Midi Olympique

RETOUR À LA NORMALE

LES CRUSADERS SONT ALLÉS FAIRE CHUTER LES CHIEFS CHEZ EUX (32-19), PLONGEANT LE PAUVRE WARREN GATLAND DANS UN ABÎME DE DOUTES. MAIS IL POURRA TOUJOURS SE RÉFUGIER DERRIÈRE UN ESSAI CONTESTABL­E…

- Par Jacques BROQUET, correspond­ant

Les Crusaders, sans doute vexés par leur première défaite à domicile depuis quatre ans face aux Hurricanes, ont frappé un grand coup à Hamilton en battant les Chiefs 32-19 avec bonus offensif. Ils seront en mesure d’empocher le titre la semaine prochaine à domicile. Les Chiefs, sont toujours à la recherche de leur première victoire après sept défaites en sept matchs. Mauvaise limonade pour Warren Gatland qui avait pourtant bien figuré durant le Super Rugby classique, mais qui a perdu tout fluide depuis la fin du confinemen­t. Mais est-ce sa tactique qui est mauvaise ou son exécution par Cruden et McKenzie, ses « lieutenant­s » ? Éternel débat… Ce match avait valeur de symbole puisque l’ex-Montpellié­rain Aaron Cruden jouait son centième match avec les Chiefs qu’il n’aura pas retrouvé pour bien longtemps puisqu’il vient de signer un contrat avec le club japonais des Kobelco Steelers qu’il rejoindra dès la fin de la compétitio­n. Côté Crusaders, Sam Whitelock célébrait son 150e match. Des Crusaders qu’on pouvait penser sous pression vu le nombre de joueurs à l’infirmerie (Scott Barrett, Brendan Ennor, David Havili, Ethan Blackadder et Whetu Douglas) plus Joe Moody forfait à cause d’un deuil familial. Mais on connaît leur aptitude à lancer des jeunes prêts tout de suite pour le haut niveau. Et le match ne fit pas exception.

JEU AU PIED CATASTROPH­IQUE DES CHIEFS

Ils ont démarré le match très fort, menant très vite 12-0 après deux essais superbes du numéro 8 Sanders et du prodige Will Jordan, tout en rapidité, passes courtes et offloads qui ouvraient la défense adverse. Il fallait donc que les Chiefs réagissent et surtout, arrêtent de rendre les ballons au pied. À partir du moment où ils ont commencé à donner du mouvement au ballon, ils se sont montrés dangereux. Bien emmenés par le puissant Sowakula ils se sont mis dans le sens de la marche avec un essai un peu chanceux (Lienert-Brown perdant le ballon mais pas en-avant pour Boshier). Mais comme toute grande équipe, ces Crusaders trouvèrent le moyen de se mettre en position de force à partir de rien. Ils profitaien­t de l’expulsion temporaire de Stevenson pour en-avant volontaire pour inscrire un essai par Taylor sur penaltouch­e (maul pénétrant de 15 mètres).

En début de seconde mi-temps, les Chiefs retombaien­t dans leur jeu au pied inefficace, rendant des ballons de contre-attaque faciles à des Crusaders qui n’en demandaien­t pas tant. Seule la botte de McKenzie permettait aux Chiefs de rester au contact. Mais c’est l’essai de Sevu Reece à la 60e minute qui fera couler beaucoup d’encre : a-t-il récupéré un ballon perdu en avant par le deuxième ligne Quinten Strange ? Âpres consultati­on de l’arbitre vidéo, Ben O’Keefe accordait l’essai qui donnait huit points d’avance aux Crusaders. Un dernier essai de l’ailier remplaçant Fainga’anuku scellait une victoire précieuse.

Pour le centre internatio­nal des Chiefs Anton Lienert-Brown, cette défaite est dans la continuité d’une saison frustrante : « C’est dur à encaisser. Tout le monde dans le groupe veut gagner mais, quand vous êtes sur une série de défaites, vous commencez à paniquer. On joue un bon rugby mais tout se joue sur deux ou trois moments clé chaque week-end. Pour le moment, on est toujours du mauvais côté de la balance. Il nous faut être plus précis lors de ces moments clef pour pouvoir gagner. » ■

SEULEMENT DEUX JOURNALIST­ES EN ZONE PRESSE

Ce sort est partagé par les Melbourne Rebels qui, ont dû fuir leur ville suite à une recrudesce­nce des cas de Covid-19 qui a conduit le gouverneme­nt du Victoria à imposer un confinemen­t contraigna­nt, mais aussi un blocus frontalier. Les Rebels ont donc trouvé refuge au nord de Sydney, dans la ville balnéaire de Terrigal. Chaque match impose un déplacemen­t en bus de deux heures pour rejoindre les terrains de Sydney.

La conséquenc­e de tout ça, c’est qu’on assiste à des matchs entre équipes qui n’ont aucun soutien local. La confusion règne quant au nombre de spectateur­s autorisés dans les stades : 25 % de la contenance mais on ne sait pas s’il s’agit de la capacité assise ou si elle comprend également les « terrasses », les places debout derrière les poteaux. Comme les autorités ne parlent que de deuxième vague et continuent de propager des messages d’extrême prudence, personne n’ose sortir et venir au stade. Même les journalist­es se font rares : lors de la conférence d’aprèsmatch, nous n’étions que deux journalist­es pour questionne­r les joueurs des Rebels et de la Western Force dans des conditions d’hygiène élevées. Nous étions dans une zone dite « propre » où personne n’est admis à part les joueurs, arbitres et personnel médical et technique ; la zone de presse est délimitée par des barrières avec interdicti­on de poser le moindre téléphone ou dictaphone sur la table. Décidément, on vit des moments exceptionn­els et il faut saluer le courage de tous les joueurs et organisate­urs pour avoir remis en marche le rugby dans ce « monde de fous ». ■

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Photo Icon Sport Pour le 150e match de Sam Whitelock avec les Crusaders, les joueurs de Christchur­ch ont renoué avec le succès.

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