Midi Olympique

GALTHIÉ FACE AU RISQUE DE DIVORCE AVEC LES CLUBS

LA RÉCENTE PRISE DE PAROLE DU SÉLECTIONN­EUR FABIEN GALTHIÉ, BIEN QUE LÉGITIME ET COMPRÉHENS­IBLE, S’EST RÉVÉLÉE À DOUBLE TRANCHANT. DÉSORMAIS, IL TEMPÈRE SES PROPOS INITIAUX. EXPLICATIO­NS.

- Par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Fabien Galthié est un homme de conviction­s, ne lui ôtons pas cette qualité. Et c’est au nom de celles-ci justement que le sélectionn­eur s’est récemment exprimé sur l’épineux sujet du calendrier internatio­nal de l’automne. L’ancien demi de mêlée n’en démord pas : il tient aux six matchs qu’accorde la fenêtre élargie actée par World Rugby pour la période du 19 octobre au 5 décembre. « On a arrêté le Tournoi des 6 Nations après quatre journées, a-t-il déclaré fermement dans les colonnes de Sud Ouest. On n’a pas fait de tournée en Argentine, c’est-à-dire trois semaines d’entraîneme­nt et deux tests. On ne fera pas de rassemblem­ent au mois d’août alors que c’était prévu dans la convention. World Rugby nous propose six matchs à jouer. Cela nous amènerait à un total de dix matches. C’est ce qui était prévu sur la feuille de route de l’équipe de France. » Une position, jusque-là, en parfaite adéquation avec son président Bernard Laporte. Toutefois, elle a surpris le microcosme du Top 14 et n’a pas manqué de faire réagir. D’abord, les présidents de clubs. Ensuite et surtout les entraîneur­s (voir page 3) avec qui le staff des Bleus a tout mis en oeuvre depuis sa prise de fonction pour collaborer en bonne intelligen­ce. À croire que sur une seule sortie médiatique, Galthié a pris le risque de balayer le travail entrepris depuis son arrivée. Pour le sélectionn­eur, le risque est grand de se retrouver isolé.

« PAS DE POLÉMIQUE OU DE PROBLÈME »

D’abord, il s’est mis à dos le Top 14. Ensuite, il s’est mis en marge de son président de Fédération. Dans nos colonnes à l’issue du congrès du 4 juillet, Bernard Laporte déclarait : « Nous allons faire en sorte de trouver un arrangemen­t, notamment au niveau de l’utilisatio­n des joueurs. Peut-être qu’un joueur ne pourra pas jouer plus de cinq matchs ou quelque chose dans le genre […] Dans une situation si complexe, nous devons travailler main dans la main avec les clubs et leurs entraîneur­s. » Seulement voilà, sur ce volet, Galthié ne voulait d’abord rien entendre. Pour lui, hors de question de ne pas sélectionn­er les meilleurs joueurs à chacune des rencontres. « Moins l’équipe de France procédera à des turnovers, plus l’équipe de France sera performant­e, affirme-t-il. On a capé 29 joueurs sur quatre matchs. Le mot turnover ne convient pas à l’équipe nationale […] C’est une conviction que je ne veux pas remettre en question. »

Le propos de Galthié est sincère, sa posture compréhens­ible. Mais l’homme est aussi un fin stratège. Le timing de sa prise de parole n’a pas été choisi par hasard. Au contraire. Il a été orchestré en lien direct avec le service communicat­ion de la FFR et son vice-président Serge Simon, en charge du haut niveau. Et dans le climat qui entoure actuelleme­nt le rugby français, les mots de Fabien Galthié ont été savamment choisis, pesés avant parution. Comme pour mieux réaffirmer le lien de subordinat­ion qui existe entre la FFR et la LNR.

Dans ce bras de fer engagé par la Fédération, Fabien Galthié a tout de même beaucoup à perdre. D’abord, ses relations seront forcément plus tendues avec les clubs dans les prochains mois. Ensuite, quand bien même, le XV de France jouerait six rencontres à l’automne, la LNR menace de limiter le nombre de joueurs libérés à 31 (comme le prévoit la convention) alors qu’un accord avait été trouvé pour mettre 42 joueurs à dispositio­n du staff de Galthié lors du dernier Tournoi. Ce serait donc un coup dur pour le sélectionn­eur.

Quelle issue, alors ? Si demain, Bernard Laporte décide d’aller au bout de son idée première en acceptant une limitation du nombre de matchs pour chaque joueur, pour trouver un terrain d’entente avec la LNR, cela ressembler­ait à un camouflet pour Galthié. Sans doute est-ce la raison de son rétropédal­age, mardi dans les colonnes de La Dépêche du Midi : « Il n’y a pas de polémique ou de problème, tout ça c’est de la communicat­ion. On a toujours été transparen­ts sur nos méthodes de travail, notre projet et nos conviction­s, on ne va pas tout remettre en question et on est prêts à s’adapter. Une fois de plus le niveau internatio­nal, c’est s’adapter au chaos et s’il faut le faire on le fera. » ■

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