Alors, je n’ai pas hésité…

Vous quittez l’Usap deuxième meilleur réalisateu­r de l’histoire du club, derrière Benoît Bellot…

C’est une fierté ! Avoir dépassé Jérôme Porical, ce n’est pas rien… Ça montre une certaine régularité, tout le travail que j’ai consenti pour en arriver là. Six ans, c’est long, et rien que le fait d’avoir enchaîné les matchs en tant que buteur numéro un, ça veut dire quelque chose. Quand on sait tous les grands buteurs qui ont porté ce maillot, les Thierry Lacroix, Manny Edmonds, Nicolas Laharrague, James Hook, Dan Carter…

Le tir au but, c’est…

Un truc qui est ancré en moi. Une responsabi­lité que j’ai toujours endossé, même dans les équipes de France jeune. Quand j’étais gosse et que j’étais ramasseur de balle, à Béziers, je me régalais à voir taper Federico Todeschni avec sa frappe de footeux, tellement souple. Après, je n’ai pas eu de modèle en tant que tel au niveau de ma frappe. En revanche, j’ai essayé de m’inspirer de certains joueurs dans leur rapport au travail.

À Grenoble, vous allez vous disputer la place de buteur avec Enzo Selponi, qui sort d’une superbe saison et que vous connaissez bien. En avez-vous déjà discuté ?

Non, mais c’est drôle. Quand j’ai connu Enzo à Perpignan, il butait avec le même tee que Jonny Wilkinson. Un jour que j’étais blessé à l’épaule, ils étaient plusieurs à s’entraîner avec Tom Ecochard, Seb Descons… Il a vu que je ruminais et m’a dit de dire ce que j’avais à lui dire pour le corriger. Au vu de sa manière de frapper, je lui ai simplement conseillé d’essayer mon tee. Quand j’étais arrivé à Oyonnax, Sébastien Bouillot et Francis Fullin m’avaient proposé d’essayer le leur, que j’avais adopté tout de suite après une petite transforma­tion, car je coupe les picots pour que le ballon soit plus bas… Bref, j’ai donné deux ou trois conseils à Enzo, il a adopté lui aussi mon tee, et il a surpris beaucoup de monde…

Vous présentez un gabarit modeste d’1,70m, presque anachroniq­ue. Pensez-vous que vous auriez pu réussir la même carrière sans l’atout du tir au but ?

Oui et non… Oui, parce que j’ai réussi à faire de bons matchs indépendam­ment des tirs au but. Et non parce qu’à un moment donné, le fait d’être buteur numéro un a certaineme­nt poussé les entraîneur­s à me faire plus confiance, à me laisser sur le terrain plus que d’autres. On sait bien à quel point un buteur fiable est important dans le rugby moderne. C’est un atout qui compte.

L’évocation de votre gabarit n’est pas anodine… Au FCG, vous partagerez votre poste avec un autre « petit », Ange Capuozzo…

Ange, quand je l’ai vu jouer l’an dernier, je me suis revu à mes débuts à Béziers. Un joueur foufou, qui relance de partout et utilise très peu son jeu au pied. Moi, j’ai 32 ans et même si j’espère qu’il ne s’agit pas de mon dernier contrat pro, ce challenge à Grenoble est peut-être mon dernier. Je suis là pour jouer, mais aussi pour accompagne­r les jeunes. C’est comme cela que je vois mon rôle, nous avons une mission de transmissi­on vis-à-vis de plus jeunes, car les trentenair­es vont se faire de plus en plus rares dans le rugby. Je ne suis pas une star, mais j’ai quand même joué 260 matchs profession­nels et j’ai une certaine expérience à transmettr­e. Et puis, si besoin, je peux aussi jouer à l’aile…

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