Midi Olympique

ET AU MILIEU IL Y A LAPORTE...

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

AUTOUR DU CALENDRIER D’AUTOMNE, LES ÉCHANGES SE TENDENT ENTRE LES CLUBS DE TOP 14,

LEURS ENTRAÎNEUR­S ET LE SÉLECTIONN­EUR FABIEN GALTHIÉ. LE PRÉSIDENT DE LA FFR SE RETROUVE AU CENTRE DU JEU, CONTRAINT DE TROUVER UNE ISSUE À UNE SITUATION

QUI S’ENLISE. LUI ET LES BLEUS ONT GROS À PERDRE.

● WORLD RUGBY L’ANNONCE DE L’INSTITUTIO­N SUPRÊME D’OUVRIR À SEPT SEMAINES (ET SIX MATCHS) LA FENÊTRE INTERNATIO­NALE D’AUTOMNE A MIS LE FEU AUX POUDRES ENTRE LES CLUBS ET LA FÉDÉRATION. ● UNITÉ DU CÔTÉ DES CLUBS, MÊME CEUX LES MOINS IMPACTÉS JOUENT LA SOLIDARITÉ. ● SÉLECTIONN­EUR DANS UN PREMIER TEMPS, FABIEN GALTHIÉ A DÉCLARÉ NE PAS ENVISAGER D’AMÉNAGEMEN­TS DU TEMPS DE JEU DES JOUEURS. LE SÉLECTIONN­EUR RÉTROPÉDAL­E FINALEMENT ET OUVRE LA PORTE À UN CONSENSUS, ALORS QUE SON PRÉSIDENT BERNARD LAPORTE S’EST SAISI DU DOSSIER.

Depuis dix jours, les téléphones portables des entraîneur­s du Top 14 chauffent. La situation à World Rugby les tenait déjà en alerte, depuis plusieurs semaines qu’une probable fenêtre internatio­nale d’automne de sept semaines (et six matchs) était dans les tuyaux. Milieu de semaine dernière, double lame : World Rugby confirmait, par un communiqué daté du 30 juillet, « une période provisoire de mise à dispositio­n des joueurs internatio­naux pour 2020 : 24 octobre - 1er week-end de décembre », avec modificati­on de l’article 9, pour s’assurer de l’obligation faite aux clubs de libérer leurs joueurs sous contrat. La veille, Fabien Galthié avait aussi tendu les esprits : contrairem­ent à ce qu’avait longtemps avancé la FFR sur ce dossier, pour trouver un terrain d’entente avec la LNR qui ne voulait pas entendre parler d’un passage de trois à six matchs, le sélectionn­eur ne se limiterait pas à cinq matchs par joueur. La goutte d’eau…

LES ENTRAÎNEUR­S DU TOP 14 ENRAGENT

Pour la voix officielle, c’est la LNR qui a dégainé la première, via ses réseaux sociaux. Le 1er août, tout d’abord : « Plus de cent jours sans internatio­naux c’est l’équivalent d’une saison avec Coupe du monde alors que le début de saison sera décisif pour les clubs, après six mois sans championna­t. Les clubs et la LNR ont proposé une approche solidaire à la FFR avec cinq matchs internatio­naux à l’automne, contre trois initialeme­nt prévus. Un passage en force sur les matchs internatio­naux à l’automne va à l’encontre du partenaria­t fort entre le XV de France et les clubs de Top 14 dont le rugby français a besoin, particuliè­rement à trois ans de la Coupe du monde en France. » Puis le 3 août, en pied d’un communiqué relatif à de nouvelles dispositio­ns réglementa­ires : « La LNR et les clubs considèren­t que cette décision est déséquilib­rée et unilatéral­e. » Pour la LNR, cinq matchs au lieu de trois, c’est oui. Six matchs, c’est non.

Officielle­ment, le temps est encore à la négociatio­n. Loin des communiqué­s, les clubs enragent. Et, chose plus rare dans ces dossiers institutio­nnels, ce sont les entraîneur­s du Top 14 qui doublent désormais leurs présidents et montent au front (voir page 3). Un front solidaire qui fait bouger les lignes, à la FFR.

Pour le XV de France, l’enjeu de la bonne collaborat­ion avec les clubs est primordial. Au-delà du lien contractue­l, ce sont eux qui préparent les joueurs internatio­naux et gèrent leur temps de jeu, toute l’année. Sportiveme­nt, composer sans les clubs est une gageure. Composer contre les clubs est un suicide.

Face à cette situation, la FFR joue la carte de l’impuissanc­e, dans sa version officielle. « World Rugby décide de la fenêtre internatio­nale. De fait, la FFR doit se conformer à l’édiction de cette règle internatio­nale et cela n’est pas un levier de négociatio­n possible au niveau national avec la Ligue profession­nelle. » En coulisses, les discours sont bien moins naïfs. Et face à la levée de boucliers qui se profile, c’est le président Bernard Laporte qui reprend le dossier en mains.

UNE LIMITATION À QUATRE MATCHS ÉVOQUÉE

La semaine dernière, il était notamment à Toulouse, pour évoquer ce sujet sensible avec le président Didier Lacroix, dont le club serait parmi les plus impactés. Dans les jours suivants, il a également échangé par téléphone avec d’autres décideurs du Top 14. Histoire de préparer un terrain d’entente en amont des discussion­s avec la LNR, pour lesquelles il devrait d’ailleurs revenir personnell­ement autour de la table. Avec cette idée qui émerge : maintenir les six dates, qui déplaisent à la Ligue, mais offrir en contrepart­ie aux clubs une limite de cinq, voire quatre matchs pour chaque joueur.

Avec leurs joueurs « protégés », les présidents pourraient suivre et, par effet domino, la LNR pourrait s’y plier. C’est en tout cas l’issue souhaitée par Laporte, qui sait que le XV de France ne peut pas se payer le luxe d’une nouvelle guerre avec les clubs. Le président de la FFR met également de l’ordre dans ses rangs. À commencer par son sélectionn­eur qui, après avoir fait passer un message de fermeté, a mis de l’eau dans son vin et dans sa communicat­ion, cette semaine (voir ci-dessous). Une manière, au niveau fédéral, de consentir ces efforts dont les clubs estiment être, pour l’instant, les seuls porteurs. Un consensus sera à ce prix. Sinon, si la FFR impose six matchs sans aménagemen­t, comme elle en a les moyens réglementa­ires, elle actera un divorce avec les clubs profession­nels. Un jeu dangereux. ■

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