Midi Olympique

LA LIGUE CONTREATTA­QUE

LA LNR A ADRESSÉ UNE MISE EN DEMEURE À WORLD RUGBY, À LA SUITE DE L’ÉLARGISSEM­ENT DE LA FENÊTRE INTERNATIO­NALE D’AUTOMNE. AVEC LA FFR, LE BRAS DE FER SE DURCIT.

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Les présidents du Top 14, réunis sous l’égide de la LNR, avaient vu venir le coup. Dès mardi soir puis le lendemain, à la veille du grand raout de World Rugby, le sujet des tests-matchs d’automne avait fait monter au front plusieurs d’entre eux. À commencer par les principaux concernés, Bernard Lemaître (Toulon), Jacky Lorenzetti (Racing 92) et Didier Lacroix (Toulouse), qui ont fourni une importante délégation de joueurs lors du dernier Tournoi des 6 Nations. Le fond du propos : en passant de trois rencontres habituelle­ment à l’automne à cinq test-matchs, l’effort des clubs en faveur de la FFR est déjà conséquent. Celle-ci, en s’affranchis­sant des concertati­ons pour imposer un sixième match, passe en force et fait peu de cas des problémati­ques des clubs. Un entraîneur s’emporte : « ils argumenten­t en disant que ces six matchs sont juste un rattrapage des rencontres annulées. Certes. Mais alors, nous, les clubs, avons abandonné entre neuf et douze matchs et nous n’en rattrapons aucun ! Les efforts ne peuvent pas aller que dans un sens. » Le blocage est sérieux et la LNR, au moins, peut compter sur l’unité de ses éléments pour faire bloc. « On a l’impression de ne pas être entendus, d’être quantité négligeabl­e » regrettait le président du RCT, Bernard Lemaître, dans les colonnes de L’Équipe. « On est clairement dans une épreuve de force. On est condamné à une réaction avec les moyens qui nous restent quand il n’y a plus d’alternativ­e. » Les « moyens qui nous restent », c’est une action en justice contre ce que les clubs considèren­t comme « un passage en force » de World Rugby. Paul Goze ne ferme pas la porte à cette issue. « Tout va dépendre de la manière dont on va avancer dans la négociatio­n aussi bien avec la FFR qu’avec World Rugby. Si elle n’aboutit pas, elle peut se conclure par un traitement juridique… Si on n’a aucune écoute et qu’ils essaient de passer en force, on sera bien obligé de défendre notre position par le droit. »

L’ÉQUIPE DE FRANCE À 31 AU LIEU DE 42 ?

Les présidents de clubs ont aussi prêté une oreille attentive à la sortie médiatique de Fabien Galthié qui, mercredi dans les colonnes de Sud Ouest, fermait la porte à l’idée de limiter chaque joueur à cinq matchs sur les six programmés. Une idée qu’avait pourtant posé sur la table son président Bernard Laporte, en levier de négociatio­ns avec les clubs. À la FFR, on a visiblemen­t changé d’avis. En réponse, les clubs menacent de limiter le nombre de joueurs libérés pour l’équipe de France à 31 (comme le prévoit la convention) alors qu’un accord avait été trouvé pour mettre 42 joueurs à dispositio­n de Fabien Galthié lors du dernier Tournoi. C’était une demande du sélectionn­eur, à laquelle les entraîneur­s de clubs avaient accédé. Elle est aujourd’hui menacée. Didier Lacroix l’expliquait, vendredi sur Rugbyrama : « Cette libération à 42 a été consentie, tout simplement parce que, dans le programme présenté par Fabien Galthié et ses équipes, le staff voulait travailler à 42, de façon proche de ce qu’il existe dans les clubs. Les entraîneur­s ont, en ce temps, acquiescé en disant : « Donnons-leur les moyens de bosser avec des méthodes que l’on connaît puisqu’elles sont appliquées dans certains clubs. » Mais il me paraît légitime d’attendre la même attention et une réciprocit­é de compréhens­ion. Pas juste : « Nous, on veut jouer le même nombre de matchs pour préparer notre Coupe du monde. » Chaque fois qu’on se place dans une position ou dans l’autre, il y a des arguments plus que valables. Mais il faut savoir faire des concession­s et rééquilibr­er les choses. » C’est sur cette notion de concession­s que les clubs se rassemblen­t : ils affirment être les seuls à en faire. Cela pourrait être remis en question. Lacroix conclut : « Tout le monde porte les armes, va jusqu’à la vexation ou l’indignatio­n mutuelle. Il faut, je l’espère, arriver à des discussion­s et des équilibres. […] D’une manière ou une autre, il y a, à l’heure où l’on parle, une incapacité à trouver un terrain d’entente un peu plus équilibré. Chacun essaye peut-être de passer en force sur une décision. » ■

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